Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Sujet libre ce lundi 02.05.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu à partir d’une citation de Platon (Critérias, science et bonheur)
- Ce sujet contient 1 réponse, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 3 années et 2 mois.
-
AuteurMessages
-
28 avril 2022 à 16h42 #6264Retour chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville, Annemasse, tous les lundis à 19h00
Le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants
Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
– On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent.
– De fait, nous faisons philosophie par la capacité à questionner les raisons par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)
– La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite proposer une question à l’avance est toujours ouverte, il suffit de la proposer et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu (on l’inscrit dans l’agenda).
———————————–
Le sujet de la semaine passé :
– « La véracité n’a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques. »
Hannah Arendt – « Du mensonge à la violence » (1969). Essais de politique contemporaine, Calman-Lévy. Edition. 2021 p. 13
Et non dans « Les origines du totalitarisme », comme dit initialement.
+ son compte rendu est ici.
————————————-
Règles de base du groupe
– La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
– On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
– Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
– On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
– On s’efforce de faire progresser le débat.
– Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Lien vers notre forum anti-covid, anti complotisme ici.
– Lien vers notre forum sur le thème de la guerre Russo-Ukrainienne.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)5 mai 2022 à 18h31 #6266Compte rendu de la séance du 02.05.2022“
Débat à partir de la citation de Platon : « Ce n’est pas de vivre selon la science qui procure le bonheur ; ni même de réunir toutes les sciences à la fois, mais de posséder la seule science du bien et du mal” (Critias)Nous étions une douzaine de participants.
Reginald a proposé cette citation de Platon, qui fut immédiatement adopté pour le débat :“Ce n’est pas de vivre selon la science qui procure le bonheur; ni même de réunir toutes les sciences à la fois, mais de posséder la seule science du bien et du mal”
Etape exploratrice / organisatrice :
Se pose la question de ce que l’on entend par science, mais aussi par bonheur, et surtout, de la possibilité pour les notions du « bien et du mal » (l’éthique) d’en élaborer une « science »; c’est-à-dire, un savoir dont on pourra mesurer à la fois l’efficience et le bonheur obtenu.Un exemple a été proposé par Karima : faire du tourisme avec Space X (Elon Musk) nécessite beaucoup de science et est susceptible de procurer beaucoup de bonheur.
Question et problématique :
Space X relève certes de la science, mais surtout de la technique. Les sciences, ainsi que les techniques, si elles peuvent être liées à un certain bonheur (ou à des formes d’excitation, de plaisir, d’enthousiasme), peuvent-elles être liées au « bien et au mal » ?
Dans cet exemple, on observe que l’articulation « science et technique », qui sont des « pratiques », ne se trouvent pas sur le même axe que « bien et mal », qui sont des valeurs.
La science relève d’une méthodologie cognitive (d’une mise en oeuvre de la pensée en vue d’une certaine fin : établir un savoir). La technique, de son côté, relève d’une manipulation d’objets, par des moyens opérationnels, et dont on mesure le mouvement entre un avant et un après la manipulation.Précisons néanmoins ce qu’on appelle « science », et de quelle manière diffère-t-elle de la « technique ».
La science s’oppose à la doxa (l’opinion, l’expérience du moment), elle est un savoir, dont on peut généraliser l’énoncé (exemple, une loi de la physique (chute des corps) ou des principes : rien ne peut naitre de rien). Ce savoir peut porter sur une diversité d’objets (la physique, la nature, la santé, l’histoire, la sociologie, l’éducation…) il se constitue avec méthode et dont on peut questionner la manière dont il s’est constitué (l’épistémologie). Ainsi, à l’opposé d’une opinion (issue le plus souvent d’un oui-dire) le savoir constitué du moment peut rendre compte de son élaboration, et se soumettre à une critique argumentée, en vue de vérifier les rapports de vraisemblance entre la chose et l’énoncé sur la chose en question.
Remarquons qu’il est possible de mener l’enquête sur la véracité possible d’une opinion, et faire l’examen critique d’une opinion, de sa raison d’être, du sens qu’elle prend, à défaut d’être « vraie ».La technique relève de la capacité opérationnelle d’un objet à agir sur un autre. Par exemple, la taille d’un silex qui, pour le rendre tranchant, comprend un savoir-faire et ainsi, un savoir (une science, une théorie) associé à un faire.
Mais, sommes-nous assurés de pouvoir faire du bien et du mal, une science ? Dans l’affirmative, le bonheur procuré par ce savoir l’emporterait-il sur celui de voyager dans l’espace ? (Si nous reprenons cet exemple).
Toutefois, l’édification d’un savoir, lui, est facteur d’un certain bonheur, celui de comprendre, celui de résoudre des difficultés, celui de créer.De fait, la science a permis la construction d’une certaine technique ou, inversement, la technique s’est faite « science » a posteriori (par retour réflexif sur les pratiques). Mais, il n’est pas dit que toute technique contribue au bonheur qui, comme nous l’avons vue, relève de l’axe des valeurs.
La question du rapport entre l’usage des techniques / des sciences et de leur rapport au bonheur reste ouverte. Le bonheur, néanmoins, peut être relatif à un usage de la science et des techniques, sans lui être intrinsèquement lié. Le bonheur peut être indépendant de la science et des techniques. Ils maintiennent entre eux des rapports de coexistence, non de nécessité.
Question qui, dans la suite de notre sujet, ouvre sur celle du bien et du mal et de la possibilité d’en constituer une science.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » Rabelais. (Voir ici une explication. The Conversation)
Il faut entendre ici que la science (ajoutons la technique) doit être mise au service de l’humanité, et non s’aveugler de ses propres réalisations.Bizarrement, nous n’avons pas beaucoup développé la question du bonheur, qui restait sous-tendue à une idée d’accomplissement (et moins à celle de l’intensité d’une excitation passagère). Nous ne recherchons pas tous le même bonheur, n’est-ce pas ? Sans compter qu’il varie d’une époque à l’autre, d’une culture à une autre. Pourtant, nous ne saurions nier l’idée de « constante anthropologique » et de la nécessité de repenser les Lumières (voir Corine Pelluchon, Les Lumières à l’âge du vivant). Le débat est resté sur l’idée à creuser des nouvelles manières d’entrevoir un bonheur ou des bonheurs sur un plan universel, et non seulement celui issu de la pensée occidentale.
Commentaire :
Certains participants expriment une gêne, voire un ennui avec des sujets non préparés à l’avance. En effet, ils sont plus difficiles à « structurer », il faut s’autoriser à « tâtonner », on éprouve alors la difficulté de le penser…Cette approche empirique ne correspond pas à tout le monde. Nous en convenons, elle est plus exigeante, néanmoins, elle oblige à être plus attentif à l’autre, à ses dires, et à dépasser ses prêt-à-penser.Peut-être que les insatisfaits, s’ils le veulent bien, peuvent soumettre à l’avance une citation, un extrait de texte (10 à 20 lignes) et l’accompagner ou pas, d’une question ?
Pour l’éthique, il existe une discipline, à défaut d’être une science dure (exacte), elle pose des principes, dont on peut questionner les présupposées, les valeurs. Par exemple, ceux de l’éthique appliquée pose 4 principes fondamentaux :
1° Ne pas faire de mal (avoir conscience de l’effet de ses actes sur l’autre)
2° Faire du bien (être animé d’une intention bienveillante)
3° Respecter l’autonomie de l’autre (valeur de liberté du sujet)
4° Être juste (valeur d’égalité entre tous les sujets)
Voir ici cette courte vidéo sur l’éthique appliquée. Durée 2.23mn) -
AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.