Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Argent et pulsion de mort. Sur quels fondements notre rapport à l’argent repose-t-il ? Proposé par Marie-Thérèse pour lundi 21.01.2019
- Ce sujet contient 0 réponse, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 6 années et 8 mois.
-
AuteurMessages
-
16 janvier 2019 à 13h37 #5725Sur quels fondements notre rapport à l’argent repose-t-il ?
Argent et pulsion de mort en quoi se trouvent-ils liés dans notre rapport à la vie ?« Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne rapportent aucun dividende »
John Maynard Keynes, économiste, 1937L’amour de l’argent, et des biens qu’il apporte, est l’un des tabous par excellence de notre temps. Pourtant, il menace la survie de la nature, autant que celle de l’homme. Chacun de nous a un rapport à l’argent qui fait partie de son identité. (Déjà , l’Avare de Molière se voyait « mort, et enterré », s’il ne retrouvait sa cassette.)
Quelques pistes de réflexions, et citations, pour alimenter le débat: (certaines citations ont dû être raccourcies, voire résumées)
– L’argent n’est-il pas avant tout un facteur de liberté, et l’un des fondements de l’autonomie d’un individu? Il peut à tout moment être converti en objet. Il a, dans les échanges, un caractère impersonnel qui n’implique pas de facto une relation hiérarchique entre les individus. « La monnaie est la liberté frappée » disait Dostovieski.– L’argent a une fonction symbolique. Il renvoie à nos affects les plus profonds. C’est pourquoi il est parfois un objet « hautement inflammable » au sein des relations familiales. Selon un sociologue du début du vingtième siècle « l’argent jette un brouillard d’incertitude sur toutes les relations humaines. L’argent est un objet étrange qui à la fois calme l’angoisse – on dispose d’un stock de précaution – et l’accroît. L’argent dépersonnalise les relations humaines: il permet de ne plus regarder les hommes dans les yeux. » ( Georges Simmel, 1900 )
L’argent est pourtant l’intermédiaire privilégié du lien social et devrait avoir un effet pacificateur (en tout cas mieux que la rapine et le pillage !)
Il est aussi un symbole de pouvoir: j’affiche mon importance, ma supériorité, même si je donne de mon argent. Longtemps les dons ostentatoires, « les largesses » (voir Marcel Maus) étaient destinés à exhiber son opulence, son prestige.– On ne peut déconnecter l’argent de l’avidité. L’envie d’accumuler de l’argent – et des biens- serait, selon les économistes Gilles Dostaler et Bernard Maris (2006) « une fuite inconsciente pour échapper à la douleur et à la pénurie, ces constantes compagnes de l’homme, dans tout processus de civilisation. L’infinité du besoin, l’insatiabilité du principe de plaisir et des pulsions se confrontent sans cesse à la rareté de la nature. »
– Qu’en est-il du corrélat – ou du contraire- de l’accumulation : la dette ? La dette est reliée à la culpabilité de l’homme, et avant tout de l’homme religieux: Dieu n’a-t-il pas envoyé son propre fils pour racheter la dette des hommes: « L’homme rembourse de génération en génération, il n’en aura jamais fini, quels que soient ses efforts. »(Auguste Comte, 1841.) Cette culpabilité sans fin trouverait parfois un « exutoire » dans la névrose.
Enfin, on ne peut négliger, dans les pistes de réflexion proposées, les plus effroyables dilapidations d’argent, et de biens, que sont les guerres.
Suggestions de questions.
– Pourquoi l’argent est-il à ce point tabou ?
– Amasser de l’argent ne traduit-il pas un refus du présent au profit du futur ?
– Que recherche-t-on comme compensation dans l’amour de l’argent ?
– Peut-on réfléchir à l’argent sans prendre une position morale ?Ressources :
France culture. Les chemins de la philosophie, une série intitulée : Dé-penser l’argent (cliquer ici).
1) (Dé) penser l’argent. Georges Simmel,
2) Accumulez, accumulez. D’Aristote à Marx.
3) L’argent, au delà de la morale et de l’économie.
4) L’argent ridicule chez Molière– Rebâtir l’économie avec Keynes. Paul Jorion invité de Caroline Broué. France Culture
– Antimanuel d’économie de Bernard Maris. . La Bibliothèque idéale de l’éco. France Culture
– Effondrement ou ralentissement : 2019 année dangereuse. La bulle économique. France Culture
– L’économie sur le divan. Une série de Entendez-vous l’Eco. France Culture.
– Les temps changent : ça va mal tourner ? Daniel Cohen invité de la Grande Table. France Culture.
– Raison ou sentiments ? (1/3) Adam Smith, penseur des sentiments moraux. Les chemins de la philosophie. France Culture.
– Les explorateurs de l’économie. Une série d’émission de Entendez-vous l’Eco. France Culture.
– Daniel Cohen sur Youtube
– Sommes-nous prêts pour la fin du monde ? Cynthia Fleury, Pierre-Henri Castel et Dominique Bourg invités des chemins de la philosophie.A lire :
– Une interview de G.Dostaler et B,Maris: Capitalisme et pulsion de mort. -
AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.