Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Que peut dire la philosophie de l’amitié ? Présenté par Marie-Thérèse pour lundi 03.10.2016

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    René
    Maître des clés
      Que peut dire la philosophie de l’amitié ?
      Proposé par Marie-Thérèse

      Selon Montaigne, l’amitié naît « d’une parenté fondamentale entre deux êtres ». Même si nombre de philosophes de l’Antiquité ont fait largement l’éloge (toutefois avec lucidité) de l’amitié, il est rare de trouver chez les « modernes » à l’instar de Jules Romains dans le texte ci-dessous, de véritables « hymnes à l’amitié. »

      Hymne à l’amitié. (J. Romains)
      « On ne sait pas ce que c’est que l’amitié. On n’a dit que des sottises là-dessus.
      Quand je suis seul, je n’atteins jamais à la certitude où je suis maintenant. Je crains la mort. Tout mon courage contre le monde n’aboutit qu’à un défi.
      Mais, en ce moment je suis tranquille. Nous deux, comme nous sommes là, avec ce soleil,… voilà qui justifie tout, qui console de tout.
      N’y aurait-il que cela dans ma vie, que je ne la jugerais pas sans but, ni même périssable.
      Et n’y aurait-il que cela, à cette heure, dans le monde, que je ne jugerais le monde ni sans beauté, ni sans Dieu. »
      Lorsqu’un homme connaît un seul jour cette plénitude, il n’a rien à dire contre son destin.

      Quelques citations (d’auteurs lucides, ou cyniques !)

      « Si les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde. » (Pascal)

      « Rien ne renforce plus l’amitié entre deux hommes que lorsque chacun des deux considère
      qu’il est supérieur à l’autre. » (Balzac)

      « L’amitié est une source inépuisable de mécontentement et de rage dont il serait déraisonnable de vouloir se passer. » (Cioran)

      De quelques distinctions.
      Les divisions opérées par Aristote semblent avoir été reprises, parfois réadaptées, tout au long de l’histoire du concept d’amitié.
      Aristote distingue trois catégories :
      – l’amitié vertueuse, apparentée à « philia ». L’autre est choisi librement, pour lui-même.
      – l’amitié plaisante ; elle suppose « un commerce agréable » (conversations etc…)
      – l’amitié utile : est réduite au fait que l’autre rend des services.
      Note. Les deux dernières sont qualifiées « d’accidentelles. » D’autre part, Aristote affirme préférer la vérité à l’amitié (tout un programme !)

      Les philosophes de l’Antiquité ne se sont pas fait faute de remarquer que le rapport à l’autre est tissé d’illusions. Il y aurait « une opacité consubstantielle de l’autre ». « Il est rare d’accepter un reproche d’un ami : on est plutôt blessé à la fois par le sentiment d’être incompris et celui, tout aussi désagréable, de perdre l’estime de l’autre. » (cité dans un cours de philosophie – auteur anonyme -)
      De plus, « autrui est en continuel devenir, et est toujours susceptible de jeter un regard réducteur sur nous-même. » (Merleau-Ponty)

      Questions proposées.
      – Que penser des divisions d’Aristote ?
      – Quelles seraient selon vous les conditions d’une amitié véritable ?
      – L’amitié suppose-t-elle prioritairement la ressemblance ou la dissemblance ?
      – Y a-t-il souvent malentendu, aveuglement, complaisance dans une amitié ?
      – Est-il possible d’être ami avec une personne aux idées politiques opposées aux nôtres ?
      – Qu’est-ce que « être trahi » ?

      Liens
      Platon ou l’impossible amitié. France culture, avec R.Enthoven.
      L’amitié. Philolog. Simone Manon.
      Florian Cordier. L’amitié : une relation philosophique.
      – Encyclopédie de l’Agora. L’amitié.

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