Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Avons-nous tout notre temps ? Sujet du lundi 20.04.2015
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14 avril 2015 à 20h57 #5221Avons-nous tout notre temps ?
Pouvons-nous compter sur le temps pour changer ?
Comment penser le temps ?
Le temps peut se penser en termes linéaires : de la naissance à la mort, du début de l’univers vers sa fin.
Le temps se pense également en termes de cycles : l’alternance des jours et des nuits, des saisons.> La linéarité renvoie à l’usage que nous faisons du temps, comment nous le rendons témoin de notre évolution, ce que le temps permet d’achever.
> Le cycle interroge davantage la notion d’éternité, le sens qui se situe au-delà de l’aspect immuable des jours, des saisons, des années. Saint Augustin (pour ne citer que lui) justifie cette séparation : l’homme est dans le temps, Dieu est dans l’éternité.L’un de nos défis sera de penser le temps de façon à ne pas le perdre :blink:
– Il y a donc les questions que pose la définition du temps (ce qu’il est ontologiquement parlant, notamment du point de vue de la physique).
– Il y a les problèmes mécaniques que nous pose le temps. Il passe sans nous attendre, à moins que ce soit nous qui passions, et sans que « le temps newtonien » et la course des étoiles n’en soient altérés.
– et il y a les perceptions psychologiques du temps. Comment vivons-nous nos temps intérieurs ? Qu’est-il raisonnable d’attendre du temps ? Autrement dit, qu’attendons-nous du temps, en vain, ou à bon escient ? B)Autres questions :
– Que recouvre la notion d’éternel retour de Nietzsche ? Nous permet-elle d’accéder à une dimension de soi qui se situe hors du temps ?
– La fin de l’histoire (Fukuyama) a-t-elle eu lieu autrement ? Notamment par la réduction des espaces que nous offrent les outils de la communication informatique: notre entourage, le monde lui-même, et tous les savoirs qu’il contient, sont « virtuellement » présents, à la portée d’une série de clics. Le temps a-t-il perdu toute substance ?Les ressources sur le web sont innombrables, en voici quelques unes :
– Un cours assez bien fait sur maphilo
– Un recueil de texte philo sur le temps sur philonnet
– Le temps et sa flèche, une conférence d’Etienne Klein sur Canal U tv
> L’éternel retour (Nietzsche) dans Philagora
– – L’éternel retour dans wikipedia
– – L’éternel retour par un philosophe anonyme sur Djaphil
> La fin de l’histoire (Francis Fukuyama) dans Wikipedia
– – La fin de l’histoire sur France-Culture
– – La fin de l’histoire dans L’AgoraGestion du cadre du débat :
– Marie-Thérèse modère le débat.
– Caroline distribue la parole ou, en cas d’absence Wedad, Catherine, Karine,…
– René introduit le sujet.Autre information
Nous faisons voiture commune depuis Annemasse-Genève pour nous rendre aux Rencontres sur les Pratiques Philosophiques cet été, les 24, 25 et 26 juillet (Voir les infos ici).
> Notre programme se précise : nous partons jeudi 23 au matin. Visite d’un site dans l’après-midi. Nuit-étape vers Nîmes. Arrivée à Sorèze vendredi midi pour le début du séminaire. Retour lundi matin le 27, et arrivée à Annemasse dans l’après-midi. Nous contacter ici ou lors du café philo si intéressé. Merci__________________________
Les principes qui régissent notre café philo sont ici (PDF)20 avril 2015 à 14h57 #5228Chers-es amis-es,
Ci-dessous, je vous communique un message de notre ami Jamal
Une expérience originale :
Passionné par la thématique du temps, mais arrivant avec certitude très en retard au débat philosophique, j’ai pensé à une expérience que René, que je remercie ici pour son accueil, m’invite à mettre en pratique.Notre amie, Catherine, complice indispensable dans cette affaire, et que je remercie chaleureusement, va incarner mon rôle en lisant trois courtes interventions à trois moments différents.
Il s’agit donc d’une interaction décalée avec vous, participants présents, partageant un même instant présent, se renouvelant sans cesse et un même espace; et des contraintes de l’espace-temps de mon côté, me dirigeant vers vous, et réfléchissant à ce que peut être la discussion en mon absence, intervenant néanmoins et à distance dans votre débat.C’est donc un exercice à ne pas prendre au sérieux dans lequel je force le trait de la simultanéité, des interactions et des communications décalées : une forme de présence à distance, une absence « active » localement, une mise en valeur du cours du temps et surtout une tentative de séparation de la notion du temps de celle du devenir.
Catherine lit mon texte après l’introduction. Durée + – 2 minutes
Mes Chers
Encore une fois mon regret de ne pas pouvoir être avec vous, à temps. Je vous invite à l’expérience de pensée suivante.
J’ai été surpris de lire si facilement les passages de « confessions du livre XI de Saint Augustin » sur le temps écrit pourtant au 4è siècles. Notre langage sur le temps n’a pas changé, à regret, car depuis, il y a eu Newton, Spinoza, Kant, Einstein, Dirac, Heidegger et bien d’autres. Aussi bien leurs découvertes, que les subséquentes découvertes philosophiques négatives, devraient nous interdire de continuer à parler du temps comme nous le faisons. A ce titre il me parait fondamental de séparer la notion de temps de celle du devenir ; c’est-à-dire l’irréversibilité du temps de celle des états des systèmes. Penser c’est d’abord se confronter au langage. Définir le temps est un entreprise difficile. La raison tient à ce qu’on le rapporte à chaque fois à lui-même et l’on bute aussi tôt contre des tautologies. Peut-être convient-il, comme nous y incitent les spécialistes, de s’attarder sur sa fonction.
A l’instant où ( nom du lecteur ) vous communique mon message, je suis en train de rouler vers vous. Je réalise qu’ayant ma propre masse, et comme le veulent les lois de la physique, j’ai mon temps propre. Mon temps propre ne peut pas être le vôtre. Mon référentiel propre en mouvement dicte une désynchronisation, dans l’absolu, de nos horloges. Quel que soit l’information que je veux vous communiquer, il lui faudra nécessairement un certain temps pour vous parvenir. Ceci de sorte que jamais, je ne puis voir, étant distant mais aussi en mouvement par rapport à vous, dans le même instant présent l’émission de mon message et sa réception par vous. J’ai imaginé ce subterfuge, dans lequel (nom du lecteur) vous lit mon message, pendant que vous partagez le même instant présent et le même espace, alors qu’ailleurs, je pense à vous en train de l’entendre. Cette délégation trompera-t-elle la vigilance de l’Espace-Temps? J’en doute.Au début du second quart d’heure. Durée 1.2 minute
Mes Chers
Je m’approche de vous et ne résiste pas à citer cette formulation déroutante de Guitry que je m’applique avec humour: « Jamal est en retard, c’est donc qu’il va venir… » J
Depuis Newton, nous savons que le temps est la seul chose dans l’univers qui ne dépend pas du temps. C’est-à-dire, comme nous le disent les érudits, que le temps ne change jamais sa façon d’être le temps au court du temps. Ainsi, en écrivant les équations de la physique, nul n’est obligé de préciser ni pour quel moment, ni à quel moment elle sont écrites. A charge alors du temps de veiller sur l’invariance des lois qui gouvernent l’univers dont nous sommes.
Par mon parebrise je vois le temps et il est immuable, il ne s’écoule pas mais à l’inverse il ne cesse de renouveler l’instant présent. Ces instants présents successifs, emportent la réalité autour de moi dans des états de changement irréversibles, moi compris. Serait-ce ce que les physiciens appellent la flèche du temps ? Je vois des temporalités cycliques, courtes, longues que je m’efforce à ne pas confondre avec le temps lui-même, dans lequel pourtant elles s’opèrent… Je le vois à l’œuvre remplissant sa tache première qu’est d’assurer la permanence de l’instant sans cesse renouvelé. Aussitôt l’instant présent créé, il le broie et en fait du passé qui emporte nos états d’être à jamais perdus.Au début du troisième quart d’heure. Durée +- 1.2 minute
Mes Chers
Je roule toujours et mesure mon impatience à l’aune de la compacité du temps. Ma perception subjective du temps augmente mon impatience. Je mesure ma liberté à me mouvoir dans l’espace mais aussi mon emprisonnement dans l’instant présent qui aussi tôt créé, me lègue à l’instant suivant. Ceci sans que jamais je n’ai le choix de retourner dans vos instants passés ni même d’aller par anticipation dans un instant futur. Ce moteur du temps, qui m’encapsule dans l’instant présent renouvelé sans cesse, m’angoisse et m’oppresse dans l’habitacle de mon véhicule me rapprochant de vous… J’ai hâte enfin de partager aussi bien l’instant présent que l’espace commun avec vous. Je vous imagine en train de parler mais s’il m’était possible d’avoir cette information, je ne pourrai l’avoir que dans votre passé car le temps qu’elle me parvienne, vous seriez déjà dans vos instants futurs. Ici est la marque de notre non liberté dans le cours du temps…A tout de suite…Si tant est qu’il me soit encore donné assez de temps pour parvenir jusqu’à vous. Le principe d’incertitude est toujours à considérer.Jamal
Fin de la communication. Merci à tous.
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