Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Une culture porte-t-elle en elle « les archives » de traumatismes individuels ou collectifs ? Par Marie-Thérèse ce lundi 11.04.2022 + Compte rendu.
- Ce sujet contient 1 réponse, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 3 années et 2 mois.
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6 avril 2022 à 4h23 #6244Retour chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville, Annemasse, tous les lundis à 19h00 pour notre café philo
Sujet proposé par Marie-Thérèse :
Une culture porte-t-elle en elle « les archives » de traumatismes individuels ou collectifs ?– Voici quelques citations tirées du livre de Peter Sloterdijk « Colère et temps ».
– On peut soit interroger ces citations, soit s’en inspirer pour des questions qui dépassent le sujet ci-dessus.« L’histoire a sans doute sous-estimé chez l’homme, et au sein des sociétés, cette dimension irréductible du désir humain de détenir une valeur et de se faire valoir. »
« Toutes les cultures ne sont-elles pas , ouvertement ou à couvert, des « banques de traumatismes » …On pourrait tirer la
conclusion que des mesures destinées à éteindre le feu couvant des souvenirs de souffrance doivent faire partie des
règles de prudence de toute civilisation. »« On aimerait non seulement être fier de soi-même , mais tout autant de l’ami, de « l’alter ego » qui se distingue aux yeux
du commun des mortels. »« Sur le terrain de la reconnaissance, l’homme devient l’animal … qui risque sa vie pour un chiffon de couleur, un
drapeau, un calice.« La désapprobation de soi prouve que l’homme dispose d’une idée innée , quoique confuse, de ce qui est adapté, juste
et louable, ce dont le non-respect suscite l’objection d’une conscience morale qui s’efforcerait de contrôler ses affects.» Quant aux « perdants » , (parfois détenteurs de ces « archives » ) le Vieux Monde connaissait les esclaves et les serfs: ils
étaient les vecteurs de la conscience malheureuse de leur temps. Les temps modernes ont inventé « le perdant ».Quelques ressources:
– La Vie des Idées. La politique du temps. Article, cliquer ici.
– Le temps de la colère ? Peter Sloterdijk. Revue Limite. Article, cliquer ici.
– Conférence-débat avec Peter Sloterdijk du 25.11.2021.
– Axel Honneth – La lutte pour la reconnaissance (La Suite dans les Idées. France Culture. 2016) Cliquer ici.
– Axel Honneth « Thème de la reconnaissance « . Article Cairn info 2004.————————————-
Règles de base du groupe
– La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
– On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
– Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
– On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
– On s’efforce de faire progresser le débat.
– Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.Compte rendu ci-dessous————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Lien vers notre forum anti-covid, anti complotisme ici.
– Lien vers notre forum sur le thème de la guerre Russo-Ukrainienne.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)8 avril 2022 à 11h04 #6247Ci-dessous, le compte rendu du sujet :
Une culture porte-t-elle en elle « les archives » de traumatismes individuels ou collectifs ?Nous étions une quinzaine de personnes. Il a fallu donner le temps au sujet de se « chercher », mais les interventions furent riches, notamment lorsqu’elles ont pu s’articuler avec les problématiques du moment (conflit russo-ukrainien et gestion du covid), évitant les abstractions, les trop grandes généralités et impliquant chacun.
Notons que lorsque les participants faisaient le lien entre leurs interventions et la question de départ, ils aidaient à maintenir le fil conducteur du débat.Quelques questions retenues :
1° De quelle manière le collectif crée-t-il des ordres de valeurs discriminant (pro-vax / anti-vax, pro Russe vs pro Ukraine) ou différentes sortes de racismes (culturels, religieux) ?
2 De quelle manière nos propres traumas sont-ils directement liés aux discriminations du moment ?
3° Nos traumas peuvent-ils avoir une autre origine (dans notre enfance) et néanmoins se greffer sur ceux du discours discriminant du moment pour y trouver un exutoire ?
4° Les traumas se transmettent-ils de génération en génération (si oui, comment, par des récits, des émotions, une mémoire cellulaire, des habitudes de vie ?)
> Dans le cas de trauma transmis, est-ce encore un trauma ou une sorte de mémoire, un conditionnement ou encore un message à décoder, une destin à assumer, une mission à poursuivre ?
> Y a-t-il trauma si nous n’avons pas été affecté directement par l’événement, mais seulement par sa « transmission » ?Des questions sous forme d’expériences de pensée :
– Si nous étions vierges de tout trauma ou si nous en sommes guéris (thérapie, méditation, etc) est-ce que nous nous laisserions embarquer dans les discours discriminants du moment ?
– Si nous sommes guéris de nos traumas, avons-nous les solutions pour répondre à ceux d’autrui ou à ceux de la société de façon plus saine ?Une proposition a été faite : l’homme ne peut vivre sans frustration, il porte en lui le besoin d’évacuer ses tensions, de rejeter sur l’autre le malheur de son présent. De fait, en tant que personne et en tant que « société », des espaces médians où le conflit peut s’exprimer (se formuler, se travailler, s’évacuer) doivent coexister avec des lieux de création, de construction, de médiation, de « compréhension », de vérité, de restauration.
Merci à Ana qui a transmis son écrit avant le débat :
Une culture porte-t-elle en elle « les archives » de traumatismes individuels ou collectifs ?Idées associées et reformulation de la question :
Traumatismes, discours, identités… Comment ces archives du passé s’articulent dans le moment présent ?Question 1. Quel récit privilégie-t-on en regard à :
1) nos préoccupations du moment (état d’esprit et disponibilité dans l’instant présent ou impératif/priorité à prendre en compte),
2) à nos projets dans lesquels nous sommes inscrits,
3) à nos valeurs les plus fondamentales.Un postulat, généralement admis, bien qu’il demande à être mieux documenté.
Ces « archives » ne sont pas des faits « fermés et objectifs », mais un « quelque chose en dynamique qui s’élabore dans un continuum en lien avec une identité en construction.Question 2. Quelle place a l’altérité ?
Quelle influence le système de valeurs du capitalisme actuel (croissance infinie, consumérisme) joue-t-il dans l’appréciation d’autrui ?
Autrement dit : entre la reconnaissance pour soi et la reconnaissance induite par la société de consommation, comment chacun se définit-il entre le « pour-soi » et le « pour-autrui » (Sartre) ?Questions autour de la notion de valeur /estime de soi:
Cette valeur de reconnaissance pour soi et/ou pour la société (ce qu’elle attend de soi) est-elle inestimable (du point de vue éthique, économique, philosophique, biologique (risque t-on sa vie pour un chiffon) ?D’où viennent nos valeurs, comment les construisons-nous ? Comment les hiérarchisons-nous ?
Pensons aux accords de Versailles à la fin de la première guerre mondiale, quel rôle l’humiliation infligée à l’Allemagne a-t-elle eu dans le ré-enclenchement de la seconde partie de guerre 39/40 ?
Expérience personnelle :
Nous parlions d’Ukraine avec un groupe d’espagnols, tous convaincus derrière la thèse du gouvernement : envoyer plus d’armes à l’Ukraine.Il a fallu faire référence aux blessures de la guerre d’Espagne : Si la communauté internationale ne nous avait pas laissés tomber, nous n’aurions pas souffert autant d’années sous Franco (la famine, les persécutions, la misère, en particulier l’année 53). Nous ne pouvons pas reproduire ce que nous avons vécu avec le peuple ukrainien.
En bref, on s’appuie sur le traumatisme collectif pour penser celui de l’Ukraine, alors que ce n’est pas la même histoire, la même époque et que d’autres moyens d’actions existent (se présenter comme pays médiateur, contribuer seulement aux soins, repenser la stratégie de l’Otan…)
On ne peut généraliser son cas personnel à celui d’autrui, en l’occurrence à un autre peuple et à une autre époque.Merci Ana pour l’extrait de texte ci-dessous :
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René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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