Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Des cafés philo sur Grenoble › De la honte prométhéenne, peut-on en sortir ? (en référence à Gunther Anders), sujet mardi 28 octobre 2025 à 18h30 au café Chimère, 12 rue Voltaire. Grenoble
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9 octobre 2025 à 18h29 #7935
Nous nous réjouissons de notre amitié avec l’UTEM (Université de Terrain Edgar Morin). Merci également au café citoyen la Chimère, 12 rue Voltaire, Grenoble d’accueillir notre pratique des cafés philo (Lien vers le café la Chimère citoyenne, ici)
Durée des débats (1h30 environ > jusqu’à > 20h30 maximum)
Discussion informelle pour celles/ceux qui souhaitent poursuivre
Entrée libreSujet proposé pour ce mardi 28 octobre 2025 à 18h30:
De la honte prométhéenne, peut-on en sortir ? (en référence à Gunther Anders)
Une vidéo explique le concept de la honte prométhéenne, ici. C’est mieux si vous l’avez vue, mais pas nécessaire pour participer à notre échange.
Quelques éléments de définition :
Qu’est-ce que la honte ?
Elle est typiquement une émotion sociale, c’est-à-dire, relative à des normes, à un collectif dont on a intériorisé les valeurs. Quand on la ressent, on veut se cacher du regard public.
Dans l’Antiquité, la honte (aischunè) est une vertu en ce sens, qu’elle est ce par quoi on se contient de tout dire ou de tout faire. Cela revient à pas oublier sa condition d’être social, de citoyen que de préférer l’honneur (sinon la mort) à la honte : ce que fait Socrate en choisissant d’assumer sa condamnation à mort en tenant le respect de la loi pour une valeur plus haute que lui, comme « citoyen ».
Mais, anthropologiquement, la honte peut relever d’un affect universel, selon l’idée que nous sommes toujours redevables, en tant qu’être humain, à un collectif, à des mythes à quelque chose qui nous transcende (nous dépasse) du fait même d’exister. Nous savons tous, au plus profond de nous-mêmes, que nous ne devons pas notre existence qu’à nous-même.
Mais sur un plan tout à fait basique (moderne), la honte est ce sentiment de malaise (de honte d’exister) si l’on ne sent pas très bien intégré à la communauté, si l’on se sent un peu marginal ou différent. Ou encore, si l’on pressent être méjugé, critiqué, notamment si notre image sociale dépend du jugement d’autrui.Par rapport à Prométhée, qu’est-ce que la honte prométhéenne ?
Il y a d’innombrables versions et interprétations du mythe. Retenons l’idée que Prométhée est puni pour avoir volé le feu aux dieux et de l’avoir passé aux êtres humains. En guise de châtiment, Prométhée se retrouve attaché à un rocher, condamné à se faire dévorer chaque jour le foie par un rapace. Le foie repoussant durant la nuit, sa torture est perpétuelle. Mais alors, pourquoi Gunther Anders s’en inspire ? Quel rapport avec la honte prométhéenne ?Questions que nous nous poserons (et qui s’ajouteront aux vôtres):
Selon Günther Anders, nous sommes sous le joug d’une honte, celle liée à la puissance technique de nos sociétés, de notre industrie, de notre économie. En effet, nous vivons comme si nous étions convaincus que les techniques, notamment les IA, sont plus performantes que notre artisanat, que nos mécaniques d’antan. De ce point de vue, et selon Gunther Anders, nous avons renoncé à notre liberté en abdiquant devant la puissance des machines : nous croyons davantage en elles qu’en nous-mêmes. Il s’opère ainsi un renversement, nous sommes fiers de nos techniques, et nous sommes fiers de ne rien devoir à personne d’autres, qu’à soi-même. Tout ce que l’on est, on ne le doit qu’à soi-même (et aux techniques dont on s’entoure).Comment expliquer ce renversement : de la honte à l’arrogance ?
La honte étant « honteuse » d’elle-même, elle se cache et on finit par se la cacher à soi-même. A terme, on se fatigue de notre impuissance, la honte de notre propre honte nous assomme, et c’est dans un geste de révolte et d’irrévérence absolu qu’on finit par se moquer totalement d’autrui, et des conséquences de nos actes sur lui. La jouissance d’exister compte alors davantage que toute autre valeur, elle compte davantage que la qualité de nos rapport à autrui.Des questions pour notre sujet :
Peut-on évacuer la « honte » (et la culpabilité, plus profonde et plus intime qui va avec), peut-on s’en libérer ?
Qu’est-ce que vivre sans honte ? Qu’est-ce que la dignité ?
Le Prométhée en soi peut-il être digne ?Une citation de Günther Anders suivie de quelques ressources pour celles/ceux qui le souhaitent.
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Ressources consultées (et appréciées) qui m’ont inspirées :
– L’obsolescence programmée en pdf (version 1956 – 2002)
– Günther Anders et L’Obsolescence de l’homme | 1/3. Une critique de l’ère de la technique. Par le Philoscope. Durée 15.52
– Günther Anders et L’Obsolescence de l’homme | 2. Le décalage prométhéen. Par le Philoscope. Durée 37mn.
– Günther Anders et L’Obsolescence de l’homme | 3. Par le Philoscope. Durée : 34mn
– Avoir raison avec… Günther Anders. 5 épisodes de 30mn sur France Culture.
– La série proposée par Michel Onfray. Cliquer ici.
– Günther Anders et l’obsolescence de l’homme. Par Parole de philosophe. Durée 33mn.
– La violence : oui ou non – Günther Anders et le pacifisme. Durée :15mn
– Mathieu Robitaille (prof de philo) : le rêve des machines selon Günther Anders | REPÈRES – E12. Durée : 1H02. (mars 2024)
– Claire Nouvian à propos de Günther Anders – Une journée particulière – France Inter (il s’agit d’un témoignage indirect par rapport aux idées de Günther Anders, dont Claire Nouvian s’inspire par au tsunami de Thaillande de 2004. Durée 45.Quelques règles concernant nos échanges
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.
– Pas d’attaque ad hominem /ad persona.
– On essaie de rendre compte des raisons de sa pensée et de faire évoluer le débat.
– Chacun est le bienvenu, quelles que soient sa confession, sa classe sociale, sa formation et ses références philosophiques.L’approche du café philo de Grenoble
C’est une approche plutôt non-directive, centrée sur les questions des participants. Nous nous efforçons de faire évoluer le débat au fur et à mesure de nos échanges.
Nous partons du principe que chaque participant est adulte, autonome, responsable de sa pensée et de ses comportements. On note également que le participant est curieux d’examiner aussi bien les arguments de sa pensée que de ceux d’autrui.
Nous nous appuyons en fait sur l’idée qu’une écoute compréhensive et qu’un partage structurant et structuré de nos réflexions ne peut être que profitable à tous, à une socialisation réflexive en partage et à une philosophie en travail.Ce que le café philo n’est pas :
Le café philo n’est pas un lieu de propagande politique ou religieuse, ni il n’est celui d’une mise en spectacle de soi. On n’y vient pas faire la leçon aux autres ou répéter ce que l’on sait déjà, chacun étant déjà par lui-même l’auteur de sa propre pensée. L’effort que nous faisons porte sur une réflexivité mise en partage, sur l’écoute de l’autre et du débat qui se construit : on y assume les hésitations d’une pensée qui se cherche.L’affiche du mois d’octobre.
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René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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