Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Méthodes, échanges sur les pratiques, gestion des problèmes concernant l’animation des débats › Intervention d’Edwige Chirouter : Philosopher avec les enfants : un enjeu politique, un enjeu pour l’émancipation. BNF 2021
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18 juin 2021 à 13h39 #6026
La Bibliothèque nationale de France BnF en partenariat avec l’Unesco, l’université de Nantes et le CREN (Centre de recherche en éducation de Nantes) explore le rôle que peut jouer la philosophie dans la formation de l’esprit critique et dans l’apprentissage d’une citoyenneté éclairée dès le plus jeune âge.
Retrouver ici l’intervention d’Edwige Chirouter (minute 1h35), suivie de celle de François Galichet
Ci-dessous, ma prise de note de son intervention.
B) Origine de la philo pour enfant :
Lipman dans les années 70 (disciple de Dewey), un philosophe au service d’une démocratie basée sur le réel, l’enquête, le problème et la démarche scientifique.
Dewey (comme Martha Nussbaum aujourd’hui) : La démocratie ne se réduit pas à une vision techniciste et formelle (voter tous les 5 ans), cela devrait être plutôt un mode de vie, une dynamique, un ensemble d’habiletés, d’habitude à se conduire, à se parler les uns avec les autres.
D’où l’idée pour Lipman de créer des communautés de recherche philosophique au service de la démocratie (en résonance avec la démocratie).B) Par rapport à la culture/la littérature :
Peut aider à penser les concepts (la vérité, justice, l’amour…) en protégeant de l’intime (ce qui peut être problématique car trop d’affect sont en jeu) or la littérature nous implique mais indirectement (les personnages nous touchent, ils font des choix qui nous interpellent). Et il y a autant d’interprétations du monde que de sujets au monde.
☝A partir de là, deux écueils à éviter : celui du relativisme (tout se vaut, on peut dire tout et n’importe quoi) et le dogmatisme (il n’y a qu’une réponse possible).
On peut dire que le complotisme résulte du fait que l’on peut dire tout et n’importe quoi sans tenir compte de la raison (argumentation), des faits et de la science (des savoirs).B) 4 axes structurent la pratique philo avec les enfants :
1° l’enfant est considéré comme un interlocuteur valable (ses questions sont plus importantes que le savoir transmis comme un donné fixe)
2° le rapport aux savoirs (le savoir est en formation, les questions qu’il pose, son appropriation doivent être pris en compte (plutôt que le jugement sur le savoir)
3° l’exigence de bienveillance entre les enfants est une éthique structurante des rapports entre eux (par opposition aux rapports de rivalité)
4° la posture facilitatrice de l’enseignant (plutôt qu’une posture strictement autoritaire du sachant) instaure une éthique de respect, de la réciprocité (dans une communauté de recherche).
B) De fait, la pratique philosophique peut servir de modèle pour refonder l’école et mettre en œuvre 5 pédagogies :
1° une pédagogie de l’enquête, du problème et de l’interprétation (par opposition à une transmission passive, froide et dévitalisée des résultats)
2° une pédagogie du sens, de l’expérience, de la sensibilité qui met en écho les savoirs et le sens que les enfants leur donnent (ses questions sont importantes).
3° une pédagogie de l’intelligence collective pour cultiver l’esprit de coopération (et non la rivalité).
4° une pédagogie critique des valeurs qui instaure un rapport réflexif à la norme, la loi et aux conflits (plutôt que l’obéissance aveugle aux règles et injonctions morales)
5° une pédagogie de la lenteur (pour apprendre patiemment à grandir et à penser)Il s’agit de donner corps à des « oasis de pensée » (Hannah Arendt), des oasis du temps et de l’espace coupés de l’affairement du monde et où les participants peuvent prendre de la distance pour penser sereinement ensemble.
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