Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › De l’identification à l’identité, suis-je les images que je poursuis ? Sujet proposé par Cécile pour le lundi 2 juillet + un bref compte-rendu.
- Ce sujet contient 1 réponse, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 7 années et 2 mois.
-
AuteurMessages
-
27 juin 2018 à 12h35 #5681De l’identification à l’identité, suis-je les images que je poursuis ?
Merci Cécile pour ton introduction ci-dessousDans ce monde 2.0 où l’originalité passerait presque pour une lubie post-avant-gardiste, le conformisme est de mise. Sans doute l’a-t-il très souvent été, mais que pouvons-nous dire de cette société qui suppose des individus de plus en plus affirmés, qui cherchent à s’épanouir et se réaliser, alors que les apparences, elles, semblent se soumettre docilement à un diktat de l’image stéréotypée. La mode selfie où chacun, littéralement, se met en scène, extatique avec les images d’arrière-plan qui siéent à leur bonheur du moment, illustre en partie ce dictat.
Bien sûr il conviendra de distinguer identité (ce que je suis) et identification qui ne peut-être par définition qu’identification à autrui. Or l’identité se suppose et se vit le plus souvent, de façon hyperbolique et aveugle à elle-même, comme si elle était autonome…
Pourtant, selon R. Barthes, l’identité relève davantage d’un but, d’une recherche qui aurait intérêt à ne pas se scléroser dans des « identifications ».
Bien sûr, l’Homme aime à se créer des idoles, qu’il vénère d’autant mieux, qu’en son for intérieur, il s’imagine bénéficier de leur aura. Mais n’est-il pas difficile d’avoir quelques regrets lorsque les idoles d’hier s’appelaient Einstein et que les footballeurs sont actuellement – et malheureusement pas seulement en période de coupe du monde, le nec plus ultra pour nos ados ? Nous aurons sans doute l’occasion d’étendre notre questionnement à d’autres questions comme celles-ci :
– Faut-il ressembler à quelqu’un pour être soi ?
– Ne peut-on être soi-même qu’en adhérant à un culte reconnu par le groupe ?
– Que dit le culte du groupe ?
– La manipulation des images, celle de soi et celle des autres, nous condamne-t-elle à vivre que dans un monde de surface ?
– L’affichage permanent de nos signes d’appartenance à une tribu compromet-il ce qu’il y a d’essentiel chez l’être humain ?
– N’est-il pas angoissant que des spectres aient bradé leur apparence à des marques, des looks quand ce n’est pas à la chirurgie plastique ?
– Peut-on dire que l’identification dévoile nos névroses et l’identité nos fantasmes ?
– L’identification ne serait qu’une étape dans la structuration de l’identité, mais peut-on la dépasser ?
Ressources à voir ou à lire
– La fabrique de soi sur le net. Les nouvelles vagues. France Culture.
– La relation au coeur de l’identité. Frédéric Worms invité par La grande table. France Culture.
– Cette injonction à devenir. Les nouvelles vagues. France Culture.
– L’identité est-elle une grammaire ? Revue de presse du Journal de la philo. France culture.
– L’identité narrative. Le Journal des idées. France Culture.– L’identité. Introduction générale. Simone Manon dans Philolog.
– L’adolescence, une quête identitaire. Huffpost.
– Une histoire philosophique de l’identité. La-Philo.
– Identité. Encylo-philo.
– L’identité, perspectives développementales. (L’approche d’Eric Erikson et néo eriksonienne)3 juillet 2018 à 10h03 #5685Compte-rendu de quelques échanges et réflexions post-débat
Merci à tous pour l’émulation apportéeNous étions une douzaine de personnes pour ce premier débat de juillet.
Le sujet nous obligeait à embrasser large, ce qui n’était pas simple, mais riche de réflexion.
– L’identité pose ce double problème :
1° ce qui est identique à quelque chose (c’est la similitude, c’est ce à quoi je m’identifie)
2° ce qui se présente comme une unité (je me reconnais dans une forme d’unité, ne serait-ce que celle du corps dans lequel s’exprime un « je ».
Le mouvement est double : vers l’extérieur, vers un modèle d’une part, et d’autre part, vers l’intérieur, ce qui se fait en soi, dans le rapport à soi-même.Le processus identitaire, lui, semble s’inscrire comme une nécessité dans la construction de soi : je deviens moi en me référant, initialement à mon environnement proche (notamment sa mère, ou les très proches du premier cercle d’éducation), puis en m’inspirant des autres (second cercle d’identification, l’école, la tv, les copains, les éducateurs…). Ce qu’ils me donnent à voir, leurs comportements, leurs valeurs qu’ils expriment sont des exemples qui vont m’inspirer.
> Le problème étant de ne s’inspirer que des images, des attracteurs les plus superficiels qui, dans un premier temps, peuvent me stimuler (attracteurs de réussite sociale, d’esthétiques, de performances et, en général, est attractif tout ce qui crée une forte impression sur l’audience, ce qui génère de la popularité)
> Se pose la question de si nous pouvons échapper à une identification que la société nous impose, sans même que nous nous en rendions compte (images quasi subliminales de la publicité, récurrences d’images et de messages contrôlés par des lobbys). Par exemple, nous aspirons à avoir une voiture, une maison, de quelle manière, ces souhaits plus que « communs » ne sont-ils pas que le résultat d’une identification à un modèle de vie que la société nous a imposé ?– Il semble que notre construction identitaire, si elle passe par des images, des modèles d’identification, le danger (pour soi, son épanouissement, pour l’évolution de la société) serait de rester figé dans ces images premières, alors que celles-ci doivent laisser place (hors situation pathologique), à un niveau de réflexion second, lequel révèle d’un autre registre, celui des valeurs structurantes de nos modes de vie.
Ainsi, chez tel joueur de foot, tel acteur ou tel penseur qui m’inspire, quels sont les attracteurs qui m’ont interpelé chez lui ? La réponse à ces questions peut mettre en évidence les moteurs qui guident mon devenir.La remise en question de soi, de ses valeurs serait ce travail que l’on entreprend lorsque, ayant dépassé la fatigue de l’agitation premières des images qui nous hypnotisent, on choisisse sa vie en raison des valeurs que l’on veut incarner, et non plus en raison de celles que la société de masse impose à notre insu.
L’identité, en somme, il y a celle que l’on se découvre (héritage de son éducation, de son passé, des influences subies), et celle que l’on prend en charge en vue d’un développement conscient, délibéré, réflexif et prenant en compte l’impact sociétal dans lequel on veut s’inscrire, les valeurs que l’on exprimer.
Autre réflexion :
– Il est possible que l’identité nous pose problème à proportion du « vide » qui nous habite, et qu’elle cherche naturellement à fuir.Sujet corrélé :
– Deviens ce que tu es. Nietzsche. Compte-rendu + compte-rendu et schéma.
– Le vide a-t-il quelque chose à nous dire ? + compte-rendu.
– Ciné-philo : Le ciel t’attendra. (Sonia qui se voit tentée par le djihadisme) + compte-rendu.)
– Les compte-rendu du café philo de la connaissance de soi (+ leurs schémas- -
AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.