Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Toutes les vies se valent-elles ? D’après « Qui vivra, qui mourra ? » Un ouvrage de Frédérique Leichter-Flack, sujet proposé pour le 12.10.2015 + un bref compte-rendu

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  • #5300
    René
    Maître des clés
      Prochain sujet :
      Toutes les vies se valent-elles ?
      D’après « Qui vivra, qui mourra ? » Un ouvrage de Frédérique Leichter-Flack

      « Deux hommes marchent dans le désert, dont un seul a une gourde. S’il garde toute l’eau pour lui, il aura assez de forces pour rejoindre un lieu habité, mais son compagnon mourra ; s’il partage l’eau, les deux mourront. Sur la conduite à tenir, les avis des rabbins divergent. Quant aux raisons de cette divergence, il est permis de s’interroger : tient-elle à une différence dans la hiérarchie des principes éthiques, ou à une différence dans la manière qu’a chacun de se représenter concrètement la scène, à partir des très maigres éléments fournis ? Car, comme le relève F. Leichter-Flack, pour émettre un avis sensé sur un pareil dilemme « il manque l’essentiel, c’est-à-dire les détails. […] Comment peut-on décider de ce qu’il est juste de faire quand il nous manque autant d’informations pour asseoir notre arbitrage ? » (p. 11). Il en va souvent ainsi des cas de conscience examinés par les traditions, ici talmudique, ailleurs philosophique : on ne peut s’empêcher de penser que notre indécision, face aux situations qu’elles nous proposent, tient d’abord à leur caractère artificiel, squelettique, « sous-déterminé ». Dans la réalité, tant d’autres éléments interviendraient, dont certains feraient pencher la balance dans un sens ou dans un autre. »
      Source : La vie des idées, article d’Olivier Rey

      De nombreuses fictions, les « reality show », les interminables concours du meilleurs chefs/boulangers/candidats banalisent l’idée du « sacrifice humain » : les postulants, qu’ils soient excellents ou médiocres dans leur domaine de compétences respectives, seront éliminés car les « règles du jeu », toujours arbitraires, l’exigent. Mais la réalité doit-elle être traitée comme une « fiction », comme un « jeu » ?
      – Faut-il décider de qui doit bénéficier ou pas des progrès de la médecine, de soins de médicaux, ou de vaccins ?
      – Faut-il sélectionner qui est le bon réfugié, et qui est le « mauvais ? Et si oui, sur quels critères ?
      – Faut-il choisir qui mérite d’être protégé, ou pas, d’un environnement nocif, polluant, ou potentiellement dangereux ?
      – Faut-il décréter de qui doit vivre et de qui doit mourir ?

      Question de départ
      – Sur quels critères peut-on fonder des règles éthiques ?

      Ressources
      Une conférence longue (45mn) mais intéressante de Frédérique Leitcher-Flack. Elle illustre la problématique de l’éthique dans la prise de décision lorsque des vies sont en jeu, en s’inspirant de plusieurs cas tirés des séries, films, romans ou encore de la réalité. Pousser le cursus sur la 5ème minute pour sauter l’introduction.
      – Frédérique
      Vidéo courte (7mn) où Frédérique Leichter-Flack présente son dernier livre : Qui vivra, qui mourra ?
      Frédérique Leichter-Flack dans France Culture.
      Les femmes et les enfants d’abord. Un article de Frédérique Leichter-Flack dans Raison-publique
      De la gestion des urgences au rationnement des politiques de santé. Un article payant (5 euros sur Cairn-info) de Frédérique Leichter-Lack

      – Une notion philosophique associée : l’utilitarisme
      > L’utilitarisme selon la Toupie
      > Selon Simone Manon dans philolog

      Voir ci-dessous cette interview (25mn) des enquêteurs de Médiapart sur : Les intox à propos des réfugiés.

      #5309
      René
      Maître des clés
        Un très bref compte-rendu du débat

        Ambiance
        Plus d’une trentaine de personnes étaient présentes. Le groupe était assez mature pour adopter un état d’esprit qui a permis un questionnement partagé.

        En résumé
        On peut s’accorder sur l’idée que développe Frédérique Leichter-Flack : dans le cas de situations tragiques, aucune solution n’est bonne lorsqu’on doit choisir certaines vies au détriment d’autres. De plus, les choix sont définis avec une connaissance toujours très partielle de la situation de chaque protagoniste.
        En somme, on s’habitue à l’idée que tout le monde ne mérite pas de vivre, et on conçoit par dépit/fatalisme/résignation que des catégories d’êtres humains ne méritent pas d’être sauvées.
        C’est comme si l’on rejouait la logique du « sacrifice » (à l’instar de la théorie de René Girard) mais sans la nommer ni lui donner un sens. Fondamentalement, la logique du « sacrifice humain » est immorale, injustifiable et archaïque. Elle devrait nous interpeller et servir de « leçon d’humanité ». Autrement dit, dans une situation de choix dramatiques, après analyse des faits (comment en sommes-nous arrivés là ?), nous devrions apprendre à ne pas reproduire ces situations, et à sortir de la logique du sacrifice.

        Au niveau de la loi, ou des directives de l’ONU, on devrait proclamer, par exemple, que toute vie humaine est « sacrée », et qu’il y a une contradiction fondamentale à éliminer des personnes pour en sauver d’autres.
        Sur le plan pratique, par exemple concernant l’ONU, on devrait :
        > élargir le Conseil de Sécurité à la plus grande majorité des pays,
        > interdire le droit de veto (car il autorise chacun à poursuivre une logique d’intérêt particulier plutôt qu’une logique d’intérêt commun), et toujours,
        > opter pour des choix respectant la vie (liberté, autonomie) du plus grand nombre.

        Merci à Frédérique Leichter-Flack pour le talent avec lequel elle a pointé ce paradoxe éthique.

        Sujet corrélé :
        – Le sacrifice ajoute-il du sens à la vie ?

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