Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Confinés, saison 2.2. Zoom philo : A quelles conditions acquiert-on un esprit critique ? A partir d’un fait divers (réf. à Edwige Chirouter), débat pour lundi 09.11.2020

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
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  • #5958
    René
    Maître des clés
      A quelles conditions acquiert-on un esprit critique ?

      Deux émissions de radio motivent ma question, l’une relate un fait divers, l’autre, les conditions d’apprentissage à l’esprit critique:
      Le fait divers (durée 2.43mn, que l’on peut écouter ici) Guillaume Erner (Les Matins de France Culture) évoque un titre en première page du Parisien : Hommages à Samuel Paty : une collégienne mise en examen pour apologie du terrorisme à Paris. On se posera la question de l’interprétation de ce comportement, que l’on associera à la question de la formation de l’esprit critique.

      2° Peut-on apprendre l’esprit critique ?
      Le temps du débat (France Culture). Durée 39mn. Avec Edwige Chirouter (maître de conférences en sciences de l’éducation + responsable du DU des pratiques philosophiques. Mathieu Farina (membre de la fondation La Main à la pâte) et Christian Savary (professeur d’histoire, fondateur de l’association lycéenne des Sentiers de la mémoire.
      > Dans cette émission il est question de temps long pour la formation de son esprit critique et de la complexité que cela représente. En effet, personne ne possède tous les savoirs, comment dès lors adopter une posture critique, alors que chaque discipline requiert de plus en plus de savoirs pour acquérir un début de maîtrise ?
      Pour notre débat, saisissons-nous des questions / réponses apportées dans cette émission, mais pour nous les approprier : A quoi se heurte la formation (la nôtre, celles des élèves, celles des politiciens, celles des scientifiques, etc…) la formation de l’esprit critique ? A quelles conditions pouvons-nous poursuivre sans fin la formation de notre esprit critique ?

      Autre ressources
      Former l’esprit critique des élèves. Eduscol – Education. Du Ministère de l’éducation. (Merci Gwenaele pour le lien)
      Bachelard : penser les ruptures en sciences. Conférence de Vincent Bontems. Cité des Sciences et de l’industrie.
      Chaire Unesco « Pratiques de la philosophie avec les enfants ». Présentation d’Edwige Chirouter.
      Développer une expertise éducative en animation d’ateliers philosophiques. Lien vers le DU.
      – 19èmes Rencontres Internationales sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques 2020. Le programme sur zoom ici, du 19 au 20 novembre 2020.
      – Une autre illustration du fait divers : L’arrestation de quatre élèves de CM2 pour « apologie du terrorisme » suscite la polémique. Que dit le Ministre de l’intérieur ? Article et vidéo tweet (une invitation à la dénonciation ?) A voir (?)

      Lien de participation à la réunion Zoom :
      us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09
      ID de réunion : 829 9187 3181
      Code secret : 264413

      Connexion dès 18h30 pour socialiser. Débat à 19h00[

      Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
      – On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
      – Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
      – Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.

      Quelques indications techniques pour participer
      – Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
      – Inscrivez votre nom pour demander la parole. (chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
      – Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donne la parole
      – Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
      – Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)

      Quelques indications pour participer au débat.
      Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
      On peut également intervenir brièvement dans le débat par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
      – Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
      – On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
      – On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
      – Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.

      Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple, en :
      > relevant des contradictions,
      > en répérant une thèse défendue dans une intervention,
      > en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
      > en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
      > en formulant un contre argument,
      > en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
      > en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
      > en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,

      > Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.

      #5961
      Hartmann
      Participant

        Bonjour à tous,

        Voici mes notes. J’ai respecté l’ordre chronologique des prises de parole pour rendre compte de la manière dont progresse le débat, comment les arguments se font écho et comment ils se répondent.
        Bonne lecture B)

        Premier tour de parole : interrogation des participants
        – Notre jugement est-il neutre au départ ?
        – Pourquoi ne peut-on pas aborder l’esprit critique en classe ?

        Deuxième tour de parole : définitions de l’esprit critique
        – Il faut distinguer l’esprit critique (qui consiste à interroger) et le fait de critiquer. Ce débat n’est pas autour de la liberté d’expression. L’esprit critique relève d’une éducation.
        – C’est la capacité à réinterroger toutes les choses à chaque fois.
        – Avoir de l’esprit critique c’est l’examen des idées et des choses dans l’intention d’aller « pour » et non d’aller « contre » l’idée ou la chose.
        – Avoir de l’esprit critique ce n’est pas être dans l’hypercritique.
        – L’esprit critique c’est le fait de ne pas absorber une idée sans se poser des questions. Nous sommes formatés et on nous demande en même temps d’avoir un esprit vierge afin de remettre en question ce que l’on nous apprend.
        – Est-ce que développer son esprit critique s’approche plus d’essayer d’avoir différents points de vue ou bien est-ce que c’est le fait de chercher une objectivité / des vérités (dans le dernier cas, cela revient à un débat stérile).
        – Une des conditions qui permet d’avoir un esprit critique est d’avoir un minimum d’expertise dans le sujet en question.
        – Une des conditions qui permet d’avoir un esprit critique est de posséder une grille de lecture, d’avoir des principes.

        – Pourquoi naturellement certaines personnes ont un esprit critique et d’autres non ?

        – L’esprit critique semble faire partie de l’esprit humain. Nous pourrions nous demander à quelles conditions on exerce ou on n’exerce pas son esprit critique. Pour avoir un esprit critique, faut-il comprendre l’autre ? / faut-il pouvoir prendre en compte l’autre ?

        – L’expérience de Milgram de la soumission à l’autorité peut éclairer le débat sur les conditions d’exercice de l’esprit critique.

        – L’exercice de son esprit critique suppose que le sujet mette en forme un raisonnement qui est soutenu par un ensemble, un monde, une logique, un système entier.

        – Avoir un esprit critique c’est se mettre à la place d’une autre personne. Il faut « être choqué » par ce qu’elle dit ou ce qu’elle fait. Les limites de ce qui nous choque ne doivent pas être définies par la loi / le droit car ce sont des limites que chacun doit apprendre à mettre.

        – Il faut savoir d’où on se place pour exercer son esprit critique. Par exemple, si je me place du côté d’une culture λ, je dois avoir conscience du point de vue duquel je me place pour penser la situation.

        – L’exercice de son esprit critique peut se trouver diminué ou limité s’il n’est pas possible de remettre en cause toutes choses faisant attrait à l’examen critique. Le sacré ou la sacralisation rend-t-il « intouchable » l’idée, le fait ou la personne qui fait l’objet d’un examen critique ?

        – Le point de départ de l’exercice de son esprit critique est l’écoute. Être dans une position de neutralité permet de prendre en compte ce que l’on entend.

        – Une des raisons pour lesquels on n’exerce pas toujours un esprit critique c’est que l’on a besoin de sécurité et donc de certitudes.

        – Pour faire l’exercice de son esprit critique il faut avoir des armes : il faut pouvoir opposer un raisonnement construit au raisonnement qui se présente comme donné. « J’accepte que quelqu’un ne soit pas d’accord avec moi. Mais je n’accepte pas qu’elle ne soit pas d’accord avec elle-même. » (C’est de qui ???)

        – Parce que l’esprit critique n’est pas « utile » ni « efficace » au sens de productif, il faut du temps. C’est un processus lent qui ne peut se faire que dans la paix et le confort.

        – Nous avons tous des points aveugles c’est à dire des idées prérequises qui sont articulées par une logique admise se pensant comme fondée. C’est à partir de ces points que l’on juge que ce sont les autres qui manquent d’esprit critique. La religion n’est pas le seul domaine où il est difficile d’articuler les concepts avec un examen critique de la situation. Le contexte sanitaire actuel en est la preuve. Il faut savoir poser des catégories et repenser constamment l’architecture dans lesquelles elles se comprennent.

        – L’autocorrection se définit comme le moment à partir duquel nous remettons en cause nos propres théories. C’est à partir de là que l’on commence à penser. Dans le contexte de l’enseignement, nous ne faisons pas preuve d’esprit critique si chaque question de l’élève est tout de suite résolue ou comblée par une réponse fermée et définitive. C’est en nourrissant et en supportant le questionnement des élèves que l’on développe leur esprit critique.

        – « On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitude qu’il est capable de supporter.» Emmanuel Kant

        – L’autorité est une valeur structurante.

        ➡ Pour résumer, il semble que les conditions données ci-dessus pour mettre en œuvre son esprit critique peuvent être regroupées en 6 groupes :
        Le temps
        La sécurité et la liberté d’expression
        Un socle de connaissance, une intelligence du propos
        L’autonomie de penser (face au sacré, à l’autorité, …)
        L’empathie, l’écoute, la prise en compte de l’autre
        La neutralité, l’autocorrection contre le formatage

        ➡ L’esprit critique peut-il être mise en œuvre si une des 6 conditions n’est pas respectée ?

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