Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Confinés, saison 2.1. Zoom philo : Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? (à partir d’une interview de François Galichet), lundi 02.11.2020 + zoom filmé.
- Ce sujet contient 2 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Hartmann, le il y a 4 années et 8 mois.
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30 octobre 2020 à 18h14 #5956Qu’est-ce qu’une vie accomplie ?
Nous nous inspirons d’une courte interview de François Galichet, philosophe, qui demande : Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? (titre de l’un de ses derniers ouvrages 07.2020).
Dans l’interview en question (durée 10mn, RTS Suisse, octobre 2020), François Galichet fait une proposition vers la fin. Parlons-en.
Proposition pour le débat :
Écoutez l’interview de votre côté avant le débat (cliquer ici) . Si vous ne l’avez pas écoutée, on en résumera les propos. Eventuellement, reportez-vous vers le bas de ce message pour lire une présentation de l’ouvrage par son auteur.
> Formulons la proposition que nous décelons pour notre sujet… et débattons de celle qui retiendra notre attention.
> Si nécessaire, nous réorganiserons les propositions pour choisir celle qui regroupe le plus grand nombre d’éléments communs à toutes les propositions énoncées, éventuellement, nous voterons pour l’une d’entre elles si le choix se révèle cornélien.Ressources
– L’interview en question de François Galichet sur la RTS.
– Site de François Galichet.
– Présentation de son ouvrage : Qu’est-ce qu’une vie accomplie ?
– Présentation Youtube de Qu’est-ce qu’une vie accomplie ?
– Lien pour feuilleter l’ouvrage : Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? Odile Jacob.Ps : Mr. Galichet se joindra volontiers à notre débat, si la possibilité lui en ait donnée.
J’espère également que nos amis au loin pourront nous rejoindre. L’occasion pour nous de profiter d’une richesse plus grande donnée par la diversité des participants.Lien de participation à la réunion Zoom :
https://us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09ID de réunion : 829 9187 3181
Code secret : 264413Connexion dès 18h30 pour socialiser. Débat à 19h00
Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
– On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
– Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
– Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.Quelques indications techniques pour participer
– Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
– Inscrivez votre nom pour demander la parole. (chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
– Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donne la parole
– Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
– Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)Quelques indications pour participer au débat.
Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
On peut également intervenir brièvement dans le débat par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
– Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
– On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
– Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
– On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
– Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple, en :
> relevant des contradictions,
> en répérant une thèse défendue dans une intervention,
> en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
> en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
> en formulant un contre argument,
> en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
> en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
> en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,> Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.
Présentation de son ouvrage, Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? par François Galichet (extrait tiré de son site)« Ce livre prend sa source dans une enquête menée auprès de personnes– dont une actualité récente a montré qu’elles étaient nombreuses en France – détenant le moyen de quitter la vie sans douleur ni violence Cette enquête, qui fait l’objet d’un chapitre de l’ouvrage, débouche sur un constat paradoxal : la grande majorité d’entre elles déclarent être plus heureuses, plus sereines, plus désireuses de vivre que si elles n’avaient pas ce moyen.
Comment expliquer que la liberté réelle de mourir permette de mieux vivre ? C’est tout l’objet du livre. Il vise à montrer que cette capacité à délimiter sa vie la transforme. Elle n’est plus une condition à assumer, comme la plupart des philosophies nous le disent. Elle devient une œuvre à accomplir, comme un peintre crée un tableau ou un écrivain un roman. Elle exige une réflexion continue, une évaluation de soi qui ne se réduit pas à une simple méditation et, conduit, selon le mot de Nietzsche, à « se voir au-dessous de soi-même ».
La crise pandémique récente a révélé le statut problématique de la vie biologique. Pour la préserver, on a sacrifié momentanément les autres formes de vie – sociale, culturelle, économique, et même politique. Elle s’est érigée en fin souveraine, préalable et condition de toutes les autres. Mais certains se sont insurgé contre cette « tyrannie de la santé à tout prix » et ont revendiqué le droit de prendre des risques.
Comment arbitrer entre ces deux positions ? Le livre examine le cas d’écrivains (Zweig, Hemingway, Romain Gary ) qui se sont donné volontairement la mort, mais seulement quand ils jugeaient leur œuvre accomplie. Peut-on transposer cette démarche à la vie elle-même ? La réponse à cette question permet de distinguer une vie « accomplie » d’une vie « réussie », « épanouie », « heureuse », ou même simplement « bonne ». A la sagesse de Spinoza qui invite chacun à « persévérer dans son être », elle préfère celle de Montaigne qui recommande de « mourir quand on doit et non quand on peut »
4 novembre 2020 à 14h55 #5957Merci à Christian Mrasilevici pour la mise en ligne de la vidéo de notre échange (Cliquer ici).
Merci également à François Galichet et à Michel Tozzi pour leur participation à ce débat.
Une problématique complexe :
Dans cette discussion, trois problématiques s’entremêlent :
1° Celle liée à l’accomplissement de la vie, notamment celle qui est mise en rapport avec la question de l’euthanasie volontaire, ce que des témoins révèlent de leur motivation dans l’ouvrage de François Galichet : Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? (Feuilleter l’ouvrage ici)2° Par rapport à l’interview et à la crise du Covid. L’idée du sacrifice est-elle comparable à celle du don ? De quelle manière se rapporte-t-elle à la question du don et du contre-don si, en tant que personne âgée, j’offre ma place en réanimation par rapport à une personne plus jeune ?
3° Le rapport à la crise de la Covid et la question des places en réanimation. La valeur d’échange a-t-elle bien lieu entre le jeune et la personne âgée, compte-tenu que seules ( quasiment) les personnes âgées sont concernées par le nombre limité de lits en réanimation ?
Enfin, et pour ne pas l’oublier, une question de fond se trame dans cette discussion, à quelle idée de l’homme (sur quels plans, et avec quelles valeurs) s’opèrent les échanges entre les générations ? (plan individuel, social, politique, voire économique), tensions entre des valeurs de subjectivité, des valeurs de normes et d’universel.
Des repères par rapport à la vidéo :
3.17 mn. Introduction du sujet par François Galichet
> Il y a trois registres de vie :
– 1° Vie biologique (persister dans la vie, dans son être, ref à Spinoza)
– 2° Désir de reconnaissance (rapport à autrui, l’être humain comme être social)
– 3° Reclus dans le confinement (réduction Husserlienne), je peux me consacrer à ma vie intérieure, à ma vie comme œuvre.9.00 mn. Proposition à questionner : les jeunes sacrifient leur vie, que peuvent donner les personnes âgées en échange de leur sacrifice (Marcel Mauss, théorie du don)
> Réserve : il est inacceptable que le pouvoir (le gouvernement) se réserve le droit de sacrifier qui il veut. En revanche : en raison d’un rapport au devoir et à l’esthétique (élégance morale) : en tant que personnes âgées, on peut déclarer par avance, que l’on cède sa place pour des personnes plus jeunes.Un message à tous les participants : il peut être intéressant de rédiger ci-dessous une problématique ou une idée, une question que vous avez retenue ou qui vous a interpelée. Eventuellement, vous pouvez me les joindre pour que je les poste pour vous. D’avance merci.
10 novembre 2020 à 21h25 #5959Bonjour à tous,
J’ai fait un compte-rendu à partir de mes notes.
Il existe trois manières de voir la vie :
– Une vision biologique qui nous pousse à perpétuer notre espèce. L’individu persévère dans son être (cf Spinoza)
– Le désir de reconnaissance
– Une approche esthétique de la vie. Elle est une œuvre dont nous sommes les auteurs et les seuls lecteurs. Elle a une valeur pour elle-même.Ce débat part du constat qu’en France, la pandémie du Covid a poussé la capacité hospitalière de prise en charge en réanimation, à son extrême limite. Dans un contexte où 70% des morts du Covid ont plus de 80 ans, on peut dire que ce sont eux, les principaux demandeurs de place en réanimation. Ils semblent donc monopoliser un service qui est disponible pour toutes les tranches d’âge en temps normal.
Par opposition, la vie des jeunes semble aujourd’hui sacrifiée. Les mesures du gouvernement visant à protéger les plus âgés et à éviter le risque d’engorgement des hôpitaux, ont un impacte sur la vie des jeunes (récession économique, restriction des activités sociales et sportives, chômage). Le risque encouru est d’ordre éthique. En cas d’engorgement, les médecins seraient dans l’obligation de choisir les patients qui peuvent bénéficier d’une place et du service de réanimation. On ne peut pas accepter dans une démocratie, d’imposer cette charge aux médecins, ni de passer par la loi pour poser des critères de choix de vie ou de mort.
Ainsi ce qui est demandé aux personnes âgées, est de laisser leur place à d’autres personnes qui ont besoin d’un lit. Ce faisant, elles font un sacrifice c’est-à-dire qu’elles offrent leur vie pour sauver celle de quelqu’un d’autre. C’est aussi une question d’honneur car il s’agit de s’effacer devant autrui, selon la pensée de Lévinas qui place la responsabilité de l’autre comme une éthique (Après-vous). Cela semble faire partie des gestes éthiques et vertueux dont il est difficile d’évaluer la portée. Il existe trois types de personnes admirables : les héros, les sages et les saints.Interventions :
– Nous parlons du sacrifice des jeunes comme s’il s’agissait de quelque chose d’essentiel. Pourtant, on les prive de sortir boire un verre ou on fait obstacle à leur recherche d’emploi. Mais cela est-il comparable au sacrifice d’une vie. Peut-on appeler cela un sacrifice ?– « La génération sacrifiée » est un terme utilisé dans le domaine du développement durable pour désigner les nouvelles générations qui héritent d’une planète, la Terre, dont les ressources sont limitées et polluées, d’un système bancal qui n’est plus viable à long terme et qui menace la survie de l’espèce humaine. Ce terme, sortie de son contexte initiale, ne cristalliserait-il pas l’opposition des générations ?
– Le problème n’est-il pas dans le fait que le budget de la santé a été sacrifié ? (perspective économique et politique de la question)
– Nous possédons tous un instinct de survie. Alors, pourquoi moi – qui suis sénior – je devrais mourir pour tel autre individu ? En quoi mérite-t-il plus la vie que moi ? En quoi sera-t-il plus utile à la société que moi ?
– Reprendre l’expression : « Les femmes et les enfants d’abord » (pour expliquer le sacrifice demandé aux personnes âgées), signifie-t-il que l’on assiste au naufrage de l’hôpital et du service public ?
– Peut-on parler d’un échec du dialogue intergénérationnel ?
– Quel est le sens de la valeur donnée à une vie dans la mesure où nous sommes liés les uns aux autres. Ainsi, si je donne un sens à ma vie, je ne sais pas quelle importance j’ai pour autrui. C’est à la société de se réapproprier la mort afin de permettre à penser la mort sur un plan collectif / et non plus de manière autocentrée.
Bonne soirée !
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