Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Déterminisme et liberté, la question du destin. Sujet du lundi 26.02.2018

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  • #5628
    René
    Maître des clés
      Prochain débat, déterminisme et liberté, la question du destin.

      La question est soulevée par l’une de nos participantes : Un destin (ou quelque chose de cette idée) s’impose-t-il à nous ?

      On congédie facilement l’idée selon laquelle notre destin serait tracé d’avance, que l’histoire aurait un sens. Pourtant, en sciences sociales (sociologie, psychologie, économie, histoire,…) de nombreuses observations pointent l’idée que tout nous détermine. Parlons-en, jusqu’à quel point échappons-nous, ou pas, aux déterminismes de notre vie ?

      Une définition :
      Le déterminisme affirme qu’il est possible de formuler un lien entre une cause et un effet qui s’ensuit nécessairement. Le déterminisme exclut tout hasard et toute liberté. Dans le déterminisme, la providence n’intervient pas. Le déterminisme est aveugle et implacable.
      « le déterminisme n’est (…) que l’affirmation de la loi partout, toujours, et jusque dans les relations du physique avec le moral ; c’est l’affirmation que suivant le mot connu de l’antiquité : « tout est fait avec ordre, poids et mesure ».
      Claude Bernard, Leçons sur les phénomènes de la vie.


      Extrait de texte :

      Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, sache et pense qu’elle fait tout l’effort possible pour continuer de se mouvoir, Cette pierre, assurément, puisqu’elle n’est consciente que de son effort, et qu’elle n’est pas indifférente, croira être libre et ne persévérer dans son mouvement que par la seule raison qu’elle le désire. Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent. C’est ainsi qu’un enfant croit désirer librement le lait, et un jeune garçon irrité vouloir se venger, mais fuir s’il est craintif. Un ivrogne croit dire par une décision libre ce qu’ensuite il aurait voulu taire. De même un dément, un bavard et de nombreux cas de ce genre croient agir par une libre décision de leur esprit, et non pas portés par une impulsion. Et comme ce préjugé est inné en tous les hommes, ils ne s’en libèrent pas facilement. L’expérience nous apprend assez qu’il n’est rien dont les hommes soient moins capables que de modérer leurs passions, et que souvent, aux prises avec des passions contraires, ils voient le meilleur et font le pire : ils se croient libres cependant, et cela parce qu’ils n’ont pour un objet qu’une faible passion, à laquelle ils peuvent facilement s’opposer par le fréquent rappel du souvenir d’un autre objet.  »
      Spinoza, Lettre à Schuller, 1674.

      Quelques citations (prises en majorité dans Philolog):
      Ciséron. J’appelle destin (fatum) ce que les Grecs nomment heimarménè, c’est-à-dire l’ordre et la série des causes, lorsque’une cause liée à une autre produit d’elle-même un effet. (… ) On comprend tant que le destin n’est pas ce qu’entend la superstition, mais ce que dit la science, à savoir la cause éternelle des choses, en vertu de laquelle les faits passés sont arrivés, les présents arrivent et les futurs doivent arriver.

      Aristote. La liberté s’expérimente dans l’action chaque fois que l’homme doit choisir une possibilité plutôt qu’une autre. Il doit alors réfléchir au meilleur parti à prendre, ce qui s’appelle délibérer.

      St Thomas d’Aquin. L’homme est libre ; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains. (…). D’autres agissent d’après une appréciation, mais qui n’est pas libre, par exemple les animaux : en voyant le loup, la brebis est saisi par un discernement naturel, mais non libre, qu’il faut fuir ; en effet ce discernement est l’expression d’un instinct naturel et non d’une opération synthétique. (…)
      Mais l’homme agit par jugement, (…) et puisqu’un tel jugement n’est pas l’effet d’un instinct naturel, mais un acte de synthèse qui procède de la raison, l’homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action. (…)Par conséquent, il est nécessaire que l’homme soit doué de libre arbitre, du fait même qu’il est doué de raison  »

      Descartes. Que la liberté de notre volonté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons. Au reste, il est si évident que nous avons une volonté libre, qui peut donner son consentement ou ne pas le donner, quand bon lui semble, que cela peut être compté pour une de nos plus communes notions.

      Rousseau. J’entends beaucoup raisonner contre la liberté de l’homme, et je méprise tous ces sophismes, parce qu’un raisonneur a beau me prouver que je ne suis pas libre, le sentiment intérieur, plus fort que tous ses arguments, les dément sans cesse ; et quelque parti que je prenne, dans quelque délibération que ce soit, je sens parfaitement qu’il ne tient qu’à moi de prendre le parti contraire.

      Voltaire. Si tu pouvais déranger la destinée d’une mouche, il n’y aurait nulle raison qui pût t’empêcher de faire le destin de toutes les autres mouches, de tous les autres animaux, de tous les hommes, de toute la nature ; tu te trouverais au bout du compte plus puissant que Dieu. (…)
      Un paysan croit qu’il a grêlé par hasard sur son champ ; mais le philosophe sait qu’il n’y a point de hasard, et qu’il était impossible, dans la constitution de ce monde, qu’il ne grêlât pas ce jour-là en cet endroit.

      Freud. En brisant le déterminisme universel, même en un seul point, on bouleverse toute la conception scientifique du monde

      Pascale Engel. Si on ne peut pas prouver que le monstre du Loch Ness n’existe pas, c’est qu’il existe…

      Ressources
      Prenez-vous en main avec les Stoiciens. Les chemins de la philosophie.
      Zadig ou la Destinée de Voltaire. Les chemins de la philosophie.
      Les vies du karma. Les chemins de la philosophie.
      Emil Cioran (1/4) Penser contre soi. Les chemins de la philosophie.
      Liberté/déterminisme, la question épineuse. Simone Manon, philolog.
      La liberté de l’être en situation dans le monde. Sartre. Simone Manon, philolog.
      Déterminisme et liberté. Kant. Simone Manon, philolog.
      Liberté et nécessité. Spinoza. Simone Manon, philolog.
      La raison dans l’histoire. Hegel. La philo.
      Destin. Voltaire. Dictionnaire philosophique/Garnier (1878).
      Le déterminisme social selon Durkeim, Bourdieu et Boudon. Un résumé de Komivi Ogouwa.
      En finir avec le déterminisme social. Michel Kail. Cairn.
      Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales. Ronan Le Roux et Arnaud Saint-Martin. Open Edition.
      Le destin existe-il ? Christophe André répond à un auditeur. Psychologie.

      #5631
      Lecoeur
      Participant

        Les scientifiques ne savent pas ce qu’est une particule élémentaire, et ne savent pas ce que vont exactement faire deux particules qui se rencontrent. Il est possible que le chemin et l’interaction des particules soient déterminés. Mais qu’en est-il des myriades de particules qui nous composent et qui agissent toutes simultanément. D’ailleurs cette simultanéité de fonctionnement ne rend-elle pas les choses indéterminables (je ne dis pas indéterminés)? Et savons-nous la chose essentielle qui modifierait complètement la mesure du monde, c’est-à-dire « Est-ce que les particules sont fonctions de l’univers ou bien est-ce l’univers qui est fonction des particules qui le composent? » L’univers est-il fini ou infini? Et qu’est-ce que le présent de la mécanique quantique?
        Mais le problème le plus important pour l’être humain n’est-il pas de savoir s’il peut être responsable d’exister? Est-il seulement possible d’être responsable d’exister?
        http://societeshumaines.blogspot.fr/2017/12/responsable-ou-aresponsable.html

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