Bienvenue, Invité
Nom d'utilisateur: Mot de passe:

»

  • Page:
  • 1

SUJET: Sujet libre ce lundi 03.10.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu : l'intérêt privé s'oppose-t-il à l'intérêt général ?

Sujet libre ce lundi 03.10.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu : l'intérêt privé s'oppose-t-il à l'intérêt général ? il y a 5 mois 2 semaines #1563

  • René G.
  • ( Administrateur )
  • Portrait de René G.
  • Hors ligne
  • Modérateur
  • Des problèmes avec le site ? contactez-moi. Merci.
  • Messages: 1342
  • Remerciements reçus 48
Rencontres philo pour le monde d'aujourd'hui, tous les lundis à 19h00
chez Maitre Kanter, place de l'Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE


Ce lundi 03.10, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l'attention des participants présents.
- On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d'éthique que nos propositions soulèvent. C'est là où on commence à philosopher vraiment.
- De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d'explications sur la philo dans les cafés philo, ici)

- Nous avons remarqué que, lorsque des participants s'impliquaient dans les questions qu'ils posaient et, parfois, lorsqu'ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle ils pensaient déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
- Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s'inscrit dans une démarche première en philosophie.
- La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l'inscrire dans l'agenda et de l'introduire en une poignée de minutes le jour venu.
Le compte rendu du sujet de la semaine passée est ici: La peur est-elle à l’origine de nos comportements ? Suggéré par Marie-Thérèse.
Règles de base du groupe
- La parole est donnée dans l'ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s'expriment le moins.
- Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
- On s'efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l'on dit avec ce qui a été dit.
- Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
- On s'attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
- On s'efforce de faire progresser le débat.
- Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

René Guichardan, café philo d'Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d'Annemasse, ici.
> Lien vers le forum des problématiques de notre temps (écologie, guerre, zoonose, démographie et philosophie.
- Lien pour recevoir notre newsletter Cliquer ici, puis sur Rejoindre le groupe.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)
Dernière édition: il y a 5 mois 2 semaines par René G..
Merci de vous enregistrer pour avoir accès à cette page, ou de contacter l'administration.

Sujet libre ce lundi 03.10.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse. il y a 5 mois 2 semaines #1565

  • René G.
  • ( Administrateur )
  • Portrait de René G.
  • Hors ligne
  • Modérateur
  • Des problèmes avec le site ? contactez-moi. Merci.
  • Messages: 1342
  • Remerciements reçus 48
Compte rendu du sujet du 03.10.2022.
L’intérêt privé s’oppose-t-il à l’intérêt général ?
Suggéré par Reginald

Nous étions 8 personnes environ et une proposition est formulée sous la forme d’une question pratique : je n’ai pas envie de baisser mon chauffage (parce que j’aime mon confort), néanmoins, je souhaite rester solidaire de la société, comment faire ?
L’idée générale de la question étant :
L’intérêt privé s’oppose-t-il à l’intérêt général et/ou à l’idée du bien commun ?
> Intérêt général et bien commun n’ont pas été clairement différenciés lors de notre débat, toutefois, ils se sont bien distingués dans la discussion et les questions qui ont suivi.

Quelques grandes questions sous-tendues lors du débat
1° Peut-on réduire l’idée du bien commun qu’à des valeurs marchandes ? Par exemple, peut-on considérer que l’eau, l’air, la nature, la biodiversité, etc ont un prix ?
> Une réponse : On sait que les conséquences de leur non-préservation se comptent déjà en millier de morts par année (pollution, zoonose, inondation, méga feu, etc, …), leur prix est d’ores et déjà un coût humain, c’est-à-dire, une valeur de « vie », pour l’ensemble du vivant et de la biodiversité. Ce n'est donc pas une valeur "comptable" (sur laquelle on peut s'entendre pour lui donner un prix).
Ps : réponse par avance pour les ultra-libéraux, les libertariens : le prix que fixe une compagnie assurance pour une vie est une compensation, ce n'est pas la valeur d'une vie réduite à un prix, laquelle, par définition, est unique. Elle ne peut donc trouver d'équivalent matériel ou financier.

2° L’éclairage public est-il un « bien commun » ? C’est plutôt un « bien public » rendu commun (car partagé par une communauté). Comment mieux distinguer bien commun et bien public ?
Une réponse : les biens naturels (non créés par l’être humain) sont communs, ceux issus de la société (par les coutumes, les lois, les techniques) sont « publics ». (Ref. en bas de page)

3° La justice, le respect sont-ils des « biens communs » (des valeurs structurantes qui dessinent un commun à toute société) ? Si oui, peut-on y ajouter l’éducation, l’information et Wikipédia ? Ces éléments sociaux structurants doivent-ils être pensés comme des « biens communs », au même titre que les forêts, en ce sens que l’éducation et l’information sont indispensables à un vivre ensemble ? Wikipédia, de son côté, est le produit d’un travail collectif fournit volontairement et gratuitement, c'est donc tout à la fois un bien commun et un bien public.

De fait, on observe que, sans valeur en partage de « biens communs », de « biens publics » et de biens humains, c’est le lien social et l’idée même de société qui se délitent. Mais où sont les zones grises (les intermédiaires) à mettre en discussion ?

Les questions qui découlent de ces trois grands axes (bien commun, intérêt général et biens humains)

- Comment circonscrire les zones claires et grises de l’idée du bien commun ?
Par exemple, selon quelles conditions et selon quelle équation (intérêt privé/intérêt général/bien commun) peut-on exploiter une forêt ?
En effet, la ressource bois est « naturelle », elle est utile à tous, c’est donc un bien commun.
Or, l’intérêt privé d’un exploitant industriel du bois déborde sur l’intérêt public. Question : peut-il en capter les ressources seul, et sans autre considération pour les autres humains ? Non, n’est-ce pas ?
Ainsi, on s’accorde sur le fait que le privé, le public et le commun doivent être « durables » pour tous, de sorte que chacun y trouve des valeurs en partage : une réjouissance, un développement, un sens. Autrement dit, que chacun y trouve des valeurs d’appartenance et d’attachement pour prendre soin des communs dans l'intérêt de tous.
Question qui se pose : Quelles modalités d'arbitrage opérer entre le privé, le public et le commun pour que l’environnement soit durable et enviable pour chacun ? En effet, question méthodo, une fois l’horizon d'un commun établi, on peut travailler à la mise en œuvre de l’idée. Par exemple, comment organiser organiser la négociation entre les différents partis : privé, commun, public ? Quel suivi, quel correctif adpoter selon les conséquences, etc.

Même question pour le bien public, comment penser les transitions/négociations entre le privé et le public : le littoral appartient-il à tous les publics ou seulement à ceux qui peuvent se l’accaparer ? (Voir la loi du littoral, celle des parcs naturels ou celle des patrimoines de l’humanité, UNESCO qui résultent d'une évolution de la loi qui repense le privé en bien commun ou public)
Les grands exploitants de l’énergie (charbon, gaz, pétrole…) doivent-ils se réserver leur manne, alors que leur mode d’exploitation met en jeu la vie de tous les vivants (humains et non-humains) sur toute la planète ?
- Question : l’énergie doit-elle appartenir à tout le monde ou seulement à ceux qui peuvent se l’offrir ? Idem pour les ressources premières (cuivre, métaux rares), qui sont des « biens naturels » (non-produits par l’homme), mais seulement transformés par lui.
- Question générale : Peut-on concevoir que ce qui impacte la vie de tous les humains, mais aussi la biodiversité et l’environnement dans son ensemble, soient confisqués par quelques-uns ? Autrement posée : à qui ces biens doivent-ils appartenir pour qu’ils bénéficient à toute l’humanité (au moins aux citoyens d’un pays dit démocratique) ?

Autres questions qui touchent à la justice sociale
Quand on demande à la population de baisser d’un degré son chauffage, ce degré n’a pas la même valeur pour tous. Ce qui pose la question d’une justice sociale dans un monde qui impose des contraintes sur un mode « descendant », « autoritaire », policier et qui est le langage du politique aujourd’hui. Politique, dont on doute tout autant des compétences que de son souci à soutenir l’idée d’un bien public et d’un bien commun au bénéfice des populations (délitement des grandes entreprises nationales, EDF, GDF, Areva, ect, au profit du capitalisme financier + non-respect des conventions pour l’environnement).
Comment départager l’effort demandé à chacun (entre les niveaux de richesse, de classe sociale, entre les régions d’un pays, les entreprises, les centres urbains, les campagnes) pour contribuer à l’intérêt général et à l’idée d’un bien commun et d’un bien public dans l’intérêt de tous ?

Hiérarchiser les besoins ?

Dans le cadre d’une gestion de l’énergie, comment hiérarchiser les besoins selon l’idée d’un bien commun, de sorte à créer une société qui a du sens ? Par exemple, les besoins premiers (alimentaire, air, eau) sont-ils moins premiers que l’habitat, la liberté de se déplacer, le transport des marchandises ?
Autres exemples :
> Les besoins premiers ci-dessous, seraient-ils moins « premiers » (voire moins nécessaires) notamment en démocratie que :
- ceux d’une justice pénale et administrative qui serait plus indépendante des pouvoirs publics ?
- celui d’une éducation plus égalitaire (et qui serait moins sélective et plus universelle) ?
- celui d’une justice sociale (redistribution de l’impôt, des services publics) qui serait plus équitable ?

Des questions-problèmes qui ont été posées lors de notre débat
Le progrès/l’innovation, la finance et la supposée théorie du ruissellement sont-ils les nouvelles religions/croyances qui discriminent les populations ?

En effet, un élu, nouveau venu dans notre débat, a estimé que les gens avaient peur et qu’ils n'avaient pas confiance aux grands projets structurants du marché, par exemple, celui du marché de l’EDF.
Personnellement, je m’étonne, sans être surpris, qu’un élu considère que les gens ont peur et qu’il justifie le démantèlement d’EDF au profit du marché financier, dont les citoyens ne comprendraient rien. Alors que le marché financier, tel qu’il est pensé aujourd’hui, délite toutes les valeurs du « commun » (ref. Jancovici plus bas). Faut-il rappeler que ce sont les politiques, par leur choix, qui font les lois, y compris celles qui contraignent les banques, les marchés financiers, les banques, l’industrie alimentaire, chimique, pharmaceutique, mais aussi la recherche fondamentale de même que, l’industrie militaire et la vente des armes ? Comment ne pas voir leurs responsabilités et, dans le même temps, leur incompétence, leur flagornerie et la corruption systémique engendrée par les lobbys et par la concentration des conflits d’intérêts ?

Autres questions pratico-pratiques :
- Le confort de l’un doit-il empêcher le confort de l’autre ?
- Qui définit les oppositions et les délimitations du commun et du privé, et qui les fait appliquer ?
- Comment font les gens qui ne peuvent pas se chauffer au minimum ?
- L’intérêt public de Bil Gates, ce sont des programmes de vaccination pour tous et pour toutes les maladies. Or, il a les moyens de sa politique (financement, fondation, médias et rubriques fake news, Gafam, OMS, forum Davos, liens avec les responsables politiques, etc), doivent-ils penser l’intérêt public dans la sphère de leur pré-carré ? (Voir référence plus bas à Laurent Mucchielli)

- Le court terme et le long terme doivent-ils s’opposer quand il s’agit de prendre des décisions structurantes sur le long terme ? Question : Comment contraindre les multinationales, le politique et les entreprises moyennes et petites à penser le long terme, sinon par des contre-pouvoirs citoyens ?

Conclusion : comment fait-on converger, émerger (concevoir, conceptualiser) du sens entre les biens du commun, du public et de l’humain ?
On peut penser le bien commun selon plusieurs paradigmes de penser :
- comme l’accumulation des intérêts privés.
>> visée utilitariste et calcul d’intérêts, ce qui conduit à des impasses, à des rivalités sans fin et qui oublie le rapport qualitatif à la chose et aux valeurs immatérielles (justice, respect, savoirs).
- Comme une dialectique. Elle vise un horizon lointain par le dépassement des conflits.
>> Ce qui peut s’apparenter à des croyances, de faux espoirs, des illusions.
- Comme une justice. Elle vise également un idéal, mais incarné dans un rapport d’égalité et de liberté. L’équation égalité/liberté peut être régulée par la solidarité, la fraternité, l’équité, la capabilité, avec comme horizon, la préservation du bien commun.
- Sur la base de compromis et de ce sur quoi il faut s’entendre pour y renoncer.
>> Ce qui pose la question de qui délibèrent pour les compromis, à propos desquels et en échange de quelles compensations (frustrations) ?
- Comme des rapports sacrificiels, ce qui pose la question de qui sacrifie qui et quoi ?
>> Ce qui correspond à une régression en des temps et des pratiques archaïques.
- Sur la base d’une « méritocratie », ce qui pose la question des valeurs qu’une société met en avant (voir Michael Sandel plus bas), et des discriminations inévitables qu’elle entraîne.
>> C’est à nouveau un retour vers des régressions organisationnelles et la rivalité entre les dominants pour s’accaparer le pouvoir.

Mais, fondamentalement, l’articulation entre biens communs, biens publics et biens humains (concept d’humanitude) invite à poser la question :
- quelle place je donne à chacun (comme chef d’entreprise, politique, particulier, professeur et citoyen lambda) pour que des interactions soient encouragées de sorte à favoriser une intelligence collective dès qu’il y a des décisions à prendre ?

Autre élément évoqué : Chaque vie, par sa singularité, contribue à un bien commun pour un peu qu’elle est intégrée dans la communauté humaine. Si les choix que je fais contribuent à l’élimination d’autrui, je mets dès lors le pied dans l’entrebâillement d’une logique sacrificielle.

Comment concilier Antigone qui veut offrir une sépulture à son frère, Polynice, au nom de son dieu (de ses valeurs) et Créon qui l’interdit au nom de sa loi terrestre (politique) et selon laquelle, Polynice est un ennemi de la patrie ? On est ici au cœur d’un conflit de valeurs. Il faut pourtant se rendre apte à répondre à ce genre de conflits entre « biens communs humains » et intérêt général en se donnant comme règle, de ne nuire à aucun.

Quelques références
- Pour une conception renouvelée du bien commun. Un article Cairn du philosophe François Flahault (CNRS)
- Les communs : une alternative à la marchandisation du monde ? Une vidéo de la chaine Green Letters Club avec Benjamin Coriat (économiste)
- Le « Commun » : une alternative politique au néolibéralisme. Une conférence de Christian Laval (2020)
- Jancovici répond aux éléves de HEC (octobre 2022) sur des questions très concrêtes quand à la gestion de notre climat
- Michael Sandel, de la méritocratie. Invité des Matins de France Culture.
- Laurent Mucchielli. Une conférence à Bastia pour présenter son livre : La Doxa du Covid.
- Pourquoi, selon Julia Cagé, l'information est un bien public ? Interview ici, sept 2022.
- Références à Antigone :
1° Le résumé du mythe, d'après la version de Jean Anouilh. Article ici sur Superprof.
2° Une réflexion sur le mythe d'Antigone (et le tragique). AC de Versaille.
Les citoyens, dans une démocratie, doivent-ils être écartés des choix qui les concernent en première instance ?

René Guichardan, café philo d'Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d'Annemasse, ici.
> Lien vers le forum des problématiques de notre temps (écologie, guerre, zoonose, démographie et philosophie.
- Lien pour recevoir notre newsletter Cliquer ici, puis sur Rejoindre le groupe.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)
Dernière édition: il y a 2 mois 3 semaines par René G..
Merci de vous enregistrer pour avoir accès à cette page, ou de contacter l'administration.
  • Page:
  • 1
Modérateurs: admin.cafesphilo.org

Soutenez-nous

Soutenez-nousContribuer à une citoyenneté éclairée. Soutenir les activités philosophiques.
Faire un don

En savoir plus

Nos partenaires

Nos partenairesIls nous soutiennent.
Ils s’engagent et engagent une réflexion éthique sur la citoyenneté.

En savoir plus

Qui sommes-nous ?

Qui sommes-nous ?Des personnes, des philosophes, des militants pour une pensée critique et sereine, libre mais engagée.

En savoir plus