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SUJET: Sujet libre ce lundi 16.01.2023 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu : Doit-on à tout prix s'évertuer à chasser l'ennui de sa vie ?

Sujet libre ce lundi 16.01.2023 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu : Doit-on à tout prix s'évertuer à chasser l'ennui de sa vie ? il y a 2 mois 1 semaine #1628

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Rencontres philo pour le monde d'aujourd'hui, tous les lundis à 19h00
chez Maitre Kanter, place de l'Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE


Ce lundi 16/01/2023, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l'attention des participants présents.
- On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d'éthique que nos propositions soulèvent. C'est là où on commence à philosopher vraiment.
- De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d'explications sur la philo dans les cafés philo, ici)

- Nous avons remarqué que, lorsque des participants s'impliquaient dans les questions qu'ils posaient et, parfois, lorsqu'ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle ils pensaient déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
- Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s'inscrit dans une démarche première en philosophie.
- La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l'inscrire dans l'agenda et de l'introduire en une poignée de minutes le jour venu.
Le compte rendu du sujet de la semaine passée, suggéré par Arnaud : Une justice relative aux lieux et aux époques peut-elle prétendre à une forme d’universalité ? ? Cliquer ici

Pour ceux que cela intéressent, un participant témoigne de son expérience psychédélique après la prise de psilocybine (champignon). Cliquer ici.

Règles de base du groupe
- La parole est donnée dans l'ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s'expriment le moins.
- Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
- On s'efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l'on dit avec ce qui a été dit.
- Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
- On s'attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
- On s'efforce de faire progresser le débat.
- Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

René Guichardan, café philo d'Annemasse.
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Dernière édition: il y a 2 mois 2 jours par René G..
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Sujet libre ce lundi 16.01.2023 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu : Doit-on à tout prix s'évertuer à chasser l'ennui de sa vie ? il y a 2 mois 2 jours #1634

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Doit-on à tout prix s’évertuer à chasser l’ennui de nos vies ?  


Nous étions 9 participants, un mixte d'habitués et de nouveaux récemment venus une ou deux fois. Merci à Valérie pour la proposition de son sujet, une participante récente.

On entend bien la question. Elle laisse transparaître une dénonciation selon laquelle, se débarrasser de l’ennui relèverait d’un devoir (doit-on ?) mais, par ailleurs, la radicalité de la formulation, le chasser à tout prix, laisse entrevoir les conséquences de ce prix : il pourrait être pire que l’ennui lui-même. Ainsi, il se pourrait qu’il y ait du « bon » dans l’ennui, relativement aux mesures prises pour s’en débarrasser. Toutefois, des participants suggèrent de rechercher l’ennui, de ne pas le fuir, d’apprendre à l’apprécier. Nos questions se précisent :
- l’ennui est-il vertueux en lui-même ?
- l’est-il seulement parce qu’il nous oblige à prendre des initiatives, et à en sortir ?
- Sont-ce plutôt nos réponses qui, à défaut d’être vertueuses, poseraient problèmes ? Elles seraient contradictoires, vaines et retarderaient l’échéance d’un ennui inévitable et bientôt grandissant.

Une problématique se dégage : on pourrait tromper l’ennui, mais tout en se trompant soi-même, en particulier si nous ignorons tout de sa raison d’être et, pour commencer, de la diversité des formes/aspects avec lesquels l'ennui se manifeste. Il y aurait un lien entre notre manière de ressentir l’ennui et celui d’en connaître sa nature, si toutefois il en a une, ou de connaître la couleur particulière de celui que l’on porte en soi. Ce qui pose la question : l'ennui n’est-il relatif qu'à soi-même et à nos manières de l’appréhender ?

Une définition de l’ennui, du formel à l’expérientiel.

L’ennui se présente à partir d’un ressenti, c’est avant tout une impression plutôt désagréable, il se traduit comme un sentiment d’abattement, de lassitude.
On observe qu’il peut y avoir des degrés d’appréciation qui teintent ce sentiment de morosité, de tristesse, voire de vide quand, pour certains, il ne conduit pas à une dépression profonde, à une pénibilité de vivre pouvant suggérer l’idée d’en finir.
Les participants présents observent également, qu’il y a l’ennui qui vient de soi et celui qui s’impose par l’environnement dans lequel on se trouve. Pour le premier, celui qui vient de soi, on le découvre fortuitement, peut-être en étant seul à la maison, il apparaît comme étant en soi, propre à soi-même, comme s’il avait une réalité ontologique. Pour le second, il se révèle en situation, par exemples, au travail, lors de l’exécution de tâches répétitives, à l’occasion d’un repas avec des personnes dont on ne partage pas les idées, les intérêts.
Lorsqu’on s’interroge sur les raisons de cette dépréciation du sentiment d’ennui, les participants évoquent un sentiment de perte de sens, d’absence de plaisir ou une pénibilité ressentie plus ou moins aigüe en raison de l’environnement contraint dans lequel on se trouve (tâche répétitive, réunion obligatoire). Mais très souvent, les situations d’ennui entrent en résonance avec celui que l’on porte en soi. La rencontre avec l’ennui serait également une rencontre avec soi, il inviterait à un travail sur soi.

Travailler sur soi ou chasser l’ennui ?

Nous observons trois grands types de réaction face à l’ennui, aux sentiments qu’il suggère :
- il « plombe » les consciences
- il incite à réagir et à passer à l’action,
- il invite à se questionner.

- Lorsqu’il plombe les consciences, on doit admettre que nul ne peut savoir pour autrui la nature précise de l’ennui qu’il porte en lui. Certes, on peut dialoguer avec certaines de ces personnes et voir jusqu’où elles questionnent l’ennui, quelle image elles en ont, ce qu’il représente pour elles. Là, apparaît, d’après nos échanges, à nouveau, trois types de réaction :
1° - Il ne faut pas y rester, car cela ne sert à rien, et l’ennui invite à passer à l’action.
2° - Une réflexion s’engage entre l’ennui, ses raisons, le sens qu’il peut avoir. Dans ce cas, l’ennui invite à réfléchir sur les possibilités de sens qu’il peut avoir et, ce sens, se dégagera des références dont on se nourrit.
3° - Une réflexion doublée d’une réflexivité consciente s'engage et, de ce point de vu, l’ennui n’aurait aucun sens en lui-même, il témoigne simplement d'un espace intérieur, celui des indéterminations de l’être. Il serait une forme de « liberté », il en contiendrait un potentiel.

De fait, nous retrouvons les trois grandes réactions types : consciences plombées, incitation à réagir, invite au questionnement. La raison est simple, ces trois modes de réaction face à l’ennui peuvent s’enchainer en une même personne (assez rapidement ou sur plusieurs mois ou années : plombé, action-réaction et réflexion) ou se distribuer selon des types de personnes. Ainsi, certaines d’entre elles :
1° resteraient plombées par la question de l’ennui, et elles doivent le fuir ou en pâtir indéfiniment,
2° d’autres réagissent et lui trouvent des solutions-réponses dont on ne peut estimer la valeur qu’en fonction des conséquences qu'il entraine sur elles-mêmes et sur leur environnement,
3° d’autres encore, entrent en réflexion, stabilisent un mode de réflexivité et, quels que soient les modes d’actions mis en place, elles s'efforcent d'en rendre compte à elle-même et/ou à autrui.
Ce déplacement sémantique du mot, ennui, invite à ne pas se braquer sur son ontologie, sur ce qu’il est réellement, mais sur la façon dont il est perçu et ressenti phénoménologiquement. L'ennui est symptôme de quelque chose.

Dis-moi comment tu t'ennuies, je te dirai qui tu es.
Ce rapport entre soi et des manières d’appréhender l’ennui s’éclaircit lors de nos échanges. Par exemple, la personne âgée qui s’ennuie dans le couloir où elle a été laissée, s’ennuie-t-elle ou est-elle entrée en dépression à force de lutte et par l’isolement contraint dans lequel elle se retrouve. Ce sont ses besoins vitaux, comme ceux d’attachement, de socialisation, d’affection qui lui sont reniés.
Si je m’ennuie parce que la tâche répétitive de mon emploi m’abrutit par son absence de sens, dois-je soutenir mon ennui et lui trouver du sens, alors qu'il indique précisément que « perdre sa vie à la gagner » (slogan 68) est dénué de sens. Vivre, ne consiste pas à ne se satisfaire que de ses besoins vitaux.
Et si, enfermé entre les quatre murs de ma chambre, je me convainc de rester avec mon ennui, dois-je en attendre une épiphanie, dois-je réagir et sortir de mes attentes ou dois-je me laisser glisser vers un possible abime sans fond ? Comment puis-je déterminer mon choix ? Est-ce à quelqu’un d’autre que moi-même de le définir ? Non, n’est-ce pas ?

Pour conclure.
On le voit, la façon dont l’ennui se présente à soi (environnement contraint intérieurement et extérieurement), ne nous dit pas grand-chose sur l’ennui, mais plutôt sur notre façon de réagir à son propos. Dans les faits, il y a de multiples façons d’être disposé à écouter et à interpréter l’ennui.
Pour beaucoup d’entre nous, à ce débat ce soir, on conçoit, finalement, que l’ennui est très directement lié à une manière d’être en relation à autrui, mais aussi à la question du sens de cette relation. De fait, l’ennui résulterait d’une perte de « connexion » avec autrui, mais aussi, d’un sentiment de perte de connexion avec soi et le tout s’allierait avec la possibilité que la vie elle-même serait dépourvue de sens. J’essaie de reprendre l’idée, l’ennui serait en lien à des manières de se positionner dans ses relations :
> je subis le sens, éventuellement parce que je peine à questionner les raisons de mon ennui. Il est peut-être trop douloureux, il se présente comme un abime sans fin. Il est possible aussi que je subisse un environnement délétère pour mon épanouissement, et il également possible que je ne distingue pas les attentes que j’ai de mon environnement et celles faisant appel à mes potentiels, à mes ressources. Tout résulte bien d’une perte de connexion ou d’une absence de connexion, entre soi et les autres, qui nous abandonne dans des formes d’attentes indéfinies.
> Je ne subis pas le sens mais y ai trouvé des réponses qui m’engagent dans l’affairisme, le consumérisme, dans des convictions et des idéologies dont je ne questionne pas les conséquences à long terme ni sur moi ni sur autrui. Je suis vecteur d’ennui pour les autres et pour moi-même à plus ou moins brèves échéances. A l’absence de sens de la vie, j’y ai substitué mon sens, un état d’excitabilité que je m’impose autant à moi qu’aux autres.
> Je ne subis pas le sens, car j’observe les conditions d’une possible liberté qui me donne un certain pouvoir d’action, notamment celui de rechercher de « vraies » connexions avec la vie, les autres et moi-même.
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