Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Le temps est-il en nous ? Sujet présenté par Laura pour lundi 23.08.2021

Affichage de 1 message (sur 1 au total)
  • Auteur
    Messages
  • #6061
    René
    Maître des clés
      Sujet : Le temps est-il en nous ?
      Merci Laura pour cette question et son introduction ci-dessous

      > La tradition des cafés philo veut que les rencontres soient ouvertes à tous, sans discrimination de couleur, de niveau, de religion, de classe et encore moins de maladie, qui plus est, sans symptôme (protégez-vous néanmoins).
      On se rencontre sur le parvis de la Mairie (donc, face à la brasserie Maître Kanter). En cas de mauvais temps, on se retrouve dans le parc Montessuit, à l’abri du kiosque
      [/center]

      « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre”
      Blaise Pascal (1623-1662 – Pensée, B139, Divertissement)

      Lorsque nous nous attardons à regarder un chat s’étirer, nous pensons que pour lui, le temps n’existe pas ou qu’il est sans importance. Mais lorsque nous sommes dans le même état d’esprit que le chat, pour nous le temps est compté, il nous contraint. Il y a mille choses à faire, se rendre à un entretien, faire les courses, aller à une cérémonie. Le temps donne le cadre à nos agissements, il est une prison. Au niveau sociétal, politique et économique, c’est dans son cadre que les échanges se règlent. Depuis la nuit des temps, il y a donc une composante objective du temps. Le temps est aussi une grandeur physique mesurée par la montre, tandis que la chronobiologie nous enseigne que notre physionomie répond également d’une horloge interne.
      Pouvons-nous défendre l’idée que le temps est-il en nous ?
      Ou, à l’inverse, qu’il nous échappe dans une extériorité ?

      Si toute vie, qu’elle soit animale, humaine, bactérienne, végétale a une certaine durée sur Terre, existe-t-il dans le même temps une perception subjective du temps vécu ? Elle serait liée au sujet, à son état d’esprit individuel, à ses émotions. Une personne triste ne verra jamais le temps passer, une personne joyeuse le verra passer trop vite.

      Les aphorismes qui suivent ont été́ rédigés par Guy Debord en 1967 dans son œuvre La société du spectacle. Le philosophe pense que dans toute société capitalise les vécus subjectifs et individuels et les transforme en représentations, en spectacles.
      « 30 – L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé (qui est le résultat de sa propre activité inconsciente) s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. L’extériorité du spectacle par rapport à l’homme agissant apparaît en ce que ses propres gestes ne sont plus à lui, mais à un autre qui les lui représente. C’est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout ».
      « 150 – Le temps pseudo-cyclique est un temps qui a été transformé par l’industrie. Le temps qui a sa base dans la production des marchandises est lui-même une marchandise consommable, qui rassemble tout ce qui s’était auparavant distingué, lors de la phase de dissolution de la vieille société unitaire, en vie privée, vie économique, vie politique. Tout le temps consommable de la société moderne en vient à être traité en matière première de nouveaux produits diversifiés qui s’imposent sur le marché comme emplois du temps socialement organisés.
      « 154 – [ …] La réalité du temps a été remplacé par la publicité du temps ».

      Questions : Le temps ou les temps ? Peut on donner une priorité au temps subjectif sur le temps objectif ? Dans quelle mesure la société écrase-t-elle la subjectivité ? Pour quelles raisons ?

      Références possibles :
      Blaise Pascal, Pensées, 139, 1669 ;
      Emmanuel Kant, une brève explication du concept du temps (de son existence a priori). Belin Education.
      Edmund Husserl, sur la conscience intime du temps. La page Wikipédia
      Henri Bergson, L’Évolution créatrice, 1907, sur la conscience du temps subjectif en tant que durée. Le précepteur. Durée 30
      Le temps, note sur la temporalité chez Merleau-Ponty. Article de Patrick Leconte. Philopsis.

      Prolongement : Ce texte nous questionne sur la possibilité de sortir de l’état d’asservissement de l’être humain à la production industrielle, de la nécessité́ de rechercher une humanité plus vraie. Est-il possible que le temps soit induit par l’extériorité ? Sans renoncer à la vie en société, l’individu peut-il sortir de l’asservissement du temps objectif et concilier son existence aux rythmes de la vie sociétale ?

      Conte oriental de l’enfant qui ne voulait vivre que les bons moments
      Un enfant obtient d’un génie le privilège d’abréger les moments ennuyeux de l’existence. Écolier, il ne conserve que les récréations et précipite les cours ; puis il demande d’abréger la durée de son service militaire et le temps de ses études pour épouser la femme qu’il aime, puis de voir vite grandir ses enfants, ensuite de se retrouver à la retraite, enfin d’abréger une vieillesse importune. Au total, il n’a vécu que quelques jours.

      Sujets corrélés :
      La citation de Pascal avait été traité dans notre café philo en 2014 (voir compte-rendu ici)

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer la raison de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on tente de faire progresser le débat, c’est-à-dire, d’en clarifier les enjeux.
      – Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques sociales, éthiques, philosophiques qui sous-tendent son argumentation.
      – On évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.

    Affichage de 1 message (sur 1 au total)
    • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.