Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Est-ce qu’il est mieux de tuer que de laisser mourir ? Introduit par Laura pour lundi 02.08.2021 + min compte-rendu

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  • #6048
    René
    Maître des clés
      Sujet : Est-ce qu’il est mieux de tuer que de laisser mourir ?
      Merci Laura pour cette question et ton introduction ci-dessous.

      Imaginons deux hommes, Smith et Jones, avoir un cousin de six ans. Les deux hommes pourraient bénéficier d’un héritage conséquent lors du décès de l’enfant. Smith décide de tuer l’enfant en le noyant dans la baignoire pendant qu’il prend un bain. Jones décide de le laisser mourir sans intervenir lorsque l’enfant, prenant un bain, glisse et tombe inconscient avec le visage dans l’eau de la baignoire.
      Peut-on affirmer que les deux hommes sont également coupables ?
      Cet exemple, repris d’une œuvre du philosophe américain, James Rachel titrée End of Life, défend la thèse de l’équivalence entre le fait de tuer et celui de laisser mourir. Pour le dire autrement, du point de vue sociétal, tuer un homme ou le laisser mourir de faim revient au même.
      « Si les êtres humains sont altruistes dans une certaine mesure, ils sont, plus encore, égoïstes, et la façon dont ils jugent leur comportement et celui des autres est largement fonction de leurs propres intérêts et de ceux des quelques personnes qui leur sont chères. Or tant du point de vue des avantages que du point de vue des coûts, il est dans l’intérêt des habitants des pays riches d’estimer plus grave le fait de tuer que celui de laisser quelqu’un mourir. Tout d’abord, l’interdiction de tuer n’entraîne pas de coûts élevés : on peut vivre très bien sans jamais tuer personne. Mais le coût que représenterait l’obligation de ne pas laisser mourir les gens que nous pourrions sauver serait considérable. Pour chacun d’entre nous, le fait de considérer qu’il est de notre devoir de sauver les gens qui meurent de faim exigerait l’abandon de notre mode de vie opulent ; nous ne pourrions plus dépenser notre argent à des produits de luxe pendant que d’autres meurent de faim. Par ailleurs, nous avons beaucoup plus à gagner du strict interdit qui frappe l’acte de tuer que d’un impératif équivalent nous défendant de laisser mourir autrui. Comme nous ne courons pas le risque de mourir de faim, nous ne souffrons pas de ce que personne n’estime important de nourrir ceux qui ont faim ; par contre, nous nous sentirions menacés si l’acte de tuer n’était pas considéré comme extrêmement grave. Dés lors, tant du point de vue du coût que du point de vue des avantages, nous avons une tendance naturelle et égoïste à estimer qu’il est plus grave de tuer que de laisser mourir. Il est dans notre intérêt de le penser, et donc, nous le pensons ».
      « La responsabilité, questions philosophiques » dirigé par Marc Neuberg, PUF

      Questions :
      – Est-il plus profitable pour la société de ne pas tuer ou de ne pas laisser mourir ?
      – Comment pouvons-nous adhérer à cette thèse si contrintuitive ?
      – Quelles perspectives philosophiques pourraient nous aider à adhérer ou moins à cette thèse ?

      Références possibles :
      Une vidéo pédagogique sur l’éthique appliquée. Dessine-moi l’éthique. 2mn23.
      Bernard Mandeville, La Fable des abeilles, 1714. Une explication de Pierre-Henri Tavoillot (philosophe) Durée 5mn.
      John Stuart MILL : L’utilitarisme – Ce qu’est l’utilitarisme. Audio du chap. 1. Durée 50mn
      – L’utilitarisme (Bentham). Le cours du Précepteur. Durée 41mn
      L’impératif catégorique. Emmanuel Kant, le cours du Précepteur.

      Prolongement : Cette position éclaire le point de vue bioéthique sur le choix de poursuivre les soins pour une personne atteinte d’une maladie incurable ou de la laisser aller vers la mort. Sur un autre parallèle, nous pouvons élargir le questionnement sur l’exploitation animale, est-il plus profitable de faire élever et tuer les animaux par l’industrie que de les abattre nous-mêmes directement.

      #6051
      René
      Maître des clés

        Un compte-rendu de : Est-ce qu’il est mieux de tuer que de laisser mourir ? Introduit par Laura

        Bonjour,

        Je (René) n’étais pas présent à la séance. Merci à Laura pour l’introduction de son sujet et merci à Laurence pour avoir rapporté les questions qui y ont été formulées ci-dessous :

        Laurence :
        Nous étions 8 avec moi et nous avons accueilli 2 nouvelles personnes, Cécile et Christiane.

        Les questions qui sont apparues dans le débat sont les suivantes :
        – Pourquoi laisse-t-on les gens mourir ? (en référence à la faim dans le monde)
        – Aujourd’hui, sommes-nous tenus d’être de plus en plus responsables de notre mort, de l’être autant pour soi que pour les autres ? (euthanasie, épidémie, contrainte environnementale et démographie)
        – Vivre, est se rendre coupable d’un préjudice contre une autre vie et d’autres formes de vie ?
        – La famine est-elle un sujet politique (dans le sens où elle ne résulte que de la guerre, de rivalité entre des groupes ethniques, de la corruption, voire de l’incompétence des hommes politiques, et non de la capacité effective à nourrir les populations ? Ou est-elle un problème éthique, et donc philosophique (un sujet qui peut faire débat quant à la manière de penser l’égalité, la justice, les droits, les besoins, etc.) ?
        – Quelle place donne-t-on à la valeur de la vie ? La vie vaut-elle pour sa sauvegarde biologique, pour l’aventure de la pensée, de l’humanité qu’elle engage (ou se réduit-elle qu’à des rapports de force) ?
        – Comment faire preuve d’empathie à l’échelle d’un groupe élargie, puis d’une nation, d’une civilisation, et de l’humanité en général ?
        – Refuser la mort n’est-il pas qu’un autre mal que l’on se donne, et qui en entraine tant d’autres ?

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