Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Méthodes, échanges sur les pratiques, gestion des problèmes concernant l’animation des débats › A quelles conditions une discussion est-elle philosophique ?
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7 août 2014 à 14h54 #5059
Bonjour,
J’ai participé récemment au séminaire que Michel Tozzi organise chaque année au Moulin du Chapitre (Sorèze – 81540)
(Voir le programme ici)Le retour critique qui suit les activités donne lieu parfois à un mini-échange sur les conditions philosophiques d’un débat. Voici quelques extraits résumés de l’un de ces échanges :
– Nous aurions eu besoin d’un cerbère pour revenir vers le thème central du film (il s’agit d’un ciné-philo), pour ne pas trop nous éloigner du cœur du débat.
– Quand on parle du besoin d’un cerbère, moi je pense que ce sont les camps qui ont besoin de cerbère.
– Comment animer une discussion sur un film pour qu’elle soit le plus possible philosophique ? Ce qui pose de façon générale la question de « philosophicité » d’une discussion. A quelle condition une discussion est-elle philosophique ?
– Si la parole n’est contrainte par aucune règle de pensée, si elle s’évoque librement comme par association d’idées, la discussion a peu de chance de voir une argumentation conséquente se construire.
– Pour qu’il y ait une démocratie, on conçoit qu’il y ait un pacte entre les citoyens et le gouvernement (respect des lois et de la constitution de la part des citoyens ; non abus des privilèges de leur pouvoir, et transparence du fonctionnement des institutions de la part des gouvernants..). Pour la philosophie, c’est la même chose, on se donne librement des contraintes, on se les explique et on les applique.
– La contrainte est à la base de la créativité. Quelles contraintes on s’impose à soi-même pour philosopher en groupe ?
Quelques propositions pour tendre à construire un débat à visée philosophique :
– Etre attentif à définir les mots qu’on utilise (notamment à partir d’un dictionnaire de base)
– S’assurer que les participants acceptent, au moins ponctuellement, la définition proposée.
– Avant de répondre à l’argumentation d’un interlocuteur, s’assurer de l’avoir bien comprise. Par exemple, proposer une courte reformulation à votre interlocuteur afin de mettre en lien votre argumentation et la sienne.
– En règle générale, s’efforcer de mettre en rapport les arguments que l’on propose avec ce qui a été déjà dit dans le débat, et avec le sujet du débat.
– Dire « J’ai aimé ou je n’ai pas aimé » ne constitue pas un argument. Une pensée devient philosophique quand on rentre dans l’herméneutique, c’est-à-dire dans l’interprétation.
– On évite de redire ce qui a déjà été dit.
– Ultimement, on peut se poser ces questions à soi-même : Comment ai-je pris en compte la pensée d’autrui ? Comment ai-je intégré dans mon raisonnement des éléments de la pensée d’autrui pour considérer des idées, des connaissances, des arguments, des questions qui m’avaient échappé jusque-là ?Salutations à tous.
16 avril 2015 à 13h01 #5223Les registres pour construire une pensée critique d’une animation de débat philoLe dispositif : il renvoie à la mise en forme du débat (café philo, rando philo, consultation philo, ciné philo, règles de la distribution de la parole, etc.
Le dialogue : c’est la qualité d’écoute entre les participants, c’est l’équilibre des temps de parole entre tous;
La philosophie : elle renvoie à la qualité des argumentations, à la problématisation des énoncés.
L’animation : comment, en quoi l’animation a-t-elle permis que le dispositif se déroule au mieux ?Fondamentalement, l’animateur d’un dispositif peut se poser trois questions, plus une méta question :
1) Comment faciliter les interactions entre les participants et formuler (reformuler) les problèmes qui se posent ?
2) Quelle ouverture apporter pour élargir les points de vue (sortir des impasses) par des raisonnements, la mise en évidence de contradictions, ou l’apport de connaissances ?
3) L’animateur et le dispositif ont-ils contribué à créer un esprit de recherche partagé par les participants.
Méta question : quel est le but visé par l’animateur à l’égard des participants, et par rapport à la philosophie ?Enfin, comme le modérateur-animateur n’est pas dieu tout puissant, le participant pourra également se poser quelques questions :
Ai-je bien définit les termes que j’ai utilisés ? Ai-je créé des liens entre mon interprétation des termes, et l’interprétation qu’en donnait les autres participants ? Ai-je inscrit mon intervention dans la thématique du jour ? Ai-je souligné les liens avec la question de départ ? Ai-je posé des questions lorsque certains raisonnements ne me semblaient pas clairs ? Ai-je le sentiment d’avoir compris la pensée des autres ? Ai-je été attentif à être suffisamment concis ?Pour info, lien vers le prochain séminaire Tozzi (juillet 2015)
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