Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › L’humanité est-elle appelée à s’auto-détruire ? Sujet proposé par Loïc le 17.01.2017
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12 juillet 2017 à 20h49 #5550L’humanité est-elle appelée à s’auto-détruire ?
Question suggérée par Loïc.On distingue deux grandes causes de destruction massive auxquelles l’humanité pourrait être confrontée, les causes naturelles, et les causes humaines.
Les causes naturelles sont probables, mais elles ne nous menacent guère directement, nous aurions acquis, par ailleurs, la possibilité de nous en protéger peu ou prou :
1° causes venant du ciel (chutes de météorites),
2° causes venant de la terre (gigantesques éruptions volcaniques, mouvements d’ampleurs de la tectonique des plaques),
3° causes venant du vivant (pandémie, maladies fulgurantes dévastatrices).Concernant les causes humaines, le risque peut venir de différents vecteurs et, enchaînés par des logiques d’escalade, nous aurions le plus grand mal à nous en prévenir.
5ème : Les expérimentations risquées (essais nucléaires civils et militaires), et l’idée générale selon laquelle il faut se prémunir contre la menace que représentent les autres.
4ème : Les rivalités, les engrenages conflictuels conduisant à des guerres aux conséquences apocalyptiques.
3ème : Les catastrophes climatiques (réchauffement climatique dû à notre mode de vie, aux logiques de consommation).
2ème : La biologie de synthèse et les créations biologiques (bactéries et OGM qui échappent aux apprentis sorciers qui les font naître).
1ème : L’intelligence artificielle (l’être humain remettant son pouvoir de décision aux machines) et, en fait, réduisant sa pensée à une pure logique « utilitariste » (les ordinateurs étant plus performants que les êtres humains).Le célèbre astrophysicien, Stephen Hawking, nous alerte également, la plus grande menace pour notre humanité est plus proche qu’il n’y paraît, et c’est l’être humain qui en est la cause.
Mettons de côté, pour l’instant, notre impossibilité à nous entendre sur la régulation du flux des réfugiés (risque démographique et climatique), sur les législations qui viseraient à contrôler la toxicité des perturbateurs endocriniens, sur les mesures à prendre pour la sauvegarde du climat et celles pour endiguer la disparition massive des espèces, …etc, le psychiatre-psychanalyste, Denys Ribas, de son côté, nous alerte sur la pulsion de mort qui se love au plus profond de l’être humain, il cite André Green :
: « Tout le monde fait le mal, mais certains l’aiment. Mais aimer le mal, qu’est-ce ? Est-ce jouir de la souffrance d’autrui ? Sans doute ? Et c’est le cas le plus banal. Mais il y a un amour du mal beaucoup plus radical, bien plus impersonnel. Aimer le mal, c’est aimer le détecter, le désigner, le localiser pour trouver matière à l’exterminer, pour penser qu’une fois le mal vaincu et anéanti, le bonheur et le Souverain Bien règneront sans partage. Dès lors, la culpabilité disparaît puisque les tâches les plus destructrices sont des actions purificatrices ».– L’humanité est-elle attirée, irrémédiablement, par sa propre destruction ?
– Devons-nous aller au bord du précipice avant de réagir, éventuellement trop tard ?
– Peut-on modifier, corriger, nous empêcher de suivre notre « pulsion de mort » ?Ressources
– Autodestruction de l’Humanité avant 2100. Documentaire ARTE.
– Les maux de la psychanalyse (1/4): La culture nous rend-elle méchants ? Adèle Van Reeth. France Culture.
– Malaise dans la culture. Freud et la religion (3/0). Adèle Van Reeth. France Culture.
– Destruction massive : géopolitique de la faim. Conférence de Jean Ziegler à la Cité des sciences et de l’industrie
– Daech : la pulsion de mort et de destruction. Le Journal des idées par Jacques Munier. France Culture.
– Capitalisme et pulsions de mort. Vidéo de 10mn. Bernard Maris (Economiste assassiné lors de l’attentat de Charlie Hebdo.)
– Relations internationales. L’approche géopolitique et la dimension éthique sont-elles compatibles ? Les enjeux internationaux. France Culture.
– Pourquoi y a-t-il encore des famines ? Du grains à moudre. France Culture.
– Quand les émotions nous rendent fous. La tête au carré. France Inter.
– Réchauffement climatique : attention, planète en danger ! Chronique sur France-Culture.
– Stephen Hawking annonce la fin de l’humanité pour bientôt. Un article de France infos.
– Les pulsions. Cours des infirmiers.
– Un résumé de la pulsion de mort. Idixa.
– La Pulsion de Mort chez Spinoza. Brice Bersani, master en philosophie.
– Pulsion de mort et destructivité. Denys Ribas. Cairn info.
– Thanatos et Hypnos, frères jumeaux. Encyclopédie de la mort.
– Pulsion de mort et destructivité. Denys Ribas, philosophe. Cairn info.
– Hans Jonas, ou le pari sur le « système immunitaire de l’humanité ». Article de l’Express.14 juillet 2017 à 14h38 #5551Une autre raison à la disparition de l’humanité peut être la simple compréhension de l’inutilité de l’existence, et encore plus absurde sachant cette inutilité de devoir imposer à un autre d’exister, alors qu’il n’a rien demandé. Est-ce normal d’imposer à quelqu’un d’exister alors qu’il n’a rien demandé? Est-ce normal d’imposer à quelqu’un d’exister éventuellement handicapé? Est-ce normal d’imposer une vie de douleur à une personne qui n’a pas demandé à exister? Comment appelle-t-on un handicapé de naissance? N’est-il qu’un dommage collatéral pour ses propres parents, pour la société? Les buts des uns ne sont pas les buts des autres et ça nous le comprenons parfaitement quand il s’agit de l’égalité entre deux personnes existantes, alors pourquoi voulez-vous imposer vos buts en imposant d’exister? Sommes-nous encore des animaux ou sommes-nous devenus des êtres capables de comprendre?
15 juillet 2017 à 12h38 #5552Les buts des uns ne sont pas les buts des autres et ça nous le comprenons parfaitement quand il s’agit de l’égalité entre deux personnes existantes, alors pourquoi voulez-vous imposer vos buts en imposant d’exister? Sommes-nous encore des animaux ou sommes-nous devenus des êtres capables de comprendre?
Bonjour Berlhem,
Je réponds seulement à la seconde partie de votre message…. car elle est la plus facile. J’essaierai de revenir plus tard sur la première partie (est-ce normal d’imposer une vie de douleur à une personne qui n’a pas demandé à exister?).
Certes, on impose l’existence à quelqu’un qui ne demande rien. On peut garder ce « fait » en tête, qui, dans votre cas, s’impose avec un sentiment, la colère (éventuellement la haine ?), qui se comprend fort bien en raison des pénibilités et souffrances que vous devez endurer. J’y reviendrai plus tard, si vous le permettez.
Mais pour l’instant, je souhaitais simplement décorreler « imposer l’existence » et « imposer ses buts ».
« Imposer l’existence » et « imposer ses buts » ne doivent précisément pas être associés dans un projet éducatif. On peut se rappeler des paroles de Khalil Gibran :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Voir ici la suite.En associant « ses buts » à l’existence de l’autre, de toute évidence, on nie son « identité », son potentiel créatif, son autonomie « psychologique », on inhibe sa capacité « à devenir lui-même ».
Je souligne « autonomie psychologique » car, dans votre cas, où l’handicape impose une dépendance à des soins, je me demande si cette décorrélation entre « but » et existence » n’a pas été plus difficile à mettre en place par vous-même, par vos parents, par les personnels soignants.
Imaginons que les progrès techniques et médicaux vous permettent de devenir autonome, et de ne pas souffrir, est-ce que la vie aurait alors un autre goût ?
Si oui, est-ce que la vie, bien qu’imposée, ne se présenterait pas alors comme une « opportunité de vie » ?
Il me semble que, chez vous, quelque chose d’une « opportunité de vie » s’exprime… Mais il est possible que je me trompe. « L’opportunité de vie », c’est ce que chacun apporte à la vie, à autrui, et qui n’aurait pas été apporté s’il/elle n’avait été là.En tous les cas, on ne peut que compatir à ce que vous exprimez.
Avec mes amitiés.15 juillet 2017 à 19h54 #5553La société dans laquelle nous vivons nous fixe des objectifs de pouvoir, de richesse, de possession. Ces objectifs ne sont pas compatibles avec un fonctionnement à long terme de l’humanité.
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