Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse La dénonciation des biais cognitifs conduit-elle à la vérité des faits ? Sujet pour lundi 22.06.2020

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
  • Auteur
    Messages
  • #5866
    René
    Maître des clés
      La dénonciation des biais cognitifs conduit-elle à la vérité des faits ?

      Il est possible que vous n’ayiez pas échappés à ces chroniques radios ou télévisuelles qui dénoncent les biais cognitifs (erreur de raisonnement). Les auteurs nous éclairent ainsi souvent sur les « manipulations » de tel ou tel communiquant (homme politique, journaliste, médecin, philosophe, etc.). Dès lors, on se retrouve comme soudainement éclairé par la manipulation du moment. Exemple vidéo en 5mn : Clément Viktorovitch : Macron, un discours pour rien ?

      Une définition et des exemples :
      Les biais cognitifs dérivent de la pensée logique et ont tendance à généraliser des raisonnements particuliers à des situations/événements incomparables. Ils constituent des façons rapides et intuitives de porter des jugements ou de prendre des décisions qui sont moins laborieuses qu’un raisonnement analytique, lequel prendrait en compte des informations les plus pertinentes à la résolution d’un problème. Ces jugements rapides sont souvent utiles mais sont aussi à la base de jugements erronés typiques.
      Exemples:
      – Le biais de confirmation
      Le biais de confirmation est la tendance, très commune, à ne rechercher et ne prendre en considération que les informations qui confirment les croyances et à ignorer ou discréditer celles qui les contredisent.
      – L’effet de halo
      L’effet de halo se produit quand la perception d’une personne ou d’un groupe est influencée par l’opinion que l’on a préalablement pour l’une de ses caractéristiques. Par exemple, une personne de belle apparence physique sera perçue comme intelligente et digne de confiance. L’effet de notoriété est aussi un effet de halo.
      – Le biais rétrospectif
      Le biais rétrospectif est la tendance à surestimer, une fois un événement survenu, comment on le jugeait prévisible ou probable.
      – L’illusion de corrélation
      L’illusion de corrélation consiste à percevoir une relation entre deux événements non reliés ou encore à exagérer une relation qui est faible en réalité. Par exemple, l’association d’une caractéristique particulière chez une personne au fait qu’elle appartienne à un groupe particulier alors que la caractéristique n’a rien à voir avec le fait qu’elle appartienne à ce groupe.
      – Le biais de cadrage
      Le biais de cadrage est la tendance à être influencé par la manière dont un problème est présenté. Par ex. la décision d’aller de l’avant ou pas avec une chirurgie peut être affectée par le fait que cette chirurgie soit décrite en termes de taux de succès ou en termes de taux d’échec, même si les deux chiffres fournissent la même information.
      – Le biais d’ancrage
      Le biais d’ancrage est la tendance à utiliser indument une information comme référence. Il s’agit généralement du premier élément d’information acquis sur le sujet. Ce biais peut intervenir, par exemple, dans les négociations, les soldes des magasins ou les menus de restaurants. (Dans les négociations, faire la première offre est avantageux.)
      – Le biais de représentativité
      Le biais de représentativité est un raccourci mental qui consiste à porter un jugement à partir de quelques éléments qui ne sont pas nécessairement représentatifs.

      Ressources sur les biais cognitifs
      Olibier Sibony : Prise de décision et biais cognitifs: l’exemple du COVID-19. Conférence durant le Covid par HEC Paris Webinar
      Le virus des biais : ce que la crise du Covid-19 révèle du comportementalisme. Un article critique d’Olivier Pilmis et Patrick Castel (sociologues) dans AOC.
      Qu’est-ce que véritablement un biais cognitif ? Par David Poulapre (Science Etonnante) dans sa série Crétin de cerveau)
      Les chroniques toujours brillantes de Clément Viktorovitch chez Clique (mais sont-elles justes pour autant, et sans biais cognitifs ?

      Ressources sur la/les sciences et philosophie
      Bachelard : penser les ruptures en sciences. Une conférence de Vincent Bontems (Chercheur CEA)
      La science et la philosophie se touchent-elles ? Jean-Jacques Szczeciniarz, philosophe mathématicien, invité d’Etienne Klein.
      La vérité. Conférence avec Barbara Cassin, philosophe, Sylvie Fainzang, anthropologue, Gilles Cohen-Tannoudji, physicien.
      Réconcilions la science et la philosophie ! Artcile de Hervé Zwirn, physicien et épistémologue dans Crns Journal.
      Science et philosophie. Paolo Parrini. Article de Cain Info.
      Qu’est-ce que la science ? De la philosophie à la science : les origines de la rationalité moderne. Cairn info.
      Qu’est-ce que la science ? Patrick Juignet Sur son site Philosophie, Science et Société.
      Science et philosophie. Simone MANON sur son site : Philolog.

      Proposition pour notre débat :
      – Je fais référence à quelques biais cognitifs, et on essaie de répondre à la question de départ : La dénonciation des biais cognitifs conduisent-ils à la vérité des faits ?
      > On essaie de faire évoluer autant le débat (en éclairant les limites de nos propos, nos contradictions, les questions qui se posent, etc…) que la question de départ que l’on précise, redéfinit afin de voir également en quoi elle nous piège (nous enferme dans des présupposés).
      – A voir avec Nikky si elle souhaite faire le rappel des règles durant le débat, lorsque certains de nos intervenants (y compris moi-même) s’égarent dans des considérations hors sujets, de longues explications, la multiplication des exemples ou se répètent indéfiniment d’une séance à l’autre, nous font la morale, s’évertuent dans le prosélytisme de leurs convictions, etc. – plutôt qu’ils ne questionnent les idées.)
      – Sinon, com d’hab, on parle à son tour, avec une priorité pour les personnes qui s’expriment le moins. B)

      Une citation en rapport avec notre sujet :
      « Entraîné par cette preuve de la puissance de la raison, notre penchant à étendre nos connaissances ne voit plus de bornes. La colombe légère qui, dans son libre vol, fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait s’imaginer qu’elle volerait bien mieux encore dans le vide. C’est ainsi que Platon, quittant le monde sensible, qui renferme l’intelligence dans de si étroites limites, se hasarda, sur les ailes des idées, dans les espaces vides de l’entendement pur. Il ne s’apercevait pas, que, malgré tous ses efforts, il ne faisait aucun chemin parce qu’il n’avait pas de point d’appui, de support sur lequel il pût faire fonds et appliquer ses forces pour changer l’entendement de place. C’est le sort ordinaire de la raison humaine, dans la spéculation, de construire son édifice en toute hâte, et de ne songer que plus tard à s’assurer si les fondements sont solides. »

      Kant, Critique de la raison pure, Introduction.

      #5867

      le lendemain …
      //////////////
      Les biais cognitifs sont partout
      Les Echos 200623 LA CHRONIQUE d’Olivier Oullier

      Il n’est jamais inutile de rappeler que nul ne peut se prévaloir d’être
      objectif, neutre ou non biaisé.

      Pourquoi ?

      Tout simplement parce que l’objectivité, la neutralité ou l’absence de
      biais n’existent pas. Quelles que soient votre qualité ou votre profession,
      médecin, scientifique, journaliste, artiste, enseignant, juge, politicien,
      caissier, athlète, syndicaliste, forumien ou bandit de grand chemin, vous
      êtes subjectif et biaisé.

      Ce n’est ni une bonne ni une mauvaise chose, c’est comme ça.

      La crise du Covid-19 a réservé quelques moments ironiques où des
      journalistes et autres éditorialistes ont martelé, à très juste titre
      d’ailleurs, l’importance d’un groupe contrôle dans la méthode clinique
      permettant de valider ou non l’efficacité d’un traitement médical.

      Mais les mêmes ont ensuite discuté de mesures de politiques publiques, de
      sondages d’opinion ou d’avis d’économistes sans jamais en questionner la
      méthode, sans jamais demander si des groupes contrôle avaient été utilisés
      pour les valider.

      Nécessité du contrôle

      La précipitation avec laquelle éditorialistes,médecins, scientifiques et
      politiques ont soit soutenu soit cloué au pilori certains traitements
      médicaux au gré des avis et de travaux scientifiques publiés à grande
      vitesse au cours des dernières semaines est navrante.
      Et peut s’avérer dangereuse quand cela mène à des décisions de politiques
      publiques précipitées.
      Faire la leçon sur l’importance d’une méthode rigoureuse est plus que
      bienvenu, c’est primordial. Encore faut-il (se) l’appliquer.

      Quiconque se proclame neutre ou objectif est dans le meilleur des cas
      ignorant.

      Les biais sont non seulement partout mais contrairement à ce que nos amis
      économistes nous racontent, ils sont la norme plus que l’exception.

      Ils sont comme la force gravitationnelle : décider arbitrairement qu’elle
      n’existe pas ne vous empêchera pas de chuter.

      D’où la nécessité du contrôle, dans la méthode comme dans le propos.

      Car, scientifique comme journaliste, quand on se prend les pieds dans le
      tapis,
      la chute n’est jamais sans gravité.

      Olivier Oullier est président de la société de neuro-informatique Emotiv.
      https://www.emotiv.com/ https://www.emotiv.com/about-emotiv/

      https://www.linkedin.com/in/oullier/
      https://www.linkedin.com/company/emotiv/people/ très internationale
      https://oullier.wordpress.com/ anglais

      September 2011 – present Aix-Marseille Université
      Fédération de Recherche 3C (Comportement, Cerveau, Cognition),
      FR3512Marseille, France Position Full professor of behavioral and brain
      science
      ////////////////////////////

    2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
    • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.