Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Ciné philo 2 : Dallas buyers Club (2013), débat du 24.03.2014. + La restitution + 2 cartes mentales

8 sujets de 1 à 8 (sur un total de 8)
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    Messages
  • #4851
    René
    Maître des clés

      Bonjour à tous,

      Titre retenu pour notre second ciné philo : Dallas buyers Club (2013)
      Synopsis : 1986, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.
      Matthew McConaughey a reçu l’Oscar du meilleur acteur pour ce film.

      Pour en savoir davantage :
      La critique de Avoir à lire ici
      Le blog de Médiapart ici (Vincent Dozol)

      Séances prévu dans la région Annemasse-Genève-Saint-Julien :

      Genève du 07 au 08 mars : Au Pathé Rex (Confédération, horaires ici)
      Saint Julien du 06 au 11mars : Ciné Rouge et Noir, horaires ici
      Annemasse, du 12 au 18 mars : Ciné actuel, 21h00, horaires ici, onglet : Prochains films)


      Fonctionnement général

      – Il y a ceux qui l’auront vu et ceux qui n’auront pu le voir. Dans les deux cas, chacun est le bienvenu.
      – Un/e volontaire résume le film (entre 5 et 10mn)
      – Lors d’un tour de table, on récolte les questions que les participants souhaitent soulever pour le débat
      – On choisit la question qui fait consensus, on définit un plan.
      – Ensuite, on échange comme d’habitude. Un distributeur de la parole est nommé, on essaie d’équilibrer les temps de parole, de recentrer le débat, de rester près des enjeux qui se posent, d’argumenter sa pensée. En bref, de faire au mieux pour mettre en résonance les questionnements philosophiques que toute personne normalement constituée est supposée se poser.

      #4865
      Marcassin
      Participant

        Bonjour René,

        je ne pense pas venir à ce café philo, mais j’ai vu le film.

        Il suscite de nombreuses questions/constats assez basiques:
        – l’intolérance est due à l’ignorance et à la peur que cette ignorance suscite
        – le héros est en perdition au début du film et dès lors qu’on lui annonce une mort certaine, cela devient l’objet de son combat, et sa vie prend un tout autre sens
        – l’industrie pharmaceutique et les organisations gouvernementales s’auto-alimentent dans la satisfaction de leurs intérêts respectifs et ne prennnent en considération les intérêts des malades que si cela peut les servir.

        Mais une question me taraude tout de même: partout dans notre monde actuel on nous enjoint à vivre plus fort, à vibrer, à avoir des sensations fortes pour se sentir vivant…. On fait des choses extrêmes. C’est précisément ce que fait le héros (alcool, drogue, sexe et argent). Or, cela conduit à une destruction, on frôle la mort et ça nous fait sentir plus vivant. quel est le point de bascule dans notre esprit, pour qu’au moment où on nous annonce une mort certaine, notre comportement change. Apparemment c’est notre instinct de survie qui prend le relais. Mais pourquoi notre instinct de survie ne se manifeste pas déjà avant, dans la conservation d’une bonne santé et l’évitement de risques inutiles ?
        A-t-on besoin de jouer et de tester notre instinct de survie pour voir s’il fonctionne toujours ? Sont-ce les questions que nous nous posons sur la mort qui nous poussent à aller la chatouiller, mais dès lors qu’elle se réveille et se dirige vers nous on s’enfuit à toutes jambes? Repousser les limites de la mort en s’adonnant à un sport extrême (ou à abuser de drogues ou autres) permettrait de se sentir plus puissant que la mort…

        On peut aussi se poser des questions sur la façon dont la médecine, la science en général, sont devenues toutes puissantes, habilitées (par qui ? Par nous en partie) à donner des verdicts, l’être humain n’a plus aucune voix au chapître et n’est plus responsable de sa vie… Si je reprends la façon dont le verdict médical est asséné au malade, la plupart des gens se seraient laissés convaincre et se seraient laissés mourir conformément au verdict, abandonnant leur sort à la médecine. Comme notre héros avait un esprit combatif et prompt à relever les défis, cela n’a pas pris sur lui..

        Depuis qu’Internet est entré dans nos vies, tout le monde s’informe, se documente sur les différents maux physiques et arrive chez le médecin avec des questions, des doutes, des idées. Les médecins ont un travail beaucoup plus compliqué maintenant car ils doivent non seulement soigner le malade, mais en plus trouver avec le patient un équilibre dans la prise en charge de sa santé. Certains patients auront besoin que leur médecin reste tout-puissant, d’autres voudront au contraire que leur santé résulte d’une responsabilité partagée patient-médecin

        Bon café philo

        #4868
        René
        Maître des clés

          Merci Marie74 pour ton post 🙂
          Ce film m’a tellement plombé que je n’arrivais rien à en faire émerger :sick: .

          J’ai finalement une question qui s’apparente à la tienne : faut-il être mis devant l’inéluctable de sa mort prochaine, perdre ses amis, et n’avoir plus rien à perdre pour accéder à plus de générosité et d’humanité ?
          De façon plus générale : à partir de quelle expérience/prise de conscience s’éveille-t-on à autrui ou sort-on du cadre étroit de ses points de vue ?
          De quoi est faite cette épaisseur qui nous maintient à distance de nous-même ? Faut-il, comme tu l’écris, risquer sa vie pour se sentir vivre ou pour s’ouvrir à la vie ?

          Sinon, j’ai aimé la position du juge à la fin du film, il doit, à regret, condamner Ron et commente son jugement à haute voix : Ne peut-on pas laisser « mourir les gens en paix » ? Pourquoi l’Etat (et son administration corrompue, engluée dans les conflits d’intérêts) devrait-il encore interdire les traitements qu’il n’a pas voulu reconnaître ?

          #4875
          René
          Maître des clés

            J’ai remarqué que les échanges qui se construisaient dans les forums n’étaient jamais repris dans les débats en réel, alors même que les échanges sur internet avaient apporté un plus à ceux du réel 🙂
            La restitution et les cartes mentales arrivent dans le message suivant. Youpi ! :cheer:

            #4876
            René
            Maître des clés
              Restitution des séquences d’interventions majeures

              Questions suggérées par le film
              – Vaut-il mieux vivre sa vie comme un lion quelques jours, ou vivre comme une chèvre toute une vie ? D’ailleurs, ce dilemme n’a-t-il de sens que pour les gens en bonne santé ?
              – Que dit l’homophobie d’une société ?
              – Est-ce la mort qui donne à la vie son prix ?
              – Avons-nous les moyens de faire de véritables choix concernant notre santé ?
              >>> choix par rapport aux traitements, au poids des lobbys, aux remboursements, choix par rapport à notre éducation, voire par rapport à notre capital génétique…

              Avons-nous la maîtrise de notre santé, et de la politique la concernant ?
              – Notre capital santé est conditionné à la naissance par notre héritage génétique, puis par notre cadre social, politique et environnemental.
              – Et par ailleurs, il n’y a aucune égalité d’une personne à l’autre dans la capacité à s’informer sur sa santé, à s’imposer une hygiène de vie, une diététique ou à suivre un traitement.

              Quelle image la société a-t-elle de ma santé ?
              – J’ai connaissance d’une personne qui voulait se faire amputer de ses membres (difficile à croire, n’est-ce pas ?). Toujours est-il qu’elle n’a trouvé aucun chirurgien voulant l’opérer. Je le regrette pour elle. Faut-il que l’image de notre corps et de notre santé soient soumises aux impératifs sociaux ?
              – Celui qui veut se faire amputer les membres souffre d’une lésion cérébrale ou d’une schizophrénie. Le refus des médecins à satisfaire sa demande réside plutôt dans un éventail de réponses plus adaptées à son cas.
              — Sur le plan esthétique, des gens se font implanter toutes sortes de « protubérances» sous la peau. Ils trouvent toujours des médecins pour le faire.
              – Dans un autre registre, je pense au droit à l’avortement. En faisant ce choix, on peut se trouver en conflit avec l’éthique des différents groupes sociaux auxquels on appartient.
              – En fait, derrière la question concernant les choix de santé se pose non seulement la question des contraintes sociales et médicales, mais aussi celle de notre image intérieure.

              A partir de quoi définissons-nous nos choix ?

              – N’est-ce pas contre-productif d’imposer à un témoin de Jehova une transfusion de sang pour son enfant ? On agresse sa conscience, et l’image intime de son corps. Qui peut rationnellement décider de ce qui est mieux pour une personne ou une autre ?
              – Je trouve que cela relève plutôt de la non-assistance à personne en danger. La religion n’a pas à intervenir dans les questions de santé. C’est aussi une question de respect pour l’enfant, il ne décide pas de son sort.
              – Je suis d’accord, on ne peut négliger la question des enfants et celle des personnes vulnérables en général (personnes âgées, embrigadées dans des sectes, handicapées). Le rôle de l’Etat n’est-il pas de protéger ces personnes ?

              Peut-on compter sur l’Etat ?

              – En effet, la question se pose : peut-on refuser à l’Etat et aux autorités médicales le droit de statuer sur la validité des traitements, précisément afin de lutter contre toutes sortes d’abus ?
              – Dans le cas contraire, si rien n’est reconnu, toutes les « cuisines » et les traitements acquièrent un statut d’égalité. On se trouve dans l’impossibilité d’évaluer quoi que ce soit.
              – Peut-être, mais on ne peut passer sous silence les conflits d’intérêts dans lesquels s’illustrent les Etats, les laboratoires et certains médecins. Le scandale du sang contaminé, la compétition entre les laboratoires se font au détriment des gens, de la recherche et de la santé publique.
              – Les approches dites « traditionnelles » ne sont jamais soutenues. Doivent-elles être décrédibilisées au nom de l’Etat et des intérêts des groupes pharmaceutiques ?

              Se définir dans un monde où tout est relatif
              – Aujourd’hui, toutes les figures d’autorité et tous les savoirs sont discutés. Les gens ont davantage de moyens pour s’informer, ils connaissent également l’existence de l’effet placebo.
              – Par rapport à la médecine, les domaines de spécialisation sont tels que la fenêtre de compétence des médecins se réduit, cela augmente la difficulté à définir ses propres choix.
              – Comment faire un choix avec discernement face à la multiplicité des options offertes ? Les experts eux-mêmes sont divisés.
              – Dans un monde où tout est relatif, y-a-t-il encore des choix à faire ? Toutes les discussions sont-elles vaines ?

              Faut-il douter de tout ? Deux cas : Descartes et Steve Job
              – Descartes avait une santé fragile, et il est mort en 1650 en Suède à 54 ans. La reine Christine de Suède qui avait pour projet de fonder une Académie des sciences, l’invitait régulièrement. Lors de son dernier séjour, Descartes attrape une pneumonie. Tous les médecins de la cour essayent de le convaincre du traitement à suivre, mais Descartes, analysant avec attention les raisons évoquées, estime qu’elles manquent de rationalité. Il décide de se soigner durant huit jours avec sa propre méthode. Le neuvième jour, il reconnaît son erreur et demande à être traité. Il meurt le lendemain : le mal était devenu incurable.
              – Dans un autre registre, j’ai lu que Steve Job (créateur de Mac) a réduit ses chances de guérison en ayant recours à la diététique et aux médecines alternatives pour soigner son cancer. Il a presque reproduit l’erreur de Descartes.

              La notion de responsabilité

              – La notion de responsabilité pourrait être appliquée avec plus de cohérence. Tous ceux qui veulent se soigner par eux-mêmes, ceux qui fument, qui boivent, ceux qui tombent malades en raison de leur négligence et de leur mode de vie ne devraient pas être remboursés pour leurs traitements.
              – Ne rembourser les soins que pour les personnes qui le méritent, c’est faire bon marché du devoir de solidarité, c’est ouvrir la porte à un Etat totalitaire.
              – Comment être certain que sa maladie résulte de son mode de vie ? On sait notamment qu’on peut avoir un cancer du poumon sans être fumeur.
              – On trouve des exemples de personnes qui ne suivent pas les traitements officiels et qui guérissent, et on trouve aussi bon nombre de gens qui sont morts de leurs traitements naturels. Est-ce une question de responsabilité ?
              – Certes, la responsabilité individuelle ne doit pas être oubliée, mais je pense à la prévention, elle est négligée dans nos sociétés alors qu’elle pourrait être un secteur à part entière de la médecine.

              La notion de prévention
              « Que ta nourriture soit ton médicament » professait Hippocrate. La prévention, le sport, la diététique contribuent effectivement à une meilleure santé des populations.
              – On rapporte que dans la Chine traditionnelle, les habitants du canton versaient une taxe au médecin tant qu’ils ne tombaient pas malade. Le médecin pratiquait alors une médecine préventive, et son intérêt résidait dans la bonne santé des habitants : son salaire était inversement proportionnel au nombre de malades dont il s’occupait.
              – Selon l’OMS, dans les pays occidentaux, la plupart de nos maladies sont des maladies de civilisation ayant pour causes la pollution, la dégradation de l’environnement et l’impunité des grands groupes industriels qui en sont largement responsables.
              – « L’homme creuse sa tombe avec ses dents » dit le dicton.

              Mort, euthanasie et suicide
              – Si je suis en phase terminale, je n’ai pas droit à l’euthanasie. L’Etat a-t-il le droit de nous empêcher de disposer de nous-mêmes, au mépris de notre dignité, de nos souffrances et de celles de nos familles ?
              – Si l’on doit mourir à brève échéance, ne peut-on pas laisser les gens tranquilles ?
              – On peut toujours se suicider.
              – Oui, mais sauf si on est paralysé et à moitié comateux.

              L’idéal de santé, le rôle de l’Etat et le principe de réalité

              – Qu’est-ce qu’un idéal de santé ? Qu’est-ce qu’une étude scientifique ? Dans les deux cas, les concepts et les méthodes ne peuvent pas se construire sur la base de ses propres sentiments, ou de sa seule expérience individuelle. On a besoin de « toute » une société pour penser un idéal et pour mettre en place une démarcher scientifique.
              – Il me semble intéressant de mettre en relation la liberté personnelle avec la responsabilité et les contraintes que nous impose la vie en société.
              – Il y aurait un intérêt à se poser la question : qu’est-ce qu’un idéal de santé, même si on ne va pas s’entendre sur sa définition.
              – L’hyper-valorisation du relatif et de la subjectivité se fait au détriment d’une vision qui peut être plus large que la sienne propre.
              – Les protocoles en double aveugle, le savoir scientifique ont besoin d’une validation de l’Etat qui, en contrepartie, doit se montrer exemplaire dans la transparence des procédures.

              #4877
              René
              Maître des clés
                Quelques interventions en vrac :

                – Dans les années 70, dans le DSM, l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale. La sodomie est interdite dans certains Etats.
                – Les lois homophobes sont également une atteinte aux personnes.

                – Les gens qui tuent ou se tuent par l’alcool ou en fumant, personnellement, ça me heurte.
                – Pour moi, la façon dont vit Ron (l’acteur) est clairement autodestructrice.
                – Non, je ne trouve pas.
                – La cigarette est perçue tantôt comme un symbole de liberté, tantôt comme celui d’un asservissement.
                – J’ai le sentiment que la société nous pousse à avoir une vie « super hygiénique » et je trouve qu’on devrait se sentir libre de boire un coup de trop, de s’envoyer en l’air comme on veut.
                – D’accord, mais ce n’est pas de la liberté, c’est de la license.

                – L’argent disponible pour la recherche est limité et les priorités seront décidées selon des contraintes de rentabilité.

                – Chacun a fait une fois l’expérience d’un médecin en qui il ne pouvait avoir confiance.
                – Les médecins sont encore trop sacralisés.

                – Notre discussion me fait penser à la question des «directives anticipées ». Elles devraient être très bien rédigées, car les malentendus surgissent très facilement.

                #4879
                René
                Maître des clés

                  Voici la carte simplifiée du sujet :

                  Si l’image ci-dessous n’est pas visible, vous pouvez cliquer ici, ou la télécharger plus bas :

                  CinphiloDallasbuyersclubcartesimplifie.pdf

                  #4881
                  René
                  Maître des clés

                    La carte mentale déployée.

                    Téléchargez-la si elle n’est pas visible ci-dessous, ou cliquez ici :

                    CartementaleCinephiloDallasbuyersdollarscartedploye.pdf

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