Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Zoom philo 5.8. Qu’appelle-t-on pAnser ? (Bernard Stiegler), présenté par Britt pour lundi 24.05.2021

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    René
    Maître des clés

      QU’APPELLE-T-ON PANSER ? (Bernard Stiegler)
      Suggéré et introduit par Britt, co-auteur avec Christian du site : Rencontres et Débats Autrement, (cliquer ici pour y accéder)

      Lien de participation à la réunion Zoom :
      https://us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09
      ID de réunion : 829 9187 3181
      Code secret : 264413

      Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00

      QU’APPELLE-T-ON PANSER ?

      Cette question m’a interpellée. C’est le philosophe du numérique, Bernard Stiegler, qui la pose dans son dernier livre publié peu de temps avant sa disparition inattendue et prématurée .
      S’agit-il de soigner notre époque en crise par une pensée-action qui s’inspire de ses maîtres à penser : de Heidegger – auteur de « Qu’appelle-t-on penser ? « – Derrida, Deleuze§Guatarri, Simondon, Freud, Nietzsche,Kant, Aristote…. ? En fait B. Stiegler réactualise ces penseurs à la lumière de notre présent qu’il s’agit de « panser » au sens de soigner.

      Du « OSE SAVOIR ! » de Kant inspirant la pensée émancipatrice des LUMIÈRES, au « COMMENT OSEZ-VOUS ? » que la jeune Greta Thunberg adresse au dernier sommet du Forum économique mondial à DAVOS, face à Donald TRUMP ( le « président Twitter ») , B.Stiegler déploie la philosophie de l’Occident, en se mettant résolument du côté de la génération Thunberg.

      Comment ce « philosophe dans la Cité » passe-t-il du penser au panser ?

      Penser véritablement, selon Bernard Stiegler, c’est « panser », c’est rétablir un rapport de considération à l’autre, car c’est par les liens que nous nous construisons. B. Stiegler reprend le concept de « biosphère » pour établir que nous nous construisons en tant que « vivant » et sur tous les plans : géologique (le calcaire issu des coquillages et des squelettes), puis le biologique jusqu’aux sociétés humaines, depuis la techné (l’outil), la philosophie, les sciences, la sociologie, l’économie. En finalité, c’est par les concepts, que l’homme prend sa place dans le monde et lui donne sa direction (son éthique, son mode de vie). Or, aujourd’hui, les détenteurs de concepts, ce sont les GAFAM (acronyme : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et les logiciels par lesquels ils maitrisent les pensées, les comportements, les sciences et l’économie.

      En fait, B. Stiegler réarme la pensée par les concepts pour repenser notre rapport au monde.

      Parmi la multitude des concepts que B.Stiegler crée et rédéfinit, prenons-en trois :
      le PHARMAKON, l’ENTHROPIE ou anti-entropie (différent de l’entropie) et la NÉGUENTHROPIE.
      Le PHARMAKON signifie à la fois poison et remède. Toute technique est originairement et irréductiblement ambivalente : l’écriture alphabétique, par exemple, a pu et peut encore être aussi bien un instrument d’émancipation que d’aliénation. le web peut être dit pharmacologique, il est à la fois un dispositif technologique, permettant la participation et un système industriel dépossédant les internautes de leurs données pour les soumettre à un marketing omniprésent.. Poison et remède, le pharmakon peut aussi devenir le bouc-émissaire de l’incurie qui ne sait pas en tirer un parti curatif.

      L’entropie résulte de la dispersion (refroidissement) de l’énergie qui se transforme en matière. L’ ANTIE-ENTROPIE, de son côté, se rapporte à la destruction des liens qui sont réduits à des procédures, à des logiques calculantes. D’un côté, l’enthropie est destruction, la NEGUENTHROPIE est construction, régénération, elle est une création/créativité résultant des soins apportés aux liens.

      Un exemple
      Contre le règne universel des algorithmes, qui sont une prolétarisation des savoirs (mécanique, automatique, dogmatique) aboutissant à « l’homme calculable sans qualités », B. Stiegler veut réintroduire l’individuation individuelle et collective, les singularités et les valeurs de l’incalculable, tels le lien social, la contribution, – autant dans le domaine du travail que sur le world wide web, dont il veut réaffirmer la portée délibérative et contributive (logiciels libres) et la réappropriation / réhabilitation des « savoirs » humains, de la capacité à penser-panser.

      Dans la pratique, sur le terrain.
      Au lieu de « pendre les banquiers » et renverser le capitalisme, il veut créer des laboratoires territoriaux de recherche-action – à l’image de celui qu’il a créé sur le territoire de Plaine Commune à Saint Denis – en les étendant à l’Inde, l’Afrique du Sud, bref, aux régions du monde les plus gravement frappées par les désastres qui s’annoncent (inondations, pauvreté, migrations).

      Avec son groupe de penseurs et chercheurs internationaux B.Stiegler entend appliquer ces concepts néguanthropiques autant au www (world wide web) qu’à l’Anthropocène et au réchauffement climatique. En janvier 2020 il s’est adressé au secrétaire général de l’ONU, António Guterres avec une lettre signée par les membres de sa nouvelle association INTERNATION , les amis de la génération Thunberg, qui compte parmi ses membres, entre autres, le philosophe Jean-Luc Nancy ou le prix Nobel Jean Marie Le Clezio.

      Ressources
      Qu’appelle-t-on panser ? La leçon de Greta Thunberg. Un entretien vidéo de 20mn par Thierry Ternisien d’Ouville.
      L’interview de Britt et Christian (plus détaillé), Bernard Stiegler, La leçon de Greta Thunberg. Durée 1h08.
      Imaginaires des futurs possibles : La technique. Conférence entre Dominique Bourg, Bernard Stiegler et Mathieu Arnoux. Université de Lausanne. (A partir de la mn 30, B. Stiegler explique bien sa pensée.)
      Une série consacrée à Bernard Stiegler (fort intéressant). A voix nue. France Culture.
      Pourquoi nous n’apprendrons plus comme avant ? Un entretien entre Michel Serres et Bernard Stiegler. Durée 59mn
      Bernard Stiegler: panser le monde en suivant Greta Thunberg. Sur la RTS le 22.01.2020.
      Pharmakon. Le site avec les cours de Bernard Stiegler.
      Bernard Stiegler : « Cette épidémie révèle la vulnérabilité de nos systèmes » Un article sur Anti-K
      Introduction aux concepts de Bernard Stiegler et du collectif Internation. Article de Open Edition.
      Le vocabulaire de Bernard Stiegler. Sur le site Arsindustrials.
      > Voir notamment :
      Pharmakon
      Mécroissance
      Richesse et Valeur (nouveau critère)


      Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00

      Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
      – On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
      – Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
      – Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.

      Quelques indications techniques pour participer

      – Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
      – Inscrivez votre nom pour demander la parole. (Elle est donnée à chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
      – Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donnent la parole
      – Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
      – Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)

      Quelques indications pour participer au débat.
      Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
      On peut également intervenir brièvement par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.
      - Souvenez-vous : vous êtes dans un café philo, vous devez témoigner de votre attention à questionner vos pensées, et non pas d’affirmer ce que vous croyez être vos vérités.
      – Attention également à ne pas répéter ici ce que vous entendez sur vos écrans tv, ne reproduisez pas, lors de nos rencontres, les manières de débattre mise en spectacle par les médias qui recherchent le buzz. Ce n’est pas notre but que de les imiter, nous ne sommes pas dans des rapports de force et de pouvoir, mais dans un rapport réflexif : mise en perspective des savoirs, mise en dialogue des argumentations .

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
      – Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
      – On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
      – On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
      – Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.

      Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple :
      > en relevant des contradictions,
      > en répérant une thèse défendue dans une intervention,
      > en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
      > en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
      > en formulant un contre argument,
      > en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
      > en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
      > en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,

      D’un point de vue technique (Michel Tozzi et François Galichet), la philosophie mobilise quatre grandes compétences cognitives : conceptualiser, problématiser, argumenter et interpréter. On se concentre sur ces aptitudes de sorte à ne pas se contenter ici du simple échange de ses idées, du plaisir à étaler ses savoirs, de l’arrogance à se donner raison.

      > Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.

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