Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › L’intensité, une valeur révélatrice de soi ? Sujet prévu pour lundi 29.08.2016
- Ce sujet contient 0 réponse, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 8 années et 8 mois.
-
AuteurMessages
-
24 août 2016 à 17h48 #5375L’intensité, une valeur révélatrice de soi ?
C’est une interview de Tristan Garcia (philosophe romancier), parue dans la revue Grazia, qui me suggère notre prochain débat.
Extrait de l’interview :Une vie intense : c’est la grande promesse du monde moderne. Du libertin au rockeur, du langage publicitaire à l’obsession d’être « soi-même », l’intensité concilie deux marottes contradictoires : la performance et l’inquantifiable. Mais quel est le prix à payer ?
Grazia – Pourquoi l’intensité nous fascine-t-elle à ce point ?
Tristan Garcia : Même s’il est difficile à cerner, c’est un concept assez intuitif. A la différence des religions, qui promettent la vérité, l’éternité ou la grâce, l’intensité ne promet pas autre chose, mais plus de la même chose. On a vécu pendant deux siècles avec des promesses d’intensité : Rimbaud, les surréalistes, les futuristes… Je pense que la modernité, c’est l’intensification. Mais comme toutes les promesses, l’idéal d’intensité s’use. La liberté sexuelle et le sport arrivent à leurs limites. Même la transgression s’est épuisée. Et probablement, il y aura un retour en arrière, avec un désir de valeurs éthiques plus anciennes, de type religieux. Et je n’ai pas envie de ça.
Grazia – Quel est le danger de la vie intense ?
Tristan Garcia : L’intensité condamne à se lasser très vite, donc cela produit un type d’humanité très versatile, qui apprécie moins l’expérience pour elle-même que le fait de passer d’une expérience à l’autre : professionnelle, amoureuse, sexuelle… L’homme intense ne ressent plus que des différences. Mais ce qui m’intéresse, c’est de ne pas le condamner ! C’est de comprendre pourquoi l’idéal d’intensité ne tient pas. Beaucoup de religieux avaient remarqué que les libertins étaient leurs meilleurs alliés. Une fois qu’ils avaient fait toutes les expériences possibles et qu’ils ne se sentaient plus vivre, soit ils se tuaient, soit ils se convertissaient.
Grazia – Cela rejoint-il la revendication omniprésente d’être « soi-même » ?
Tristan Garcia : A partir du XVIIIe siècle, la société occidentale a du mal à proposer une transcendance, et des canons sur lesquels se modeler. Dans le romantisme, une oeuvre ou une personne n’est pas belle par comparaison à un canon, mais si elle s’exprime pleinement. Or le seul qui peut savoir s’il est fortement ou faiblement ce qu’il est, c’est le sujet lui-même. Du coup, l’intensité devient une valeur refuge de la subjectivité, face à une société où tout se mesure, se quantifie. Il reste quelque chose qui n’appartient qu’au sujet lui-même.
Article Grazia (interview)Débat
– Explorons dans un premier temps ce concept d’intensité, et voyons les questions qu’il nous suggère. L’intensité peut-elle être une valeur cardinale à la vie, une sorte de recours à un plus grand sentiment d’exister quand la vie vient à manquer de sens ?– Ressources
– La critique de Libération.
– La critique de « La Croix.
– Vie intense, vie trop dense ? Tristan Garcia invité de Caroline Broué. France Culture
– Le goût de la vie intense. Tristan Garcia et Claude Habib invité de Finkielkraut. France Culture.
– La vie intense: une obsession moderne ? Les nouveaux chemins de la connaissance. France Culture.– Citations :
– « »Vis !, quoi que tu vives », « Aime !, qui que tu aimes », mais surtout « Vis et aime le plus que tu peux ! », car à la fin rien d’autre que cette intensité vitale n’aura compté.» Une interprétation de Tristan Garcia du message qui sous-tend la dynamique du monde d’aujourd’hui.– La vraie vie n’est plus remise entre les mains de Dieu, reportée dans l’au-delà ; l’intensité s’est substituée à la transcendance comme horizon de nos vies. Tristan Garcia
– L’individu moderne, puis contemporain, est celui qui, dans un jeu de comparaison avec lui-même, veut être plus, s’excéder, s’intensifier. Il recherche l’électrisation de son corps et de son esprit à travers des expériences multiples censées lui procurer des sensations fortes – dans les sports extrêmes, les jeux de hasard, les drogues, la sexualité. Le credo est d’augmenter son sentiment d’être vivant par tous les moyens, sans relâche. Tristan Garcia
– Les plaisirs de la cruauté (…) sont aujourd’hui très communs parmi les hommes et voici l’argument dont ils se servent pour les légitimer. Nous voulons être émus, disent-ils, c’est le but de tout homme qui se livre à la volupté, et nous voulons l’être par les moyens les plus actifs. En partant de ce point, il ne s’agit pas de savoir si nos procédés plairont ou déplairont à l’objet qui nous sert, il s’agit seulement d’ébranler la masse de nos nerfs par le choc le plus violent possible. Sade. La philosophie dans le boudoir.
-
AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.