Cafephilos Forums Les cafés philo Des cafés philo sur Grenoble Eté Oh! Parcs 2025, une initiation à la philosophie par des citations.

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  • #7807
    René
    Maître des clés

      Bonjour,

      Dans le cadre des animations d’été au parc Mistral, nous animerons un café philo chaque dimanche à 18h30.
      Le programme de la ville est ici. 

      7 séances sont prévues, et quelques citations seront proposées à chacune d’elles. Une citation sera retenue pour notre échange.

      Dimanche 13 juillet
      « Nul n’est méchant volontairement ». Socrate
      Une citation non textuelle, mais qui résume la pensée du philosophe.

      « Je vais donc poser la question la plus redoutable. On peut, je crois, la formuler ainsi : Est-il possible que le même homme, sachant une chose, ne sache pas cette chose qu’il sait ? »
      Théétète, 165 b.

       » Car voici ce que me semble faire l’âme quand elle pense : rien d’autre que dialoguer, s’interrogeant elle-même et répondant, afirmant et niant ».
      Théétète, 189 e.

      « Il n’est pas possible (…) que les maux soient supprimés, car il est inévitable qu’il y ait toujours quelque chose qui fasse obstacle au bien (…) c’est pourquoi il faut essayer de se rendre semblable à un Dieu comme on peut; se rendre semblable à un Dieu, c’est devenir juste et pieux, avec le concours de l’intelligence. »
      Théétète, 176b.

      Le compte rendu de cette séance est dans le message suivant (ci-dessous)

      Les citations pour les dimanches suivants seront rapportées au gré de l’évolution du programme. Merci de votre compréhension. 

      Dimanche 20 juillet
      Aristote

       

      Dimanche 27 juillet
      Descartes

       

      Dimanche 3 août
      Spinoza

       

      Dimanche 10 août
      Kant

       

      Dimanche 17 août
      Husserl.

       

      Dimanche 24 août
      Nietzsche

      Quelques règles concernant nos échanges
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.
      – Pas d’attaque ad hominem /ad persona.
      – On essaie de rendre compte des raisons de sa pensée et de faire évoluer le débat.
      – Chacun est le bienvenu, quelles que soient sa confession, sa classe sociale, sa formation et ses références philosophiques.

      Mon approche des cafés philo.
      Elle est plutôt non-directive, centrée sur les questions des participants. Nous nous efforçons de faire évoluer le débat au fur et à mesure de nos échanges.
      Nous partons du principe que chaque participant est adulte, autonome, responsable de sa pensée et de ses comportements. On note également que le participant est curieux d’examiner aussi bien les arguments de sa pensée que de ceux d’autrui.
      Nous nous appuyons en fait sur l’idée qu’une écoute compréhensive et qu’un partage structurant et structuré de nos réflexions ne peut être que profitable à tous, à une socialisation réflexive en partage et à une philosophie en travail.

      Ce que le café philo n’est pas :
      Le café philo n’est pas un lieu de propagande politique ou religieuse, ni il n’est celui d’une mise en spectacle de soi. On n’y vient pas faire la leçon aux autres ou répéter ce que l’on sait déjà, chacun étant déjà par lui-même l’auteur de sa propre pensée. L’effort que nous faisons porte sur une réflexivité mise en partage, sur l’écoute de l’autre et du débat qui se construit : on y assume les hésitations d’une pensée qui se cherche.

      ————————————-
      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #7809
      René
      Maître des clés

        Un bref retour de la séance 1, dimanche 13 juillet

        Nous étions environ 25 personnes (je n’ai pas compté précisément). La citation retenue est :
        « Nul n’est méchant volontairement ». Socrate
        Une citation non textuelle, mais qui résume la pensée du philosophe (voir la note plus bas)

        Par rapport à notre échange :

        La méchanceté est définie, dans un premier temps, comme la volonté délibérée de nuire à autrui.
        Toutefois, une opposition se dresse rapidement : ce n’est pas « volontairement » que la personne fait le mal, mais « inconsciemment », c’est-à-dire sans qu’elle soit consciente effectivement des conséquences de ses actes.

        Ainsi, la « volonté » (le désir volontaire) est liée à la « conscience » (au savoir de ce que l’on fait : on sait ce que l’on fait à autrui).
        Mais ici, il semble qu’il y ait une difficulté non pas à s’entendre, mais à se comprendre. En effet, le terme « conscience » ne désigne pas la même chose pour tout le monde. La question de la conscience est un thème central en philosophie. On ne pourra qu’à peine effleurer la question ce soir. En attendant, il nous faut distinguer la conscience de soi, de l’autre. Il nous faut distinguer ce que l’on fait dans nos interactions interpersonnelles (au quotidien) de nos actions publiques et/ou politiques.  Il s’agit là, non pas de conscience, mais de discernement : de la possibilité de faire des distinctions. Et, lorsqu’on pose la question : les responsables politiques, les tyrans sont-ils conscients de ce qu’ils font ? On parle d’une conscience sur plusieurs plans (moral, affective, sensible, perceptive, éthique) tout en évoquant également la conscience (le savoir) se rapportant à la loi, au droit international.

        Si les dirigeants ou nous-mêmes ne sommes pas « entièrement » conscients de tout ce qui « agit » en nous (nous ne sommes pas omniscients), nous ne pouvons pas ignorer les distinctions qui s’opèrent entre soi et autrui, entre la vie personnelle et la vie publique, entre l’intérêt privé et l’intérêt général. Ainsi, la non-conscience absolue en toute chose ne suppose pas, a priori, une entrave à sa capacité de discernement, ni elle ne présuppose l’ignorance du droit ou de la loi, notamment lorsqu’on est en charge de responsabilité.

        Je ne vais pas développer trop avant ce compte rendu, car je souhaite mettre ma pensée en suspens (époché – Husserl), et laisser murir ce que je perçois encore trop indistinctement en moi-même et de la situation. Mais j’ai apprécié les questions-problèmes soulevées lors de notre rencontre, car lorsque nous parlions de conscience en termes de « perception », de sensibilité, d’empathie, de conscience de l’autre…nous cherchions à faire le lien avec le sens d’une conscience à son plus haut degré de savoir et de perception. Et il y a dans cette intention, quelque chose de proprement philosophique.

        Merci de votre attention. A votre tour, et si vous le souhaitez, n’hésitez pas à rédiger votre pensée à la suite de nos débats.

        Une ou deux références (au cas où) :
        J’ai apprécié les cours d’Annick Steven (qualité universitaire année 1, mis à la portée de tous), ici, celui sur Platon.
        Son cours sur les premières philosophies, de Thales à Socrate, est pas mal non plus (voir ici). 
        Pour les lectures, la collection aux éditions Ellipses : « Apprendre à philosopher avec… » est fort bien faite pour s’initier à la pensée des auteurs. Voir ici. 
        La collection Dunod : Platon (et d’autres auteurs) à la plage, se lit plaisamment également. 

        Les ouvrages d’introduction à la pensée des philosophes sont généralement indispensables pour comprendre leur pensée. En effet, le plus souvent, les philosophes se sont adressés à leurs confrères, à leurs disciples et ils inscrivent leur pensée dans l’histoire de leur discipline ce qui, à termes, la rend extrêmement complexe. Mais nous avons la chance de profiter de leur enseignement en passant par des propédeutiques ou des ouvrages d’introduction.

        On a parlé d’anthropologie (un peu), cette chronique peut vous intéresser, elle évoque le pouvoir dans des sociétés sans Etat. 

        Un mot par rapport à la citation de Socrate « Nul n’est méchant volontairement ».

        La volonté fait référence ici à une conscience délibérée, précisément avertie des effets qu’elle cherche à produire sur ceux qui les subissent. En effet, les interlocuteurs de Socrate, des sophistes et potentiellement des tyrans, défendent une justice qui est celle du plus fort, de l’intérêt privé et de ceux qui savent tirer le meilleur avantage de toutes les situations (voir le mythe de Giges – ce n’est pas pour la justice elle-même que l’on se bat, mais pour les avantages qu’elle nous procure. On redoute également la peur de se faire prendre et le jugement d’autrui. De fait, et du point de vue des adversaires de Socrate, on se moque de la justice en soi.

        Or, si la justice, à l’époque, s’apparente bien à celle que les tyrans imposent, on ne peut considérer qu’ils font « justice ». En effet, à termes, la politique du plus fort ne peut qu’entrainer l’instabilité de la cité et son autodestruction, en ce qu’elle conduit à faire le règne des plus fourbes. De plus, c’est bien la démocratie, corrompue de cette époque, qui condamna Socrate à boire la ciguë. La philosophie de Platon est née de ce trauma.

        Platon, à travers Socrate, vise un idéal de justice. C’est en cela que la « métaphysique » qu’il élabore, dépasse les apparences, tout en s’appuyant sur une solide argumentation. Il ne peut y avoir de justice sans « vérité » ni sans viser le bien de manière absolue, celui de la cité dans son ensemble et celui des citoyens. De fait, toute la philosophie de Platon, à travers les questions sur les valeurs du bien, du mal, de la vérité, de l’amour, du beau en soi, vise l’harmonie desdites valeurs, lesquelles aboutiront à la justice la plus accomplie qui soit. De ce point de vue, celui qui commet le mal, le fait par « ignorance », c’est en cela qu’il ne le commet pas « volontairement » (et donc, en connaissance de cause).

        Un mot par rapport à la formulation exacte de la citation : « Nul n’est méchant volontairement ».

        Elle n’est donc pas « textuelle », et elle n’est pas contradictoire avec la pensée de Platon. Elle en résume au contraire bien des aspects en ce qu’elle est une thèse que défendrait sans hésiter Socrate. Cela dit, voici des références où l’on peut trouver cette idée exprimée :
        Protagoras, 345d
        « Pour ma part, je ne suis pas loin de croire qu’aucun de nos savants ne pense qu’un homme puisse se tromper de son plien gré ou commettre de son plein gré des actions laides et mauvaises, mais ils savent parfaitement que tous ceux qui commenttent des actions laides et mauvaises les commettent contre leur gré ».
        Socrate, ici, fait sienne la parole de Sinonide (le savant) pour reprendre à son compte l’idée que nul ne commet le mal volontairement.

        Ménon 77b – 78b
        Socrate s’adressant à Ménon :(…) n’est-il pas évident que ces gens-là ne désirent pas le mal, puisqu’ils ignorent ce qu’il est, mais qu’ils désirent ce qu’ils croyaient être le bien, même si en fait, ce bien est un mal ? De sorte que, s’ils ignorent le mal et le prennent pour un bien, il est évident que c’est le bien qu’ils désirent, n’est-ce pas ? « 

        Gorgias 468d
        (…) si l’on fait mourir un homme, si on l’exile de la cité, si l’on s’empare de ses richesses – quand on agit ainsi, qu’on soit orateur ou tyran, c’est dans l’idée de que pareilles actions sont avantageuses pour celui qui les commet, mais i, en fait, elles sont nuisibles, leur auteur aura fait ce qui lui plait, n’est-ce pas ? » (Ce qu’il croit être bien, confondant ainsi ce qui plait et ce qui est bien)

        Georgias 469c (sur l’idée qu’il vaut mieux subir l’injustice que la commettre).
        Polos (à Socrate) – Tu aimerais mieux subir l’injustice que la commettre !
        Socrate – Moi, tu sais, je ne voudrais ni l’un ni l’autre. Mais s’il est nécessaire soit de commettre l’injustice, soit de la subir, je choisirai de la subir plutôt que de la commettre.
        En effet, du point de vue de Platon, c’est parce qu’on ignore l’intelligibilité des choses derrière leur apparence, qu’on peut préférer l’injustice (le mal) à la justice (le bien).

        ————————————-
        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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