Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › De quel Léviathan serons-nous le repas ? Thomas Hobbes, sujet du 23.02.2015 + compte-rendu autocritique
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18 février 2015 à 17h51 #5189De quel Léviathan serons-nous le repas ?
Les plus anciennes traces que l’on trouve du Léviathan remontent à l’époque mésopotamienne, il aurait été l’équivalent d’un dragon de mer (un énorme crocodile ?). Chez les phéniciens, le Léviathan s’est transformé en un serpent de mer capable de tout détruire, et on le retrouve sous cette forme dans la bible (Les psaumes, Isaïe, Le livre de Job). Au Moyen Âge, l’image du Léviathan devient satanique, et en 1651, pour le philosophe Thomas Hobbes, elle symbolise l’Etat, la République, le pouvoir, ce qui peut le protéger, autant que ce qui peut le détruire.
Pour notre prochain sujet, arrêtons-nous simplement sur un extrait de texte de Thomas Hobbes, et voyons les questions qu’il nous pose :
« Celui dont les désirs ont atteint leur terme ne peut pas davantage vivre que celui chez qui les sensations et les imaginations sont arrêtées. La félicité est une continuelle marche en avant du désir, d’un objet à un autre, la saisie du premier n’étant encore que la route qui mène au second. La cause en est que l’objet du désir de l’homme n’est pas de jouir une seule fois et pendant un seul instant, mais de rendre à jamais sûre la route de son désir futur. Aussi les actions volontaires et les inclinations de tous les hommes ne tendent elles pas seulement à leur procurer, mais aussi à leur assurer une vie satisfaite. Elles diffèrent seulement dans la route qu’elles prennent: ce qui vient, pour une part, de la diversité des passions chez les divers individus, et, pour une autre part, de la différence touchant la connaissance ou l’opinion qu’a chacun des causes qui produisent l’effet désiré. Aussi, je mets au premier rang, à titre d’inclination générale de toute l’humanité, un désir perpétuel et sans trêve d’acquérir pouvoir après pouvoir, désir qui ne cesse qu’à la mort. La cause n’en est pas toujours qu’on espère un plaisir plus intense que celui qu’on a déjà réussi à atteindre, ou qu’on ne peut pas se contenter d’un pouvoir modéré: mais plutôt qu’on ne peut pas rendre sûr, sinon en en acquérant davantage, le pouvoir et les moyens dont dépend le bien-être qu’on possède présentement. »
Thomas Hobbes (1588 – 1679) Léviathan, chap. 11 – 1651Procédure du débat
– Énonçons les questions que nous suggère ce texte.
– Organisons les questions pour les traiter.D’éventuelles ressources
– Philogora. Une petite introduction du texte ci-dessus par un prof de philo à destination de ses élèves
Les autres ressources ci-dessous font référence à l’oeuvre général de Thomas Hobbes
– La guerre civile (Le blog de Raphael Enthoven)
– Leviathan de Thomas Hobbes (chap. 01 à 12) Adèle Van Reeth
– Leviathan de Thomas Hobbes (chap. 13 à 17) Adèle Van Reeth
– Leviathan de Thomas Hobbes (chap. 18 à 30) Adèle Van Reeth
– Leviathan de Thomas Hobbes (chap. 31 à 47) Adèle Van Reeth__________________________
Le café philo d’Annemasse est ici25 février 2015 à 12h49 #5194Compte-rendu autocritique du débatAmbiance du débat :
L’ambiance était à la fois studieuse et sympathiquemais nous avons eu du mal à faire vivre le texte. Nous cherchions le sens de notre discussion sans vraiment le trouver. En m’efforçant à ne pas être directif, je n’ai donné aucun repère ni dans l’introduction, ni dans la gestion du débat, et j’ai eu du mal à le recadrer.
Nombre de personnes
– Environ une douzaine de personnes.
– Quatre personnes nouvelles
– trois personnes relativement nouvelles (venues entre 1 et 5 fois)
Lecture en commun et analyse du texte
Le texte, bien que court, a été scindée en quatre ou cinq parties. Chaque partie du texte a été lue par des participants différents. L’analyse et la compréhension de chacune des parties n’ont pas posé problème.Questions posées à la suite de la lecture-analyse du texte :
– Quel est le rapport entre le texte proposé et la question posée en titre?
– Quel est le rapport entre les désirs et le Léviathan ?
– L’auteur est-il un matérialiste ?
– La première motivation de l’être humain n’est-elle pas la quête de pouvoir, plutôt que la recherche de désirs ?
– Les désirs conduisent-ils à la félicité ?
– Quelle est la place de la confiance entre la poursuite incessante des désirs d’une part, la confiance et la soif de pouvoir d’autre part ? Sous-entendu : Peut-on avoir des désirs sans vouloir le pouvoir ? Tout désir exige-t-il d’acquérir un pouvoir sur autrui ? Le désir de pouvoir a-t-il pour cause un manque de confiance ?Autocritique :
En tant qu’animateur, j’ai mal resserré le thème du débat sur plusieurs points :
– en dissociant le titre du texte proposé (le rapport entre le Léviathan et les désirs n’est pas mis en évidence)
– La diversité des types de question demandait éventuellement de mieux organiser ces questions, voire de procéder à un vote pour choisir celle retenue pour le débat.
Par exemple :
– La question : L’auteur est-il un matérialiste ? Cette question relève de l’information, d’une connaissance à la fois factuelle et conceptuelle (qu’est-ce que le matérialisme, comment le situer par rapport à d’autres mouvements (idéaliste, métaphysique,…).
– La question : La première motivation de l’être humain n’est-elle pas la quête de pouvoir plutôt que la recherche de désirs ? Cette question interrogeait la thèse de l’auteur : est-ce bien ce que l’auteur veut dire ? Ce n’était pas une question qui demandait à être traitée pour elle-même. Par ailleurs, il valait la peine ici de souligner le lien entre « cause », « effet », « conséquence », interprétation.
– La question : La félicité est-elle ce à quoi nous conduit le désir ? Cette question pouvait être traitée sans que l’on fasse référence au texte de Hobbes.
Autres difficultés :
– Nous avons eu du mal à définir l’orientation de notre échange et à faire le lien entre une analyse du désir lorsqu’il est situé au niveau de la personne (la psychologie) d’une part, et d’autre part, lorsque cette analyse doit plutôt adopter un point de vue collectif, voire sociologique (l’Etat, les peuples, les communautés, les groupes de pression, les classes sociales, etc.)
– Lors des interventions, on essayait de faire le lien avec le texte de Hobbes, or nos connaissances le concernant étaient trop disparates pour véritablement partager un dialogue sur sa thèse.
– Je n’étais pas convaincu que le sujet dût porter sur la thèse de l’auteur, alors que sur le site internet, tous les liens renvoyaient à cette référence.Suggestions
– Mieux lier les titres et les textes lors des annonces du sujet, et lors des introductions.
– Mieux sérier les questions en début de débat.
– Voter une question, ou un ordre avec lequel les traiter, en particulier lorsque la typologie des questions est disparate.
– Éventuellement profiter de ce moment d’analyse des questions pour affiner notre discernement les concernant.
– Mieux centrer le débat soit sur le texte, soit sur la thèse de l’auteur, mais dans ce second cas, enrichir l’introduction d’éléments de connaissance pour pouvoir les développer au moment du débat.___________________________________________Post scriptum : L’une des difficultés des cafés philo tient au fait que nous essayons d’établir une situation de dialogue au sein d’un groupe « ouvert ». La formation et les références de chacun sont de fait assez différentes, la composition et donc la dynamique du groupe sont également différentes à chaque séance, en particulier durant les vacances scolaires.
Finalement, à chaque séance, nous devons relever le défi de « construire » une culture commune : s’entendre sur la définition des termes, comprendre des raisonnements qui ne sont pas toujours habituels et cependant, contribuer à des échanges susceptibles d’enrichir la réflexion de chacun, d’approfondir sa pensée, d’ouvrir des horizons.___________________________________________ -
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