Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Que penser du choix britanique de laisser faire l’immunité naturelle pour atteindre l’immunité de groupe ?

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    René
    Maître des clés
      Que penser du choix britanique de laisser faire l’immunité naturelle pour atteindre l’immunité de groupe ?
      La question a été posée pour tester un café philo visio Skype

      Rappel : le virus ne sera pas erradiqué à terme, et pour que la population soit immunisée, il faut que 70% soit infectée (rapport entre la virulence du virus et sa contagiosité).

      Question : pourquoi ne pas laisser se faire naturellement l’immunité de groupe comme chez les Britaniques ?

      Argument 1 :
      Par rapport au choix de Boris Johnson, c’est une théorie sauvage et faussement darwinienne.
      En effet, l’être humain, comme le virus, est un être biologique, c’est donc avec des logiques du vivant que nous devons composer (comme avec l’environnement), et non avec les logiques étroites d’un calcul limité à des intérêts immédiats ou à des logiques politiciennes qui masquent leurs vraies raisons (non préparation, absence de structure, incapacité à penser le risque, désintérêt pour la question de l’intérêt commun, idéologie fallacieuse, etc… )

      Contre argument: L’homme est seul et décide par lui-même. Sa vie est sa liberté, elle ne regarde que lui-même.

      Argument 2 : Oui, c’est vrai lorsqu’on pense pour soi-même. Mais l’être humain est-il seul au monde ?

      Argument 3 : Nul homme n’est pas une ile (John Donne)
      A l’échelle de la société, le raisonnement « pour soi » ne peut pas faire « règle » et être ainsi généralisé, notamment lorsqu’un virus affecte l’humanité, car alors chacun peut contaminer tout le monde au nom de sa liberté d’être infecté.

      Dans le cas du virus, l’homme se contraint en se protégeant lui-même afin de protéger les autres.

      Nul homme n’est une ile, dit le poête. L’homme a toujours été partie intégrante d’une société, laquelle a toujours pondéré un principe de liberté total à une forme de justice (loi du talion ou autre) pour éviter le chaos absolu.

      Or, laisser faire l’immunité naturellement, c’est pensé que la nature ordonne sa justice. Mais la nature n’est pas juste, et la justice est considérée comme l’expression même de la liberté des êtres humains de pouvoir s’organiser et de s’émanciper des déterminismes radicaux de la nature. De plus, ne pas protéger autrui, c’est renier le principe d’empathie naturelle qui régit le principe de solidarité entre les membres d’une espèce, voire entre des espèces (qui collaborent entre elles et forment à large échelle une « écologie »).

      Pourra-t-on trancher sur ce sujet ?
      Les pays qui adoptent la politique de l’immunité naturelle vont accuser un nombre de morts plus élevés que les autres. L’organisation sociale de ces sociétés ne pourra pas être jugée optimale. En effet, si l’on considère que les « meilleures sociétés » sont celles qui permettent au plus grand nombre de leurs citoyens d’apprendre, de se développer, de s’émanciper de leurs déterminismes, de s’ouvrir à la vie, de s’enrichir sur tous les plans, de s’autonomiser, de se moderniser en préservant un environnement viable, de réduire la violence qui est intrinsèque à toute société, etc.
      Le but d’une société, peut-on estimer, n’est pas seulement de permettre la survivance des soi-disant les plus aptes, mais de permettre que s’élabore le cadre (une législation) qui autorise le développement/épanouissement de tous et de chacun. La philosophie, c’est-à-dire, les raisons argumentées qui permettront de penser cette éthique du développement/épanouissement des êtres humains et des sociétés commence là.

      La question de la mort, sur un plan individuel
      – En revanche, je serai d’accord sur l’idée que nos sociétés doivent apprendre à mieux composer avec l’idée de la mort, du départ de chacun de sa vie. On peut d’autant mieux se réconciier avec l’idée de sa propre fin lorsque précisément, on a pu et su offrir le meilleur de soi pour le plus grand bien qu’une société nous permet de réaliser.

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