Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Le religieux peut-il être absolument apolitique, et le politique, absolument a-religieux ? Sujet du lundi 14.11.2016
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9 novembre 2016 à 20h18 #5395Le religieux peut-il être absolument apolitique, et le politique, absolument a-religieux ?
S’adressant à Pierre, Jésus dit : « Sur cette pierre je bâtirai mon église », et Saint Paul de Tarse contribuera grandement à cet avénement, son enseignement inspirant le christianisme depuis son origine. Nous en parlerons lors de notre prochain débat, les liens entre religion et politique sont-ils inextinguibles ?
– Quelle autre question vous suggère ce lien entre religion et politique d’une part et, d’autre part, entre politique et religion ?Citations:
– Par la foi abolissons-nous la Loi ? Que non ! Au contraire, nous établissons la Loi. Saint Paul.
– La critique peut seule couper dans leurs racines le matérialisme, le fatalisme, l’athéisme, l’incroyance des libres penseurs, le fanatisme, la superstition, fléaux qui peuvent devenir nuisibles à tout le monde, enfin l’idéalisme et le scepticisme, qui sont dangereux plutôt pour les écoles et ne peuvent que difficilement passer dans le public. » Kant
– Dans une crise, ou en sénescence, c’est le plus ancien qui remonte. Régis Debray.
– « Si pour pacifier, on croit qu’il faut réformer la pensée religieuse radicale, on part dans la mauvaise direction, car ce n’est pas en réformant le discours religieux que l’on pacifiera la région, mais bien en pacifiant la région que l’on réformera le discours religieux ». François Burgat (sociologue, dans : La violence islamique ne vient pas de l’Islam)
– «Les civilisations, ce sont les religions. Toutes les religions veulent la paix et les droits de l’homme.»Mohammed Khatami. Président de l’Iran. Et l’on est entré dans une formulation religieuse des droits de l’Homme. Vu dans Dans le trou noir (religieux) des relations internationales. Mediapart.
Ressources à écouter
– Religion et politique: hybridation ou confrontation ? Caroline Broué reçoit Jean-François Bayart (CNRS, politologue). France Culture.
– Apocalypse du politique. Adèle Van Reth reçoit Vincent Delecroix (philosophe des religions). France Culture.
– La France, un mythe ou une idée ? Régis Debray, dans les Matins de France Culture.
– Les catholiques: une force politique ? Philippe d’Iribarne (sociologue) invité des Matins de France Culture.
– Les catholiques : une force politique ? (2ème partie) Débat avec Émilie Tardivel, philosophe
– La démocratie et les droits humains ont-ils un caractère universel ? La chronique de Jacques Munier. France Culture.
– La modernité peut-elle survivre sans religion. Charles Taylor invité des Matins, partie 1, de France Culture.
– Charles Taylor invité des Matins, partie 2
– Doit -on reposer la question religieuse en termes politiques ? Une discussion avec
> Fethi Benslama, professeur de psychopathologie,
> Jean Birnbaum, auteur d’Un silence religieux (Seuil 2016),
> Marcel Gauchet, philosophe et historien
> et le Père Matthieu Rougé, professeur de théologie politique.Ressources à lire (articles)
– Les bébés baptisés par la République. Article du Le Monde.
– Religion et politique. Etat des lieux. Marcel Gauchet.
– Les religions dans la cité. Le dossier de la revue Projet.
– Religion et politique. Brigitte Mortier (sociologue), quelques faits pris sur le terrain.
– Religion et politique – Max Weber et Emile Durkheim. Un article de fond de Hartmann Tyrell dans Trivium.11 novembre 2016 à 1h02 #5396Les deux questions ne sont pas symétriques.
D’une part, les religions monothéistes de nos régions incluent le politique, ce qui rend la question vaine. En tout état de cause, elles transmettent une morale peu ou prou réformable (la Parole est divine, le dogme est dicté par la hiérarchie), et non une éthique.
La question des religions polythéistes pose les questions différemment et sur un autre plan, à étudier. Celles qui, comme le bouddhisme ou le darshana du Cārvāka (ou Lokāyata), sont issues de philosophies matérialistes, athées ou tout au moins neutres à l’égard des religions et du politique, ne sont pas directement concernées par la question. Kautilya, par exemple, ne s’encombrait pas du religieux pour concevoir son traité du politique (de l’économie, de l’écologie, de l’administration, de la guerre), l’Arthashastra.. Il annonce par là Machiavel, pour qui le religieux était un instrument du politique.D’autre part, le politique se conçoit non pas comme une morale reçue et transmise, mais comme établissement au départ de certaines traditions culturelles de valeurs et d’institutions qui transforment les premières, en tout état de cause en se fondant non sur une morale reçue, mais sur une éthique choisie. Sans doute subsiste-t-il des zestes de religieux dans le politique (le Premier ministre britannique nomme l’archevêque d’Angleterre, lui-même subordonné au monarque, chef d’Etat et donc chef de l’Eglise anglicane, mais « Parliament is supreme », etc.),
La question, enfin, est datée – à cette époque où les esprits sont particulièrement frileux. Le silence est même assourdissant, si l’on s’en tient à la question des droits de l’homme dans le cadre onusien, depuis que, de 1998 à 2001, les organes concernés se sont rendus au jeu de dupes du « dialogue des religions », de la «paix des religions» ou du « Parlement des religions », alors que ces acteurs des relations internationales sont parmi les plus violents de l’histoire.
Paul Ghils
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