Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse La pensée positive nous sauvera-t-elle, en tant qu’individu, à défaut de changer le monde ? (Stoïcisme et pensée positive) Sujet pour lundi 09.03.2020

3 sujets de 1 à 3 (sur un total de 3)
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  • #5838
    René
    Maître des clés
      La pensée positive nous sauvera-t-elle, en tant qu’individu, à défaut de changer le monde ?
      Le stoïcisme, un précurseur de la pensée positive ?

      « Le soleil semble épancher et répandre sa lumière, et en effet il l’épanche dans le monde entier ; mais, en s’épanchant, il ne s’épuise jamais. Cet écoulement n’est qu’une simple extension. Le mot qui, dans la langue grecque, signifie ses Rayons a la même étymologie que le mot qui exprime l’idée de s’étendre et de s’épancher. Tu peux voir en effet ce qu’est précisément un rayon de soleil, en observant la lumière qui s’introduit dans une pièce obscure, à travers une ouverture étroite. Elle s’étend et marche en ligne droite ; puis elle se partage, pour ainsi dire, en rencontrant un obstacle solide, qui en prive l’air placé au-delà. C’est sur cet obstacle que la lumière s’arrête, sans glisser en bas et sans tomber. C’est justement ainsi que ton intelligence doit s’écouler et se répandre en tous sens. C’est une diffusion ; ce n’est pas un épuisement, et, quand elle rencontre des obstacles, elle ne doit montrer ni colère ni emportement dans la résistance qu’elle leur oppose ; elle ne tombe pas ; elle reste debout, et elle éclaire de sa lumière tout ce qui la reçoit. Ce qui ne peut pas la réfléchir se prive soi-même de son splendide éclat. »
      Marc Aurèle. 121 – 180. Pensées pour soi-même. Livre VIII, 57

      L’empereur Marc Aurèle tenait son journal de pratique philosophique stoïcienne. Certes, on sait les critiques adressées au stoïcisme, l’abnégation de soi, l’indifférence à la douleur, l’entrainement à se détacher devant toutes les difficultés de la vie : de la perte de tous ses biens à la perte de ses proches (parents, femme/époux et enfants). Bref, pourquoi ne pas mourir sur place tout en restant vivant ? « Tu n’es qu’une âme chétive soulevant un cadavre » (Pensées IV, 41), se répétait Marc Aurèle pour parfaire son détachement.
      Néanmoins, le stoïcisme est empreint d’une profonde éthique. Il s’agit, selon Pierre Hadot, de vivre en accord avec la nature, c’est-à-dire avec la raison sous ses trois modes : la raison intérieure au cosmos, la raison intérieure à la raison humaine et la raison intérieure à l’individu. De fait, il est reconnu que Marc Aurèle incarnait ces valeurs. Part sa pratiques et ses choix personnels et politique, il a cherché à protéger les femmes, les enfants et les esclaves durant son règne.

      J’ai retenu la citation du haut pour sa ressemblance avec des pratiques de pensées positives.

      Des questions :
      – Si le monde n’est que « représentation » (puisque la réalité ultime des choses nous échappe), en dernier recours, faut-il se rabattre sur des formes de pensées positives ?
      – Toutes les pensées positives se valent-elles (ont-elles les mêmes effets pour soi, par rapport à notre manière d’intéragir avec autrui et avec le monde) ?

      Une autre citation :
      « La philosophie est un combat contre l’ensorcellement de notre entendement par les ressources de notre langage. »
      Ludwig Wittgenstein. 1889 – 1951. Recherches philosophiques, §109, p.84.

      Des ressources :
      Les Stoïciens : une philosophie de l’exigence. Une série d’émissions sur France Culture.
      Dire « non » à la positive attitude. Chronique du journal de la philo. France Culture.
      Une vidéo de 10mn sur la philosophie de Wittgenstein. Dixit Philo.
      Stoïcisme. GP. Enclyclo-philo.
      Stoïcisme. Article de histori-philo.


      Le stoïcisme semble naître en réponse à l’effondrement de la Grèce Antique, comme si le retour sur soi s’imposait comme valeur de change avec un environnement qui s’effondre. Mais pourquoi pas ? Jusqu’où une pensée positive pour se sauver soi-même est-elle pertinente pour sauver non seulement soi, mais également d’autres que soi ?  
      #5839
      Hartmann
      Participant

        Salut à tous !

        Pour préparer la discussion de demain, je propose une reformulation de la question.
        A défaut de changer le monde, la pensée positive peut-elle changer les individus ?

        Chaque individu essaye de changer le monde, car le monde semble aller mal. Il pense avoir des réponses ou des solutions à apporter pour que le monde tourne mieux, mais quand il met son idée en oeuvre, rien ne change, voir, cela ne fait qu’empirer les choses.
        Devant cet obstacle, l’individus guidé par son intelligence se recroqueville et se rabaisse.
        La pensée positive semblerait être une méthode pour redonner à l’individus confiance en lui. Autrement dit, une pensée positive, par la formulation de l’intention et la visualisation du succès de son action, permettrait à l’individus de ne pas « laisser tomber » et d’aller de l’avant, c’est-à-dire de dépasser les obstacles qu’il rencontre. Dit autrement, l’homme se laisse arrêter par un obstacle mais il se laisse aussi entrainé par ses idées.
        A ce stade, j’ai du mal à penser ceci : la méthode de la pensée positive semble permettre aux individus de dépasser les blocages qu’il rencontre en ne se laissant pas décourager. Cependant, la pensée stoïcienne n’apprend-t-elle pas au contraire à se détacher de ce qui ne dépend pas de soi au lieu de persévérer dans une logique binaire ?

        #5840
        René
        Maître des clés

          Pour préparer la discussion de demain, je propose une reformulation de la question.
          A défaut de changer le monde, la pensée positive peut-elle changer les individus ?
          (…)
          La méthode de la pensée positive semble permettre aux individus de dépasser les blocages qu’il rencontre en ne se laissant pas décourager. Cependant, la pensée stoïcienne n’apprend-t-elle pas au contraire à se détacher de ce qui ne dépend pas de soi au lieu de persévérer dans une logique binaire ?

          Merci Laurence pour ta proposition et ton excellente problématisation liée à la pensée stoïcienne.
          J’imagine que nos questions vont se lier, se prolonger l’une à l’autre. En effet, jusqu’à quel point l’individu peut-il s’extraire du monde et ne penser qu’à son propre changement ? Son changement ne sera-t-il pas « opérant » que s’il engage des interactions pertinentes ? C’est-à-dire des interactions qui l’impliquent lui et son entourage, et plus largement sa communauté, ses partenaires et finalement le monde ?
          Vivement ce soir qu’on en discute… 🙂

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