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SUJET: Démocratie participative, peut-on y croire ? Conditions et possibilités. Ce lundi 04.07.2022 à 19h00 + compte rendu, schéma + analyse de présupposés

Démocratie participative, peut-on y croire ? Conditions et possibilités. Ce lundi 04.07.2022 à 19h00 + compte rendu, schéma + analyse de présupposés il y a 1 an 2 mois #1504

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Rencontres philo pour le monde d'aujourd'hui.
Tous les lundis 19h00. Maître kanter, place l'Hotel de Ville. Annemasse.


Sujet à venir : Démocratie participative : A quelles conditions peut-on croire en une démocratie où tout le monde participe ?

On peut dire que la démocratie, comme régime politique, porte en lui le projet d'un peuple qui se veut autonome, qui est soucieux de l'idée d'un intérêt général et qui se consulte régulièrement. Pour cela, il doit être constitué de citoyens libres, éduqués et que la société soit organisée d’une façon à permettre la pluralité politique, grâce notamment à la possibilité d’une information libre et gratuite et à l’existence de contre-pouvoirs.
Ces principes exprimant l’idéal démocratique sont aujourd’hui malmenés (liberté des médias confisqués par les grandes fortunes, l'arrogance du politique en rupture avec les citoyens, le dévoiement des administrations, la gestion de l'intérêt général confiée à cabinets privés, à des algorithmes, ..)

En bref, l'échange entre Marion Carrel (professeur de sociologie) et Typhanie Scognamiglio (responsable d'un centre interministériel de la participation citoyenne - vidéo ici) m'a inspiré notre sujet d'aujourd'hui :

A quelles conditions, peut-on croire en (ou penser) une démocratie où tout le monde participe ?
Distinguons dans cette discussion, trois niveaux d'échange :
1° les aspects techniques : comment est-il possible de prendre l'avis de tous ?
2° les aspects "éthiques" : selon quelles valeurs, philosophies peut-on croire/espérer en la possibilité de se gérer avec des valeurs partagées et des pratiques diverses ?
3° les aspects "humains" : de quoi l'être humain est-il fait pour croire en un tel projet ?

Un court extrait de l'échange :
Comment démocratiser la démocratie, en vue de quoi (but), de quelle finalité (horizon) ?
- Développer une pluralité de point de vue.
- Offrir un plus grand pouvoir d’agir des citoyens.
- Améliorer les politiques publiques en consultant les citoyens
- S'informer l’usage citoyen des services publics.

Mais, il y a des objectifs moins louables :
- Le politique qui cherche à légitimer ses choix en se rapprochant du citoyen.
- le citoyen qui cherche à questionner les décisions selon ses intérêts/idéologies
- Augmenter son crédit social, sans volonté d'impliquer les citoyens dans une réforme
- En bref, les dérives démagogiques, populistes et communicationnelle pour se donner bonne conscience et/ou pour tromper le citoyen.

Citations

"A chaque recul de la souveraineté populaire, à chaque disparition de la République, correspond un retour en force, franc ou dissimulé, de la justice régalienne."
François Mitterrand - 1916-1996 - Le coup d'Etat permanent, 1964

"Il y a longtemps que le vrai pouvoir n'est plus dans les urnes. Il plane bien au-dessus d'elles, dans nos institutions dont les membres ne sont pas éligibles : notre FMI, notre OCDE, notre OMC, notre banque mondiale, qui mènent la vraie marche de la planète."
Michel Piquemal - Le Prophète du libéralisme [satire] - 2005

Ressources :
- L'échange entre Marion Carrel et Typhanie Scognamiglio sur la démocratie participative. Cliquer ici.
- Le pouvoir. Une série de définitions dans Toupie (cliquer ici)
- Gouverner selon la volonté générale : la souveraineté selon Rousseau et les théories de la raison d'Etat. Article Cairn.Luc Foisneau

Règles de base du groupe
- La parole est donnée dans l'ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s'expriment le moins.
- Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
- On s'efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l'on dit avec ce qui a été dit.
- Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
- On s'attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
- On s'efforce de faire progresser le débat.
- Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

René Guichardan, café philo d'Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d'Annemasse, ici.
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Démocratie participative, peut-on y croire ? Conditions et possibilités. Ce lundi 04.07.2022. il y a 1 an 2 mois #1506

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Merci à Laurent, Nadège et autres amis pour les suggestions de ressources ci-dessous :

- Abstention : comment y remédier ? Frédéric Gilles, "La promesse démocratique". Fondation Jean-Jaurès. Cliquer ici.
- Le documentaire Belge :La loi, la liberté.
- La démocratie sanitaire. Une intervention de Barbara Steigler. Cliquer ici.
- Qu'est-ce que la démocratie ? Pierre Rosenvallon. Intervention de quelques minutes, ici.
- Cornelius Castoriadis – Quelle démocratie ? Cerisy 1990.
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Démocratie participative, peut-on y croire ? Conditions et possibilités. Ce lundi 04.07.2022. il y a 1 an 2 mois #1509

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Un compte rendu du sujet : Démocratie participative, peut-on y croire ? Conditions et possibilités.

Nous étions 8 ou 10 personnes, et le débat a été plutôt « constructif »…

En résumé (sous formes de schémas), nous voyons qu’une démocratie se trouve contrainte par plusieurs conditions, sur plusieurs niveaux, lesquels génèrent autant de vertus que de possibles dérives :


Les références du cours de Pierre Rosanvallon : Démocratie simple & Démocratie complexe. (Collège de France "hors les murs".Octobre 2011)
- 1/3 L'indétermination démocratique
- 2/3 Les pathologies de la démocratie
- 3/3 Compliquer la démocratie pour l'accomplir

Ci-dessous, l'analyse d'un argument entendu lors de notre débat.
Question de fait, de constat, de jugement ou d’interprétation : des exemples qui posent question ?

Un participant défend l’idée que, pour agir en politique : "il faut choisir son parti et être accepté par ses membres. En cela, il n’y a pas de liberté, mais une obligation de conformité et d’appartenance au groupe."

Question du modérateur : Quelle explication donnez-vous à cette situation de fait ?
Réponse : C’est pareil pour les clubs, associations, églises, soit vous en faites partie, soit vous êtes « exclus ».
Même question du modérateur : quelle conclusion en tirez-vous, comment interprétez-vous ces situations de faits : il n’y a pas de liberté, mais des conditions de conformité au groupe et d'appartenance pour y être accepté. Quelle idée fondamentale en tirez-vous ?

Commentaire du modérateur
Il y a ici une limite et personne ne trouve aisé d’y répondre. Pourtant, la question est appréciée, car elle se pose et elle ouvre sur l'idée philosophique que chacun se fait, à son insu ou délibérément, de l'être humain : que faut-il comprendre de cet état de fait, comment est-il établi, que dit-il de l'être humain, quelle conclusion peut-on tirer de cette inclination à une conformité de l'être humain au groupe ?

En philosophie, on peut faire référence aux questions du déterminisme vs la liberté, à la question des identités et de l’ontologie. Plus généralement, il y avait la question de l'autorité (typologie de l’autorité, Arendt, Weber), la question du pouvoir (Hobbes, Rousseau, Foucault) et les questions adjacentes : peut-on renoncer au pouvoir ? Toute relation n'est-elle qu’une question de pouvoir et d’influence, tout pouvoir entraine-t-il un abus de pouvoir ? Etc…

Analyse sur le plan des habilités cognitives,
On peut questionner un ou deux présupposés liés au conformisme observé dans les groupes : lorsqu’on est dans un groupe, n’avons-nous plus de liberté ?
> Mais, et dans notre cas, la réplique est quasi immédiate : Oui, mais cette liberté va être contrainte ou cela va prendre du temps de changer les choses : donc, il y a pas de liberté, ou seulement à la marge, ce qui est insuffisant pour changer les choses ou pour se considérer comme étant libre. Ainsi, nous observons que questionner le présupposé d'une proposition ne remplit pas nécessairement un rôle suffisant de "prise de distance" attendu. Au contraire, son auteur peut en renforcer l'idée et mieux l'étayer. Derrière le premier présupposé, il y en a d'autres, et ils sont souvent agencés comme une architecture. (Voir message plus bas : les jugements catégoriels).
Autre présupposé : peut-on agir en politique seulement via des partis ?
Mais ce n'est pas le présupposé le plus pertinent par rapport à l'idée générale que veut soulever ce participant, celle des déterminants sociologiques/culturels et psychologiques des groupes sociaux. De fait, dans le registre de ces disciplines académiques en sciences humaines, la question des déterminants est largement documentée.
Toutefois, en dépit des déterminants reconnus, nous savons qu’il reste des marges de liberté, sinon, la vie et l’univers se réduiraient à des mécaniques complexes et prévisibles (déterminisme causal de Pierre-Simon Laplace). Par ailleurs, si l'on reprend à son compte des généralités en "sciences", est-ce encore de la science ou des opinions communes travestissant la raison scientifique ?
Au niveau des disciplines scientifiques, comme au niveau de l'opinion individuelle, aussi surprenant qu'il apparaît depuis la crise Covid, des "convictions" se forment pour ne creuser que le sillon qui renforce certaines hypothèses, mais au détriment de toutes les autres, comme si la science devenait matière à croyance. Par exemple, l'approche en médecine dite "Evidence Based Medecine", qui repose beaucoup sur des datas, s'oppose à des approches plus empiriques et qualitatives. Fondamentalement, ces deux approches peuvent et doivent être complémentaires, car elles n'éclairent pas le même type de réalité.

Sur le plan épistémologique, on peut se demander si ces situations d’exemples sont comparables entre elles ? En effet, par principe, on ne peut comparer que des choses équivalentes entre elles. Or, toutes les études cliniques sont limitées par leur contexte et produisent des résultats contradictoires, précisément car elles ne sont jamais comparables entre elles. Et elles ne le seront jamais, car chaque être humain est unique, de même que sa maladie et les réactions de son système immunitaire. Mais jusqu'où peut-on faire le calcul de la balance risque au niveau statistique, et sans prendre en compte la singularité du patient ? La question vaut la peine d'être posée en "médecine" en particulier ou les enjeux éthiques, financiier, de vie et de mort atteignent des sommets.
Dans le cas des déterminismes liés au conditionnement social, les groupes politiques sont-ils comparables aux groupes religieux et/ou celui des associations civiles ? Ces groupes ne répondent pas des mêmes sociologies, ils n'évoluent pas selon les mêmes lignes d'influence. La prudence invite à ne pas les rassembler tous comme un même ensemble. Ils répondent à des déterminations, certes, mais jusqu'à quel degré ? Autrement dit, peut-on tirer une conclusion définitive sur le déterminisme de l'être humain à partir de situations d'exemples très disparates, mais que l'on rassemble pour défendre sa cause (biais de confirmation) ? En effet, dans la course aux "contre-exemples", on pourrait en trouver tout autant qui défendent la liberté irrépressible de l'être humain et des groupes sociaux, que d'autres qui estiment que l'être humain doit être "contraint" et "contrôlé".
En sciences humaines, il n'existe pas une seule théorie qui ne comprenne sa contre-théorie, et ce n'est pas une question de "contradiction" où une théorie contredit ce que l'autre avance. Dans quasiment tous les cas, les théories ne sont pas "contradictoires", elles portent sur des observations différentes (ex. la sociologie de l'acteur, Touraine vs celle de classe, Bourdieu) et chacune donne lieu à des conclusions différentes, mais pertinentes par rapport à leur angle de vue. En conclusion, les exemples doivent être examinés comme des situations particulières de sorte que la théorie mobilisée reste pertinente par rapport au problème soulevé.

Enfin, et cela semblait être le cas pour ce participant, on peut s’interroger sur la valeur des comparaisons : peut-on comparer des choses différentes entre elles pour en tirer une généralité conclusive, à savoir : tout groupe comprend ses formes de déterminismes, il ne peut en être autrement (adaptation, inertie, conformité), d’où la conclusion présupposée : aucun groupe humain ne peut changer.
Ci-dessous, l'analyse d'un argument sur la question du jugement.
Dernière édition: il y a 11 mois 2 semaines par René G..
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Démocratie participative, peut-on y croire ? Conditions et possibilités. Ce lundi 04.07.2022. il y a 1 an 2 mois #1511

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Modération à propos d'une question sur le jugement

Un participant déclare que les politiciens sont « arrogants », réponse instantanée d’un autre participant : « C’est ton point de vue, c’est un jugement. »

Question de modération :
Dénoncer l'arrogance des politiciens, est-ce un jugement ? Par conséquent, ce type de jugement est-il invalide, car subjectif, partial ? D’autre part, est-il interdit de « juger » dans un café philo ?

Creusons un peu : est-ce un jugement, est-ce un constat ?
Une définition de l’arrogance : Qui manifeste de l'arrogance (Le Robert).
Attitude qui se manifeste par des manières hautaines, blessantes ; morgues. (Larousse)

C’est donc une attitude ou un comportement qui produit des effets (blessant) par des manières d’être (hautaines, méprisantes)
Des symptômes d'une personne arrogante peuvent être : de l’intolérance envers les personnes différentes, une incapacité à imaginer d'autres points de vue, l’expression de critiques très dures envers des personnes dépréciées.

On voit ainsi que, par ce jugement, il s’agit de « qualifier des comportements (manières d’être). L’arrogance peut être objectivée comme un fait, puisqu’il s'observe, se décrit. Il s’agit certes d’un jugement, mais il ne porte pas sur l’identité d’une personne (la nature de son être, de son identité ontologique) ni il ne se réduit à un jugement de valeur (il est bête, méchant...), il porte sur des attitudes qui se « décrivent » et dont on peut observer les « effets » sur autrui.

On voit également qu’il s’agit d’une question d’interprétation.
Ce qui est décrit par des « comportements » est-ce bien de l’arrogance ou seulement une apparence d’arrogance ? Ainsi, les personnes qualifiées d’arrogantes pourraient être humbles, respectueuses, affables "intérieurement" dans leur vie privée, bien que cette hypothèse soit peu probable. Cela dit, le comportement apparemment "hautain" peut relever d'une expression de colère, d'une posture altière ou encore, motivé par jeu de rôle convenu sur la scène publique et l'arène politique. Rien n'interdit de penser qu'il y a méprise sur la question de l'interprétation des signes apparents d'un comportement.

En conséquence, on peut qualifier des personnes (un groupe d’individus, ici, des politiciens) d’arrogants, puisqu’il est possible de décrire ce genre de comportement chez eux. Certes, il est possible qu'il y ait erreur d'interprétation et que leurs comportements puissent être qualifiés autrement (excédés, bons comédiens..) parce que mal perçu du public, des médias. Mais peut-on en savoir davantage et trouver d'autres repères permettant d'orienter notre jugement ?

Quelques exemples où l'arrogance pourrait relever d'une interprétation erronée
- Le style de communication descendante que l’élu adopte en général, est-ce de l’arrogance ou l’usage qui convient à son rôle ?
- La liberté d’expression que l’élu affiche au nom de la démocratie, est-ce de l’arrogance ou de l’assurance ?
- L’usage des prérogatives que l’élu s’accorde, est-ce de l’arrogance ou le droit qui lui revient ?
- Les invectives que se lancent les politiciens, est-ce de l’arrogance ou le jeu ordinaire de la politique ?
- Présenter ses choix (avis/opinions) comme étant les seuls qui vaillent par opposition systématique à ceux de ses opposants que l’on discrédite par tous les moyens, est-ce de l’arrogance ou de simples rapports de force, convenus en politique ?

Réponse à la question : pour orienter notre jugement, il suffit de revenir à la réalité, d'examiner les actes, leurs causes, leurs effets, les fins visées. Mais nous ne nous y attarderons pas pour cet exemple-ci. Il s'agissait simplement de poser quelques éléments structurant notre pensée : savoir revenir au réel et à la profondeur suffisante d'analyse pour interpréter la situation du réel en question. Mais allons plus loin : quel est l’enjeu de la dispute ?

Deux grands enjeux, ceux de la philosophie et ceux de "participants".

Sur le plan philosophique et celui des habilités cognitives :
Il importe de distinguer le jugement sur les personnes (émis par colère ou résultant d’un affect, d’un contentieux…) et la qualification d’un comportement qui, lui, s’objective, se décrit.
En effet, dans le premier cas (juger des personnes relève d’un affect privé) et ne demande pas à être commenté dans un café philo. Dans le second cas, il s'agit d'un jugement catégoriel : des critères sont définis pour qualifier d'arrogance une typologie des comportements. Le propre du jugement catégoriel consiste à ranger sous des concepts des observations dont on précise les caractéristiques. On ne peut en effet élaborer une pensée structurée sans la référer à des régularités, à des normes, à des typologies, à des règles de la pensée. Ces dernières sont plus ou moins conscientes et plus ou moins bien circonscrites sur le plan des concepts. Cette seconde forme de jugement se discute car qu’elle contribue directement à structurer sa pensée, à s’orienter en elle. (Voir, idéalement, Kant et sa table des catégories de concepts purs). La pensée philosophique se discute précisément à ce niveau d'élaboration des concepts, bien qu'elle puisse prendre en compte le moindre stimulus perçu par notre système neuronal (philosophie de la perception, Merleau-Ponty).

Certes, il est possible qu’il y ait des exceptions dans les jugements catégoriels, c’est quasiment le cas pour toutes les « généralités », mais l’exception n’infirme pas la règle générale.

Enjeux sur le plan des participants en dispute :
Pourquoi trouve-t-on souvent des participants qui « défendent » les politiques (on leur trouve l'excuse qu'ils ne peuvent pas faire autrement, éventuellement on se résigne : il n'y a rien à faire), tandis que d’autres trouvent qu’ils sont insupportables, compte tenu qu’ils ne rendent pas compte de leur prise de décision. J'écarte ici ceux qui critiquent le politique uniquement par esprit de contradiction ou pour mettre en avant leur propre programme.
Pour les résignés, il est possible qu’il y ait là le thème sensible du référent à ce qui fait « autorité » pour soi : si on ne peut plus faire confiance à l’autorité (le médecin, le scientifique, l’élu, le prêtre, le prophète, le psychanalyste, etc. c'est selon), envers qui / quoi pouvons-nous nous retourner ? A qui peut-on se référer ? (Existentialisme, Sartre)
On le voit, l'enjeu fait écho à la crise générale que notre monde traverse, il est presque "impossible" de questionner les pratiques de ceux dont on estime être en charge de notre société, ceux qui devraient en être les garants.

Ci-dessous, une proposition se rapportant à l'analyse d'une interprétation.
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Démocratie participative, peut-on y croire ? Conditions et possibilités. Ce lundi 04.07.2022. il y a 1 an 2 mois #1512

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Situation d’interprétation dans notre débat portant sur le dispositif interministériel de la participation citoyenne

Le dispositif interministériel de la participation citoyenne est-il démagogique, vise-t-il à manipuler l’opinion publique ou témoigne-t-il de la sincérité du gouvernement à offrir aux citoyens un plus grand pouvoir d'agir, à mieux se concerter avec lui ? Il y a eu dispute à ce propos.

Dans la vidéo de l’échange entre Typhanie Scognamiglio (responsable du centre interministériel - en charge directe de la prise de commande du gouvernement) et Marion Carrel (professeure de sociologie) (voir ici), on observe que la professeure de sociologie souligne autant les potentialités vertueuses du dispositif que ses dérives possibles. Mais, et de son côté, Typhanie Scognamiglio est tenue d’exécuter la commande du gouvernement, de la cadrer. Il ne lui est pas demandé de la commenter ni de l'évaluer du point de vue de l'intérêt général du citoyen. Elle encadre précisément un cahier des charges, elle l'administre.

De leur échange, peut-on juger de l’usage que fait le gouvernement de cette « administration » ? Est-il neutre, au service d’une démocratie participative ou instrumentalise-t-il le dispositif à ses propres fins ?

En effet, le dispositif interministériel ne peut et se doit de répondre que des commandes du gouvernement, or on ne voit guère quel citoyen (associations civiles, chercheurs, expertise universitaire indépendante) interagir ou coopérer au cahier des charges de la commande du gouvernement.
De fait, on peut douter de la volonté du gouvernement d’ouvrir notre démocratie à davantage de participation.

Mais dans le « feu » vivant (et néanmoins courtois) du débat, l’intensité du moment ne permet pas d’examiner plus avant la question. C’est comme si nous n’étions pas prêts à faire l’état des lieux, soit parce qu’il nous manque des informations sur le fonctionnement de ce ministère, soit parce que les enjeux, les affects semblent sur le moment, trop agités.
> Se pose la question de comment chacun nourrira sa réflexion après le débat, et prendra du recul par rapport à ses positions.
> A ce propos, par rapport à quel autre référent prenons-nous du recul, par rapport à quelle recherche, quel savoir, quelle source d'information apprenons-nous à nous distancier de notre propre pensée ? In fine, à quelle inclination obéit notre pensée, par quoi se laissse-t-elle conduire ? C'est à ce niveau méta que se pensent les concepts de la raison philosophique (la raison transcendentale).

Mais revenons à un étage plus bas, supposons, qu’il y ait une instance « citoyenne » (comme celle pour la Convention Citoyenne pour le Climat), on peut à chaque fois faire l’examen de la volonté du gouvernement : tend-il vers davantage de démocratie participative ou, au contraire, en dévoie-t-il l’usage ?

Jusqu’à présent, le gouvernement Macron, en témoignent les crises que nous traversons (gestion covid par des cabinets privés, gouvernement par ordonnance, violence policière, affaires multiples, abstention des électeurs, reconduite du cercle des fidèles de Macron en dépit des remaniements du gouvernement, etc), rien ne nous permet d’accorder à notre gouvernement notre confiance, ce qui pose la question de celles/ceux qui continuent à prendre sa défense, sous prétexte que tout s’interprète, et que toute interprétation ne serait que purement subjective.
La suspension de notre jugement, le doute permanent, mais non structuré, font-ils le jeu d'une stratégie d'évitement lorsqu'on préfère ne pas s'interroger ? Témoignent-ils d'une peur qui fige la pensée sur ses positions ? Jusqu'où doit-on s'abstenir de tout jugement ? En raison de quel doute peut-on justifier la suspension de son jugement ?

Une interprétation se construit sur plusieurs registres, dont il est possible de faire l’examen :
- les faits mis en contexte et leur vérification.
- les causes et les finalités visées a priori, et telles qu’elles sont annoncées par les auteurs
- les leçons, les effets et les conséquences observés a posteriori, et tels qu’ils sont relevés dans les faits, dans les discours.
- Enfin, qu'observe-t-on des pratiques du gouvernement ? Apprend-il de ses erreurs ? Mesure-t-il la distance entre les décisions qu'il prend et les effets qu'elles ont ? Incline-t-il à rendre compte de ses erreurs, montre-t-il qu'il se remet en question ? Témoigne-t-il du fait que l'intérêt général du citoyen demeure sa priorité et qu'il se soumet à une critique argumentée de celle-ci ?

Les réponses à ces questions permettent d'estimer le degré de sincérité et d'honnêteté du gouvernement en place.

Ci-dessous, une proposition se rapportant aux structures organisationnelles de notre pensée.
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Jusqu'où remonter dans les présupposés qui organisent notre pensée ?

Si, dans le cours d'un débat, l'on n'a pas une conscience immédiate des présupposés qui structurent notre pensée en arrière-plan, on peut, en examinant nos énoncés, en déduire quelques-uns. Exemples : A-t-on le droit de refuser la vérité ?
Le sujet présuppose qu'il existe une vérité et qu'il est possible de la refuser.
Mais, derrière les questions de vérité, les possibilités de la questionner, s'organise nécessairement une architecture de références plus ou moins bien articulées. En effet, nulle pensée ne vient de nulle part. Chacun peut l'admettre, qu'il soit conscient ou pas de cette architecture ou des "déterminants" qui organisent sa pensée. La question se pose : jusqu'où pouvons-nous remonter dans le cheminement articulant nos pensées ?

Une introspection élémentaire permet d'accéder à un niveau immédiat d'association d'idées (Humes) ou d'arguments bien construits et réfutables (Popper). Dans le champ d'une recherche, chaque élément doit être situé et, selon les disciplines (sciences humaines et/ou physiques), toute discipline demande de justifier les propositions (des postulats, des axiomes, des principes, les lois, des théories, etc...) à l'appui desquelles se construit notre raisonnement. (Dewey : Comment pensons-nous ?). Or, et chacun peut l'admettre, personne ne sait tout et, nécessairement, tout énoncé, scientifique, informel ou intuitif est partiel, toute synthèse s'origine à partir de quelques éléments de propositions et de connaissance, l'ensemble ne couvre jamais qu'un horizon de savoirs délimités. En somme, l'humilité devrait aller de pair avec cet état de fait : personne ne sait tout, nous sommes des "apprenants", tandis qu'un collectif rassemblant une somme de savoirs, ne rassemblera jamais qu'une partie d'entre eux, et ceux ne correspondant qu'aux connaissances du moment.
Ci-dessous, le schéma de Dan Sperber et d'Hugo Mercier (L'énigme de la raison) décrit différentes étapes par lesquelles les pensées se forment dans notre conscience.



La question qui se pose à la suite de notre réflexion est : quelle architecture élaborer pour orienter son jugement de sorte qu'il soit pertinent par rapport à la réalité qu'on observe et par rapport aux buts que l'on vise. Ces derniers peuvent être en rapport à la pédagogie, à la didactique de la philosophie ou encore par rapport à la politique, et toute autre discipline ou pratique artistique, professionnelle, etc. ). De fait, toute architecture oriente vers quelque chose ou se perd dans quelques méandres de notre conscience.

Dans le schéma suivant, il s'agit d'une proposition structurante d'organisation de notre pensée. Ainsi, cette structure en triangle pointe trois sommets à articuler :
- le logos : qui fait référence à la raison, à la logique
- l'éthos : qui est en rapport à des valeurs, à une éthique
- et le pathos : qui fait référence au corps, au ressenti, aux impressions et à l'esthétique (le sentiment du beau, du laid)

Il s'agit d'une proposition "structurante" qui peut servir de repères à l'organisation de sa pensée :
- jusqu'à quel point une chose est vraie ?
- de quelle manière, construit-elle un ethos ?
- et de quelle manière, inspire-t-elle un sentiment ?


Observons que le questionnement de nos présupposés, s'il est poussé aussi loin qu'on le peut, conduit à "philosopher" sur les concepts/paradigmes organisateur de nos pensées, que ceux-ci soient pensés délibérément, intuitivement, qu'ils soient cohérents ou pas, conscients ou inconscients. La construction de propositions structurantes, comme ici ce triangle qui peut évoquer la triade platonicienne : le vrai, le bien, le beau permet de s'orienter dans la pensée en considérant différents types de repères, cette triade compense en partie les limites que nous rencontrons par chacun de ses sommets. Cette triade peut également se rapprocher de la philosophie kantienne :
1° Logos : que puis-je savoir ? (Les limites de la raison)
2° Ethos : que puis-je faire ? (Critique de la raison pratique, universalisation de la maxime de sa pratique)
3° Pathos : que puis-je espérer ? (Critique de la faculté de juger, de l'esthétique, du beau et de l'agréable).

Question finale : à quoi se heurtent les limites de notre questionnement, alors que la possibilité nous est toujours donnée de le clarifier ? Il y a là une limite qui est à questionner : pourquoi posons-nous un holà (c'est comme si) alors qu'il reste toujours possible de s'orienter dans la pensée en raison des causes que l'on analyse, des buts que l'on vise, des moyens que l'on met en oeuvre et des effets dont on peut mesurer les conséquences ?
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