Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Désirs et frustrations. Un sujet proposé par Karine pour lundi 20.07.2015
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7 juillet 2015 à 18h52 #5269DESIRS ET FRUSTRATIONS
Texte de base :
Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose désirée (…) Il y a profit aux désirs et profit au rassasiement des désirs parce qu’ils en sont augmentés. Car je te le dis en vérité, Nathanaël, chaque désir m’a plus enrichi que la possession toujours fausse de l’objet même de mon désir.
(André Gide – Les nourritures terrestres – Chapitre 1)Définition du désir : le désir est la recherche d’un ‘objet’ que l’on imagine ou que l’on sait être source de satisfaction/plaisir. C’est une tension vers le désirable.
Au sens courant le désir est d’abord sexuel mais la philosophie s’écarte de cet usage : elle prend le désir dans une acception non sexuelle.
→ Notre débat ne sera donc pas axé sur le désir sexuelMots connexes : besoin, envie, souhait, volonté, fantasme, manque, frustration, déception, esclavage, liberté, …
La possession du désirable conduirait à la satisfaction, à la plénitude, à l’apaisement. Le mouvement du désir trouverait ainsi sa fin.
Mais nous savons par expérience qu’il n’en est pas ainsi. D’une part l’objet désiré quand il est possédé perd le plus souvent de son caractère de désirabilité. D’autre part, une satisfaction complète du désir semble impossible puisque le désir ne cesse de se tourner vers de nouveaux objets/êtres dont il est privé.
Le désir est un affect qui trouble l’être humain d’un point de vue corporel et psychique.Une analyse minimale du désir distingue donc :
– le désir
– le sujet désirant
– l’objet désiréIl faut également séparer le besoin du désir. Besoin = monde du concret / Désir = production de fantasmes
Le besoin est naturel et peut-être aussi vital, le désir est culturel et humain.
Mais l’objet désiré est parfois moins important que la représentation que s’en fait le sujet. L’absence ou l’inaccessibilité participent à l’intensité du désir et aux fantasmes qui entourent l’objet.
Le simple fait de désirer peut procurer du plaisir (désirs inaccessibles ??)
L’écart objet désiré / objet réel peut conduire à des déceptions/frustrations.Théories de quelques philosophes :
➢ Platon : L’envie de posséder des biens nous rend esclaves et nuit à la liberté. La seule chose désirable est la vérité. Pour parvenir à la vérité, à la contemplation des idées, il faut se séparer du corps et regarder avec l’âme.
➢ Epicure : Il faudrait classer les désirs en fonction du plaisir qu’ils apportent à long terme même si cela entraîne le renoncement à certains plaisirs si nous savons qu’ils seront suivis par la douleur → Les désirs naturels (vitaux et non vitaux) & les désirs vains
➢ Epictète : Il faut se débarrasser des désirs dont la satisfaction ne dépend pas de nous.
➢ Descartes : Ne désirer que ce que nous avons la certitude d’acquérir, alors plus rien ne pourra nous manquer → plénitude
➢ Nietzsche : Vouloir maîtriser les désirs est une dépréciation de la vie, qui naît dans la peur de souffrir. Plaisir et souffrance sont indissociables.
➢ Freud : Petits, nous sommes gouvernés par le ‘principe de plaisir’ (plaisir et évitement du déplaisir). Seule la libido est alors à l’œuvre. Puis en grandissant cela est équilibré par le principe de ‘réalité’ (refuser ou différer certains plaisirs et supporter certaines souffrances).
➢ Spinoza : Désir = effort que chaque chose/être fait nécessairement pour persévérer dans son être → ConatusCitations :
« Ce n’est pas par la satisfaction de son désir que s’obtient la liberté mais par la destruction du désir » Epictète
« Ceux qui répriment leurs désirs sont ceux dont le désir est assez faible pour être réprimé » William Blake
« L’homme est une création du désir, non pas une création du besoin » Gaston Bachelard
« Tout vrai regard est un désir » Alfred de MussetQuestions :
Le sujet désire-t-il l’objet « réel » ou l’objet « tel qu’il se le représente » ? Quelle est la part de l’imaginaire ?
Est-on plus frustrés quand on désire ou quand on obtient ?
Faut-il satisfaire tous ses désirs, ou au contraire, faut-il maîtriser (voir renoncer) à certains ? -
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