Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Des cafés philo sur Grenoble › Prochain sujet, introduit par Enzo : De quoi le mérite est-il le nom ? pour mardi 26 aout 2025 à 18h30 au café Chimère, 12 rue Voltaire. Grenoble
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4 août 2025 à 9h05 #7834
Nous nous réjouissons de notre amitié avec l’UTEM (Université de Terrain Edgar Morin). Merci également au café citoyen la Chimère, 12 rue Voltaire, Grenoble d’accueillir notre pratique des cafés philo (Lien vers le café la Chimère citoyenne, ici)
Durée des débats (1h30 environ > jusqu’à > 20h30 maximum)
Discussion informelle pour celles/ceux qui souhaitent poursuivre
Entrée libreMerci à Enzo pour la proposition du sujet et son introduction :
« De quoi le mérite est-il le nom ? »
Le mérite est une notion ancienne, à la fois familière et hautement valorisée dans nos sociétés modernes. Il évoque spontanément une certaine idée de justice morale : celle selon laquelle chacun recevrait ce qu’il mérite, c’est-à-dire ce qu’il a gagné par son travail, ses efforts, ses talents, ou ses choix personnels. Cette conception du mérite exalte des valeurs comme la responsabilité individuelle, l’autonomie, et la dignité du travail accompli, en rupture avec une organisation sociale fondée sur les privilèges de naissance, l’arbitraire ou l’appartenance à un groupe.
Dans cette perspective, le mérite semble une base juste et équitable pour répartir les rôles, les récompenses et les positions sociales. Une société « méritocratique » serait alors celle qui, ayant neutralisé les facteurs d’injustice (privilèges, discrimination, favoritisme), offre à chacun une chance équitable de réussir en fonction de ce qu’il est et de ce qu’il fait. En ce sens, la référence au mérite peut apparaître comme une promesse démocratique : plus besoin d’être riche, noble ou héritier pour être reconnu ; ce qui compte, c’est ce qu’on accomplit soi-même.
Mais cette promesse se heurte à une série de tensions et de paradoxes, qui remettent en cause à la fois la réalité du mérite et son usage politique. Car dans les faits, la reconnaissance du mérite est loin d’être neutre ou transparente. Très souvent, réussite et mérite sont confondus : on suppose que ceux qui occupent les positions les plus élevées — les plus riches, les plus puissants, les plus célèbres — l’ont bien mérité, comme si leur situation prouvait leur valeur intrinsèque. Cette croyance transforme le succès en preuve de vertu, et l’échec en signe d’infériorité morale. Ainsi, l’idée de mérite, qui devait initialement permettre de lutter contre l’arbitraire social, peut aussi servir à le justifier a posteriori, en présentant les inégalités comme légitimes dès lors qu’elles seraient méritées.
Dans ce contexte, le mérite devient un objet philosophique et politique central, car il touche à la question de la justice :
– Qu’est-ce qui est juste ? Est-ce de récompenser selon l’effort ? le talent ? le résultat ?– Peut-on juger équitablement des individus dans une société profondément marquée par les inégalités de départ (éducation, famille, conditions sociales) ?
– À quelles conditions la référence au mérite peut-elle être moralement défendable et politiquement féconde, sans se transformer en outil de légitimation des hiérarchies ?
– Parler du mérite, c’est donc parler de ce que nous considérons comme juste, de la manière dont une société distribue ses récompenses, ses honneurs, ses richesses — et de ce que ces distributions révèlent sur nos valeurs collectives.
Il nous faudra ainsi interroger cette notion sous plusieurs angles :
– Ce que le mérite prétend désigner (l’effort, la vertu, la compétence) ;
– Ce qu’il désigne réellement dans les faits (souvent : la réussite sociale, les positions acquises) ;
– Et ce qu’il devrait désigner, s’il devait rester fidèle à son idéal de justice.
Le débat portera donc moins sur une définition unique du mérite que sur les multiples fonctions (morales, sociales, idéologiques) qu’il remplit aujourd’hui, pour mieux comprendre ce que cette notion nous dit — ou nous cache — de l’ordre social dans lequel nous vivons.
– Parler du mérite, c’est parler de ce que nous considérons comme juste.
– Méritez-vous ce qui vous arrive ?
– La vie vous récompense-t-elle selon votre mérite ?
– Le mérite fait-il justice ?
– Se peut-il que la société soit injuste ?Quelques références :
Justice : bien juger pour bien agir par Michael Sandel. Sur France Culture, ici.
Le mérite, selon le Précepteur, n’existe pas. Une interview avec Noé Jacomet
Les transclasses, du point de vue de Chantal Jacquet. Une interview de Laura Raim, Les Idées Larges.L’affiche du sujet
Quelques règles concernant nos échanges
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.
– Pas d’attaque ad hominem /ad persona.
– On essaie de rendre compte des raisons de sa pensée et de faire évoluer le débat.
– Chacun est le bienvenu, quelles que soient sa confession, sa classe sociale, sa formation et ses références philosophiques.L’approche du café philo de Grenoble
C’est une approche plutôt non-directive, centrée sur les questions des participants. Nous nous efforçons de faire évoluer le débat au fur et à mesure de nos échanges.
Nous partons du principe que chaque participant est adulte, autonome, responsable de sa pensée et de ses comportements. On note également que le participant est curieux d’examiner aussi bien les arguments de sa pensée que de ceux d’autrui.
Nous nous appuyons en fait sur l’idée qu’une écoute compréhensive et qu’un partage structurant et structuré de nos réflexions ne peut être que profitable à tous, à une socialisation réflexive en partage et à une philosophie en travail.Ce que le café philo n’est pas :
Le café philo n’est pas un lieu de propagande politique ou religieuse, ni il n’est celui d’une mise en spectacle de soi. On n’y vient pas faire la leçon aux autres ou répéter ce que l’on sait déjà, chacun étant déjà par lui-même l’auteur de sa propre pensée. L’effort que nous faisons porte sur une réflexivité mise en partage, sur l’écoute de l’autre et du débat qui se construit : on y assume les hésitations d’une pensée qui se cherche.————————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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