Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Une fessée, est-ce que cela fait du bien ? Sujet du 13.07.2015 + un mini compte rendu

4 sujets de 1 à 4 (sur un total de 4)
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  • #5270
    René
    Maître des clés
      Une fessée, est-ce que cela fait du bien ?

      « Qui croirait que ce châtiment d’enfant (une fessée), reçu à huit ans par la main d’une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi pour le reste de ma vie, et cela précisément dans le sens contraire à ce qui devait s’ensuivre naturellement ? « 
      Jean-Jacques Rousseau (Les confessions)

      Pour ou contre la fessée ?
      Le Comité européen des droits sociaux invite la France à interdire, ou à sanctionner l’ensemble des comportements portant atteinte à l’intégrité physique de l’enfant. Mais la proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale en 2010, et selon laquelle, « l’enfant a droit à une éducation non violente. Aucun enfant ne peut être soumis à des châtiments corporels ou à toute forme de violence physique » a été refusée.

      Pour certains parents/éducateurs, la fessée peut avoir un effet « re-cadrant », pour d’autres, elle témoigne d’une perte de contrôle du parent. Pour Rousseau, elle a eu un effet inattendu.

      Question :
      – La fessée a-t-elle un intérêt éducatif ?

      Ressources
      La fessée de Jean-Jacques Rousseau sur Le blog d’Alexandra Basset (dans Médiapart)
      La valeur éducative de la fessée dans Le Monde
      L’avis de différents spécialistes sur Enfants-point-com
      Faut-il interdire la fessée ? Dans Sciences Humaines
      Comment penser les « Rêveries solitaires » de Rousseau ? Paul Audi est l’invité de Raphael Enthoven.
      Le point de vue de Caroline Eliacheff (France-Culture)
      Une approche par la Discipline Positive (une vidéo de 4mn)

      Bienvenue à tous.

      #5271
      René
      Maître des clés

        En 2012, lors de sa campagne électorale, François Bayrou retourne une claque à un gamin des cités qui lui faisait les poches.
        A-t-il bien fait ?
        Réponse dans l’émission « Les pieds sur terre » (France-Culture) 🙂

        Edwige Antier (pédiatre), la fessée n’est pas un acte éducatif. Quand on ne frappe pas les enfants, on enlève les racines de la violence dans la société. (Vidéo de 2 mn ici)

        #5272
        René
        Maître des clés
          Un bref compte-rendu

          Ambiance générale :
          – Environ une vingtaine de personnes présentes.
          – Une seule personne nouvelle
          – Plus deux ou trois anciens qui n’étaient pas venus depuis plusieurs mois.

          Qualité du débat
          – Il semble que certaines personnes évoquaient toujours le même problème ou (même argument) sans faire évoluer leur position, et sans prendre en compte des éléments d’une argumentation, qui par ailleurs, évoluait.
          – L’un des problèmes soulevés était celui de la situation délicate de l’éducateur qui, ayant affaire à des enfants rompus aux punitions et aux coups, ne semblent répondre que difficilement à d’autres stimuli que ceux de la menace, ou de la punition.

          Plusieurs problèmes sont à distinguer :
          1) Celui de la valeur éducative de la fessée.
          2) Celui de la valeur éducative de toute punition corporelle, comparativement à d’autres formes de sanction/punition.
          > Les punitions corporelles sont-elles toutes « traumatisantes » ?
          > Plus largement, que dit la punition de l’image qu’on se fait de l’enfant ?
          > Que dit la punition de l’idée que l’on se fait de l’éducation ?
          3) Y a-t-il, par ailleurs, un intérêt à légiférer sur les punitions corporelles ?

          Punition corporelle et éducation
          > Les enfants ont-ils besoin d’être menacés physiquement pour être éduqués ?
          > Signalons que la contrainte en éducation correspond à ce qu’on désigne par le « dressage » au niveau animal, l’objectif étant d’obtenir l’obéissance par des « voies réflexes » lesquelles répondent automatiquement à des signes : dans ce cas, on ne peut comprendre la complexité d’une situation, mais on inhibe l’intelligence, et on contraint la pensée à des circuits de raisonnement restreints.
          > Signalons néanmoins que, même dans le monde animal, on a de plus en plus recours à des formes de langage pour établir une relation de type coopératif avec l’animal. De meilleurs résultats et une meilleure qualité de relation sont ainsi obtenus avec l’animal.

          Des questions se posent :
          > La violence (du coup de pied au derrière, à la claque, en passant par la tape sur les mains) prétend-elle se substituer à l’autorité que l’on entend faire respecter ?
          > Ou, au contraire, le recours aux gestes physiques, voire aux menaces de coups, témoigne-t-il de l’incapacité à asseoir son autorité ?
          > De quel type d’autorité parle-t-on ? (D’une autorité crainte ou d’une autorité naturellement reconnue pour sa compétence, et sa bienveillance ?)

          De quoi parle-t-on ?
          – La fessée, les petites tapes sur les mains, les gifles ou les coups sont vécus comme vexants, humiliants ; ils traduisent un rapport de domination obtenu uniquement par la force. On a objecté que l’enfant est amené à connaître d’autres formes de vexations, d’humiliation, et d’injustices (le harcèlement psychologique de la part des adultes, ou des camarades, les remarques dépréciatives des maîtres, les injustices dans les systèmes de notation).
          > Les partisans de ces différentes formes de contraintes physiques justifient cette approche au motif qu’il faut habituer les enfants à la dureté du monde.
          > Les autres, de leur côté, estiment qu’il faut avant tout répondre au désir d’apprendre d’un enfant par l’explication, l’exemple, le dialogue, la persuasion, le jeu…

          L’aspect relatif des moyens coercitifs
          – Certes, une petite tape n’est pas traumatisante, en revanche d’autres formes de coercition sont nettement plus traumatisantes pour un enfant.
          – Se pose la question de l’usage de tout rapport de force dans la relation à l’enfant. Qu’est-ce qui, dans l’éducation, conduit à faire usage de la force, ou de la menace, alors qu’il existe d’autres approches, tels la coopération, le contrat, l’instauration d’un rapport de confiance qui sont nettement plus bénéfiques pour tous les protagonistes ?
          – L’éducation peut-elle avoir comme visée générale la formation de l’intelligence cognitive et relationnelle, la recherche de l’épanouissement intellectuel et émotionnel, l’encouragement à s’accomplir et à collaborer avec autrui ? Si oui, les punitions corporelles sont alors un obstacle à ce projet.

          Un témoignage
          – Sur le chemin de l’école, j’avais échappé à l’attention de ma mère et j’avais traversé la route sans qu’elle y prenne garde. Saisie de frayeur, convaincue par ailleurs qu’elle devait se contenir et ne pas me « frapper », elle m’attacha le lendemain à une laisse pour me garder près d’elle. J’aurai préféré qu’elle laissât partir une gifle sous le coup de son émotion plutôt que d’avoir à endurer l’humiliation d’être attaché. Cela dit, ce régime n’a pas perduré.

          Un mot sur la loi
          – Une loi contre toute forme de punition corporelle ne doit pas dresser l’enfant contre le parent, ni opposer l’autorité de l’Etat à celle de la famille, et des éducateurs.
          – La loi peut également ne pas être « contraignante », mais transmettre un message fort en faveur de principes éducatifs qui s’efforcent de cultiver l’intelligence, d’éduquer à la citoyenneté, au respect d’autrui.

          Autres idées retenues
          – Les coups scellent un rapport de rivalité entre les adultes/les éducateurs et les enfants. Ils entérinent les rapports d’opposition et de conflit.

          – La parole renforce un rapport basé sur la coopération, d’une certain façon, elle restaure le lien perdu par la rupture du cordon ombilical à la naissance.

          – Les coups entre adultes sont interdits par la loi. Pourquoi devraient-ils être autorisés en ce qui concerne les enfants ?

          #5289
          René
          Maître des clés
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