Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Y-a-t-il une science de l’éducation ? Y-a-t-il des lois naturelles pour l’enfant ? Sujet pour lundi 31.10.2016 + compte-rendu. + deux schémas
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26 octobre 2016 à 6h17 #5389Y-a-t-il une science de l’éducation ?
Depuis 15 ans, l’inégalité scolaire en France ne cesse de croître. Plus d’1 élève sur 5 quitte l’école sans aucun diplôme. Le taux d’échec des élèves défavorisés atteint des records, la France est classée dernière de l’ensemble des pays de l’OCDE. Pourquoi ?
– Y-a-t-il des lois naturelles de l’enfant, comme le titre le livre de Celine Alvarez, et qu’il nous faudrait suivre ?
– Fondamentalement (au minimum), que devrions-nous attendre de l’école ?
– Idéalement que souhaiterions-nous que l’école apportât ?Je propose que, chacun (ceux qui le souhaitent) souligne ce qui lui semble être l’un des problèmes essentiels qu’il croit repérer dans le fonctionnement de l’école, et qu’il suggère éventuellement une « solution » (une réponse).
Nous débattrons autour des propositions, et essayerons de voir à quelle idée de l’être humain (de l’enfant) certaines de nos propositions répondent.
Y-a-t-il une science de l’éducation en ce sens où des fondamentaux seraient à respecter pour favoriser quoi : le développement, l’épanouissement, la performance de l’enfant, sa socialisation, son intégration, sa créativité, son goût pour l’obéissance ?Ressources à voir ou à entendre
– Les inégalités scolaires, l’éternel défi de l’école Française. Le rapport de Nathalie Mons, présidente du CNESCO (Conseil national de l’évaluation du système scolaire) sur France Culture
– L’école en débat. La chronique de Jacques Munier sur France Culture.
– La crise de l’école. Répliques reçoit Mérieux et Robert Redeker (un débat typique en France, les pro de la pédagogie contre les pro conservateurs.) France Culture.
– Les maux de l’école et ses réformes possibles. Caroline Broué invite Laurence de Cock (une traditionnelle), et Jean-Michel Blanquer (un innovateur).
– Expérimenter pour repenser l’école. Caroline Broué reçoit Jean-Michel Blanquer (France Culture)
– La France sait-elle former ses enseignants ? Rue des écoles. France Culture
– Sylvie Alvarez, un conférence Ted de l’auteure de Les lois naturelles de l’enfant. Elle reprend la méthode Montessori, qu’elle justifierait/modifierait en intégrant des apports des neurosciences.
– L’aménagement de la classe maternelle par Céline Alvarez
– Une reportage France 2 sur une école Colibri (Pierre Rabhi)
– Pédagogie Montessori, ça s’apprend. Un article du temps.Ressources à lire
– Comment le système français aggrave inéluctablement les inégalitaires scolaires ? Le Monde.
– La synthèse du rapport du CNESCO avec les Cafés pédagogiques.
– Ce qui dépend de l’école, et ce qui n’en dépend pas. Atlantico.
– Que reste-t-il à faire pour améliorer le système éducatif français ? Institut Montaigne.
– Des fondements scientifiques pour des pédagogies innovantes (Synlab, les Batisseurs du possible) Voir par exemple, les théories de l’autodétermination (motivation) en page 5 de ce document.
– Le projet « Apprenance » a reçu le prix de l’innovation dans l’éducation dans la catégorie du raccrochage scolaire. Des info ici, avec notamment une vidéo) Et ici, un document pdf et là, une série youtube2 novembre 2016 à 16h26 #5393Comment expliquer les taux records d’échecs scolaires atteints en France ?
Y-a-t-il une science de l’éducation, et des lois naturelles pour l’enfant ?
Ambiances :
Une vingtaine de personnes était présente.
– Il se dégage de l’ensemble des interventions un tableau général de tout ce qui intervient dans l’éducation d’un enfant :
– La société. Aujourd’hui, notre société hyper-connectée est perçue comme étant trop individualiste, consumériste, artificielle, narcissique, élitiste, génératrice de chômage, de discrimination… En bref, la société ne nous offre pas un avenir réjouissant et, de ce point de vue, se pose la question : que peut offrir l’école, sinon chercher à nous conformer à un modèle « décadent » de société, et à le reproduire ? Certes, il s’agit d’un point de vue extrêmement subjectif, quasi caricatural, mais cette impression plane comme l’horizon menaçant qui nous attend, et dont l’école se ferait l’écho : seule l’élite, et une hyper-compétitivité font « valeur ». En somme, l’école ne serait plus un lieu où l’on s’émancipe par la connaissance, où l’on apprend à vivre ensemble, où l’on acquiert des valeurs « universelles » ouvrant sur un avenir meilleur.
– Les professeurs. Certains enseignants sont reconnus comme étant « bons », et d’autres pas. Se pose la question de leurs motivations. Sur quelles bases choisit-on cette profession ? Est-on motivé par la passion pour les enfants, ou est-ce pas par pur opportunisme (l’attrait du statut de fonctionnaire par exemple) ?
– Les parents. Certains parents ne sont pas encourageants quant à l’épanouissement des enfants, ils ne sont pas stimulants pour les apprentissages : pauvreté affective, pauvreté intellectuelle (ils ne lisent jamais). Le tout peut être aggravé par une pauvreté économique, ils ne peuvent rien offrir qui puisse compenser leurs carences.
– Les politiques de l’éducation. Les politiciens ignorent tout ou presque des recherches dans les sciences de l’éducation (conditions d’apprentissages des enfants, leurs besoins fondamentaux, etc.). Ils multiplient les réformes, sans changer les structures de fond.
– Les syndicats. Ils sont systématiquement contre toute réforme, ce qui entretient une confusion entre ce qui relève de la défense de leurs conditions de travail (une préoccupation par ailleurs justifiée), et ce qui relève de l’intérêt de l’enfant, lequel passerait au second plan (ce qui, professionnellement parlant, n’est pas acceptable).
– Les programmes scolaires. Par sa nature, le programme scolaire en France est essentiellement « académique », il favorise les enfants prédisposés « intellectuellement », et dont les parents maîtrisent les codes de l’école. Les activités artistiques, manuelles, et celles conduisant au développement émotionnel, à des apprentissages sur le mode coopératif sont minorés, voire négligés.Le classement de la France par rapport à l’inégalité scolaire doit être néanmoins nuancé. En effet, lorsque des enfants défavorisés réussissent leur parcours scolaire en France, ils réussissent mieux, et en plus grand nombre que dans les autres pays de l’OCDE. Mais cela renforce le caractère élitiste de notre système scolaire, et qui échoue dans son projet d’intégration sociale et dans sa lutte contre l’inégalité des chances.
Il n’y a pas que l’école qui contribue à l’éducation des enfants, ou à leurs échecs
Cliquer ici si l’image n’est pas nettePour information, quelques préconisations du CNESO :
– ne pas multiplier les réformes, car elles détricotent une cohérence d’ensemble, empêchent de construire des perspectives sur le long terme. Au final, elles sont mal appliquées, elles perdent leur sens, elles découragent les professionnels de l’éducation.
– rendre obligatoire la formation continue des enseignants, notamment par rapport à un ensemble de pédagogies innovantes.
– Accorder plus de confiance aux acteurs de terrain (les professionnels)
– encourager les expérimentations pédagogiques, notamment en primaire,
– relancer la scolarisation des moins de 3 ans, (faire connaître des milieux sociaux diversifiés dès le plus jeune âge),
– renforcer les classes avec des assistants, des professeurs en stage, en formation.Un point a été souligné lors de notre débat :
– Si l’école est en danger (non reconnaissance de sa fonction en raison de l’ampleur de ses effets discriminants), c’est la cohésion sociale et l’idée même de société qui se trouvent menacées. La société ne peut aller mieux avec un nombre croissant de citoyens qui se retrouvent exclus du « système ».
– Les initiatives d’écoles alternatives (dites « dynamiques », Montessori, Freinet, Steiner ou autres) se multiplient. Ces initiatives sont nécessairement portées par des parents ou des enseignants qui, en majorité, ont déjà une pensée structurée (sinon ils ne parviendraient pas à s’organiser). Ces réponses, toute fois locales, face à la perte de crédibilité du système scolaire, sont-elles une solution, ou un problème ? Les études montrent qu’en dernier lieu, dans le cadre d’une pédagogie similaire, c’est le professeur, sa formation, son intérêt de voir des enfants s’épanouir qui fera la différence.Une remarque personnelle.
Il me semble que les enseignants ne parlent pas suffisamment entre eux des difficultés rencontrées dans leurs classes, ou de leurs « réussites » par rapport aux défis qu’ils se donnent, par rapport aux pédagogies qu’ils mettent en œuvre. Il n’y a pas vraiment, entre les enseignants, une culture du partage d’expériences.Un apport des sciences cognitives de base :
– Tous les enfants, et tous les adultes d’ailleurs , aiment se donner de petits ou de grands défis, on est stimulé par le succès, par les petites et les grandes réussites. (Voir théorie de l’autodétermination, page 5 du pdf ici) or de nombreux exercices et devoirs donnés en classe renvoient les enfants au stress de ne pas être à la hauteur. Le plaisir d’apprendre est ainsi transformé en épreuve où l’on risque de perdre la face, de ne pas être reconnu, de se trouver humilié devant ses camarades.Questions que l’on peut se poser
– L’école peut-elle enseigner le plaisir d’apprendre, peut-elle transmettre le plaisir de l’effort ? Peut-elle renforcer le goût pour la coopération, l’intérêt pour le travail partagé ?
– De quoi parle-t-on lorsqu’il s’agit d’apprendre à vivre ensemble ? S’agit-il d’une injonction « républicaine », d’un discours purement théorique, ou s’agit-il de mettre en oeuvre une pratique de la coopération dans les classes ?
– L’école doit-elle créer de la souffrance, être humiliante ?
– Apprendre doit-il être douloureux ?
– Quel est le ratio d’exclus qu’une société peut produire avant d’imploser ?
– Ouvrir une école, c’est fermer une prison » écrit Victor Hugo, la proposition est-elle vraie lorsque l’école devient une machine à produire de l’exclusion ?Pour rappel, quelques ressources
– Que reste-t-il à faire pour améliorer le système éducatif français ? Institut Montaigne.
– Des fondements scientifiques pour des pédagogies innovantes (Synlab, les Batisseurs du possible) Voir par exemple, les théories de l’autodétermination (motivation) en page 5 de ce document.
– Le projet « Apprenance » a reçu le prix de l’innovation dans l’éducation dans la catégorie du raccrochage scolaire. Des info ici, avec notamment une vidéo) Et ici, un document pdf et là, une série youtube
– Sylvie Alvarez, un conférence Ted de l’auteure de Les lois naturelles de l’enfant. Elle reprend la méthode Montessori, qu’elle justifierait/modifierait en intégrant des apports des neurosciences.
– L’aménagement de la classe maternelle par Céline Alvarez
– Les cahiers pédagogiquesDans la série, il vaut mieux en rire qu’en pleurer, extrait d’un rapport de 2010 (déjà) du Sénat sur les deux systèmes éducatifs, français et finlandais :
« Votre commission rappelle que la proportion d’élèves français en difficulté s’accroît depuis neuf ans, le système éducatif peinant à les aider à combler leur retard. Pourtant, ainsi qu’il a été dit, les élèves français de 7 à 15 ans assistent à 1 heure 30 de cours de plus que les élèves finlandais. En effet, le système français comporte le plus grand nombre d’heures, notamment au lycée. Pour le représentant de l’OCDE : « la lourdeur des programmes ainsi que la faiblesse du travail en petits groupes et du soutien individualisé au sein de l’école, contribuent à expliquer le taux de redoublement et l’augmentation de la proportion d’élèves en difficulté »
https://www.senat.fr/rap/r09-399/r09-399_mono.html#toc4Pour en savoir davantage sur le système finlandais, voir le rapport d’un principal de collège dans le lien ci-près : https://www.meirieu.com/ECHANGES/robertfinlande.pdf
Une interview dans Le Monde des élèves du lycée de Tremblay (Seine-Saint-Denis), un mois après les émeutes d’octobre 2016. La parole des élèves est très instructives, ils expliquent de leurs points de vue les raisons de la violence. Voir ici.
30 novembre 2016 à 6h55 #5408Nous sommes le 28 novembre 2016, au lendemain de la victoire de Fillon aux primaires. France Culture (lien ici) invite l’élite française de Science Po, le pur produit de notre système éducatif, pour commenter les résultats de la primaire :
– Camille Chevalier, 20 ans, Master finance, soutien du parti Républicain
– Kevin Vercin, 23 ans Doctorant en Relations Internationales, soutien du parti France insoumise
– David Masson Weyl, 23, Master Affaires publiques, président d’une section du F.N.
> Leurs analyses sont affligeantes, elles sont mot pour mot ce que leurs chefs de parti auraient pu dire. Notre système éducatif forme des perroquets prétentieux, et fiers de marcher dans les pas de partis politiques devenus obsolètes, divisant la France et la tirant vers le bas. Pas étonnant que le populisme ait le vent en poupe.
Dans le cadre de notre sujet, je me dis que, fondamentalement, notre système éducatif devrait former à trois types d’intelligence(Cliquer ici, si le schéma n’est pas net)
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