Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Instruire, éduquer, former, une école pour apprendre quoi ? Sujet du 25.05.2015 + bref compte-rendu des questions posées

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  • #5248
    René
    Maître des clés

      Instruire, éduquer, former, une école pour apprendre quoi ?

      Si, comme moi, vous avez suivi quelques débats sur la réforme scolaire, il y a de grandes chances que vous ayez été découragés d’en savoir davantage. La mauvaise foi, l’agressivité et l’irresponsabilité politique des adversaires de la réforme interdisent de se pencher sur le sujet sérieusement. Les idéologies et la guerre des corporatismes prennent le pas sur l’intérêt, la formation et l’avenir des enfants.

      Pour notre débat, je ne propose pas de parler de la réforme mais de partager ce que représente pour vous l’éducation : à quoi est-elle destinée, en vue de quoi devrait-elle préparer les enfants, et les adultes qu’ils seront demain ?

      Voici néanmoins quelques éléments d’information portant sur les points noirs du système éducatif français.

      > 760 000 élèves par an quittent les murs de l’Education nationale sans diplôme (ou juste le bac), et sans aucune formation dans aucun domaine (chiffres de l’Education Nationale)
      > Entre 2008 et 2014 le niveau général des élèves en mathématiques a baissé de plusieurs points. (Enquêté du Cedre)
      > 12% des élèves de la primaire ne maîtrisent pas les savoirs de base et, après quatre années passées au collège, ils sont 25% à ne plus maîtriser ces savoirs : le collège aggrave les inégalités. (Article : Le Monde du 18.05.2015)
      > Le système éducatif français ne permet pas de lutter contre le déterminisme social, la reproduction des inégalités sociales y est plus forte en France que dans les autres pays de l’OCDE (Article Le Monde du 03.12.2013)
      > Lien vers l’enquête Pisa 2012 (voir l’animation)

      En résumé, ci-dessous, deux types de conflits classiques qui minent les débats sur l’éducation
      On oppose de façon caricaturale : élitisme et égalitarisme d’une part et, d’autre part, savoirs à transmettre et pédagogie (manière de transmettre).

      > L’élitisme contre l’égalitarisme, les problèmes tels qu’ils sont souvent posés :
      >> L’école doit-elle être élitiste, et permettre aux meilleurs élèves d’être toujours meilleur et de suivre les meilleurs parcours, au risque de creuser les inégalités sociales ? C’est le point de vue à peine caricaturé de la méritocratie de droite, voire de certains conservateurs de gauche.
      >> l’école doit-elle être égalitariste, et donner à chaque élève la possibilité de se former au mieux à partir de leur difficulté propre, au risque de ralentir la progression des bons éléments ? Critiques reprochées à la gauche qui se voit accusée de niveler par le bas les compétences des élèves.

      Pourtant, chacun comprendra l’ineptie de ce genre de conflit. Il ne convient pas de former une élite qui décroche du réel et du reste de la population, ni il ne convient de grossir le rang des élèves qui se retrouvent en marge de la société.

      > Savoirs à transmettre et pédagogie, les problèmes tels qu’ils sont souvent posés :
      >> les conflits portent sur le contenu des matières (quelle Histoire, quelle langues, quelles matières ?) et par ailleurs, sur la pédagogie (les façons de transmettre les savoirs) que les adversaires de la réforme opposent toujours et encore.
      Pourtant, toutes les recherches en Science de l’éducation, en neurosciences (en sciences humaines en général) soulignent l’entrecroisement complexe et indissociable qui lie le savoir et la pédagogie (la manière de le transmettre).
      Autrement dit, la capacité à adapter des connaissances à la vie de tous les jours, à résoudre des problèmes, à répondre à la diversité des situations professionnelles, à coopérer pour mener à bien un projet dépend davantage du cadre pédagogique (des façons d’apprendre) que du savoir lui-même. Aujourd’hui, en particulier, dans un monde où les savoirs évoluent beaucoup, il importe davantage d’apprendre à apprendre, d’apprendre à comprendre, d’apprendre à mutualiser ses compétences que d’enregistrer des savoirs de façon fixiste.

      Quelques ressources pour notre débat :
      – Une vidéo récréative : Comment l’école tue la créativité par Ken Robinson ? (TED)
      – Fiche de lecture : Ce que l’école devrait enseigner de Roger-François Gauthier. Éditions Dunod, 2014
      – Répliques (France-Culture) : Du changement dans l’école, avec Antoine Prost (historien de l’éducation, et Bérénice Levet (philosophe)
      – La réforme du collège, un débat politique ? (Bruno Le Maire et Thierry Pech dans Rue des Ecoles, France-Culture)
      – La fracture des intellectuels par rapport à la réforme 2015 dans Le Monde
      Pourquoi faut-il considérer le décrochage scolaire comme un problème ? ( Pierre-Yves Bernard, Dans la Vie des Idées)

      Quelques apports concernant les sciences de l’éducation
      – Une comparaison synthétique de trois grands modèles d’apprentissage :
      1) Transmissif
      2) Comportementaliste
      3) Socio-constructiviste

      – Une carte qui situe les théories sociocognitives de l’apprentissage.
      La liste des cours de Philippes Mérieux en Sciences de l’éducation
      Les articles de Les cahiers pédagogiques (Accessibles à tous)

      Quelques liens vers « philosophie et éducation »
      >> Je vois que ces articles de philomag ne sont pas en accès libre, écrivez-moi si vous souhaitez les lire, et je vous enverrai des copies. Merci.
      Marcel Gauchet: «Entre Rousseau et nous, il y a Darwin» dans philomag
      D’autres conceptions de l’éducation dans Philomag
      Des modèles humanistes de l’éducation, dans Philomag
      Réinventons les humanités, de Martha Nussbaum dans Philomag

      Une citation :
      « Il faut savoir s’instruire dans la gaieté. Le savoir triste est un savoir mort.L’intelligence est joie. » Voltaire
      ———————————–
      Une information toute autre
      Les Rencontres sur les Pratiques Philosophiques cet été, les 24, 25 et 26 juillet (Voir les infos ici).
      > Nous faisons voiture commune depuis Annemasse-Genève pour nous y rendre.

      #5249
      René
      Maître des clés
        Un bref compte-rendu de certaines questions évoquées

        Cadre :
        – Environ une vingtaine de personnes présentes.
        – 2 personnes nouvelles.
        – Valérie a distribué la parole
        – Nadège a modéré

        Questions de départ
        À quoi l’école/l’éducation est-elle destinée, en vue de quoi devrait-elle préparer les enfants, et les adultes qu’ils seront demain ?
        – Quelles compétences, quels savoirs enseigner ?
        – En vue de quelle société forme-t-on des élèves ?
        – Que peut-on souhaiter à nos enfants, et à l’avenir du monde ?

        Une réponse
        L’école devrait former la personne sur trois niveaux :
        1) Le niveaux psychologique existentiel (ce qui touche à l’épanouissement de soi, à la connaissance de soi, au développement de ses potentiels, de ses diverses habilités)
        2) Le niveau politique et moral (ce qui répond à la question de l’éthique, du vivre ensemble)
        3) Le niveau pragmatique (donner les moyens de s’insérer dans un monde économique, professionnel, que l’on aime ou pas ce monde)

        Autres questions :
        – Quel est le statut du savoir à l’école ? L’école doit-elle enseigner certains savoirs ?
        – Quelle est la différence entre compétence et connaissance ?
        – Savoir lire, écrire et compter relèvent-ils du domaine du savoir, ou de celui de la compétence ?
        – L’école peut-elle compenser les « manques » d’une société comme, par exemple, l’immaturité des parents, les pratiques immorales des politiciens, la recherche radicale du profit des commerces et de l’industrie ?

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