Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Faut-il s’adapter ? Le nouvel impératif politique. Barbara Stiegler. Sujet prévu ce lundi 29.06.2020
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25 juin 2020 à 19h20 #5868Faut-il s’adapter ? Le nouvel impératif politique. Barbara Stiegler.
Autrement dit, faut-il s’habituer à tout ?Barbara Steigler : Ces termes : compétition, sélection, mutation, évolution ont été reliés entre eux par la théorie darwinienne, puis transposée sur les sociétés humaines, la logique économique, éducative, celle soin, etc… On transpose de fait le biologisme à la politique. On navigue ainsi entre un darwinisme social défendu par le nazisme et un darwinisme libéral qui prône un « laisser-faire » pour que les plus aptes soient sélectionnés. Entre hyper-libéralisme et autoritarisme, avons-nous le choix, existe-t-il une troisième voie autre que la pure adaptation et la pure soumission ?
Barbara Steigler s’appuie notamment sur Walter Lippmann et son opposant John Dewey pour remonter aux origines de ce clivage entre deux formes de libéralisme, mais radicalement opposées (attention à l’interprétation purement politique du terme, liberal, surtout du point de vue anglo-saxon).
Walter Lippmann (journaliste, conseiller politique. 1889 – 1974) se livrera à une critique acerbe de ce qu’il appelle « la doctrine du citoyen omnicompétent ». Devant la complexité du monde moderne, la démocratie originelle ne peut s’appliquer qu’à un « village de campagne
le rôle du public se résume en deux actions : s’aligner et se retenir d’interférer (to align without meddling). Sa participation se limite en somme à appuyer ou rejeter la position d’un parti, à voter pour ou contre une proposition politique. Ensuite, l’homme du peuple doit s’abstenir de jouer un rôle quelconque afin de ne pas parasiter le débat par son ignorance et ses remarques triviales. La liste s’arrête là. Le suivisme et la retenue sont les deux grandes responsabilités politiques du citoyen.Son opposant John Dewey (1859 – 1952) est le premier à associer le terme de démocratie à celui d’éducation. Le programme de l’école Dewey se rapporte aux occupations de la communauté. L’éducation est à la vie sociale ce que la nutrition est à l’organisme. Eduquer signifie communiquer aux autres notre expérience afin qu’elle devienne un bien commun. Et, dans cette communauté, l’enfant a sa place et sa part de travail dans la division du travail instaurée. Ainsi, on développe chez lui le sentiment d’une coopération mutuelle et le sentiment de travailler de façon positive pour une communauté. Par là, l’ordre et la discipline se développent, non à partir d’un ordre du maître, mais à partir du respect propre de l’enfant pour le travail effectué.(…)
Dewey déclare : « lorsque les conditions scolaires sont si rigides et si formelles qu’elles n’ont aucune parallèle en dehors de l’école, l’ordre extérieur et le décorum peuvent être préservés… des habitudes externes d’attention et de contrainte peuvent être formées, mais aucun pouvoir d’initiative ou de direction, aucune auto-discipline morale [7]. Dans cette situation, l’esprit communautaire est remplacé par « des motivations et des normes fortement individualistes » : crainte, émulation, rivalité, jugements de supériorité et d’infériorité et, de ce fait, « les plus faibles perdent le sens de leurs capacités et acceptent une position d’infériorité persistante et durable » tandis que « les forts sont tentés de se glorifier d’être les plus forts ».Ressources
– Interview de Barbara Stiegler 17mn. France Inter.
– Les injonctions du néolibéralisme. Barbara Stiegler invité par Sylvain Bourmeau. France Culture.
– L’autre libéralisme de John Dewey. La suite dans les idées. Sylvain Bourmeau. France Culture.
– Barbara Stiegler sur l’injonction à s’adapter. Avis Critique. France Culture.
– La politique est-elle l’art de s’adapter ? Barabas Stiegler invité des Chemins de la philosophie.
– Barbara Stiegler, « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique. Un compte-rendu de Nathanaël Colin-Jaeger
– Vie d’un grand pédagogue : Apprendre ? John Dewey sur Savoir CDI.
– John Dewey, une pédagogie de l’expérience. Article du Cairn.
– Walter Lippmann : La fabrique du consentement. Article dans Controverse.
– Walter Lippmann et le néolibéralisme de La Cité Libre. Article du Cairn.Ps : Raphael (depuis l’Australie) nous a envoyé un document (dans ce lien: le shifting baseline syndrome) de recherche qui montre que les générations s’adaptent à l’environnement, à la diminution de biodiversité, aux changements des espèces, mais sans même s’en rendre compte. D’où il nous est venu l’idée de ce sujet. B)
Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
– Evitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
– On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
– Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
– On s’attache non pas à affimer son opinion, mais à expliquer la raison de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on tente de faire progresser le débat, c’est-à-dire, d’en clarifier les enjeux.
– Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentaion.
– Un responsable du rappel des règles peut être nommé (Nikky qui accepte de s’y frotter B) , notamment pour les participants qui tendent à se répèter d’une séance à l’autre et ce, depuis des années. Force est de constater que des adultes se trouvent incapables de respecter ou de suivre des régles pour faire évoluer un débat, tandis qu’ils tentent de monopoliser le temps de parole du groupe.Des repères pour le rappel des règles :
Dans le principe, inventer sa manière de rappeler les règles, de sorte à s’adapter à la personne (à sa sensibilité ou à son obstination), de sorte à favoriser une liberté de la pensée, mais non une licence du comportement ou la répéticion des mêmes idées. On s’efforce de faire « philosophie » et d’examiner les présupposés à ses pensées. On peut éventuellement s’inspirer des indications ci-dessous :En négatif :
– Ne pas multiplier les exemples,
– ne pas s’étendre dans de longues explications
– ne pas donner de leçon de moral au groupe
– ne pas vouloir répondre à tout le monde
– Ne pas répéter d’un débat à l’autre les mêmes argumentations
– Ne pas tout ramener à l’économie, surtout si ce n’est pas le sujet du débatEn positif :
– Rester dans le sujet,
– Faire le lien entre son intervention et la question du sujet
– Ne donner qu’un exemple si votre argumentation est complexe.
– Ne traiter qu’une idée à la fois, éventuellement deux.
– Souligner les contractions,
– Poser des questions
– Demander des précisions
– Rester concis.
– Inscrire son argumentation dans la suite du débat.26 juin 2020 à 2h00 #5869Faut il s’adapter ?
Pourquoi faut il s’adapter ?
Comment s’adapter ?une personne une entreprise un collectif qui ne s’adapte pas aux changements de son environnement se met en danger
mais faut s’adapter ne peut être absolu.
au contraire des animaux qui s’adaptent par les essais et erreurs génétiques
l’homme a bcp plus de choix grâce à son intelligence et sa « vision »en sens inverse Stiegler conteste un peu trop systématiquement le faut s’adapter chez les humains.
les grandes civilisations sont le fruit d’un maintien de certaines composantes sociales suffisamment solides pour ne pas s’adapter et continuer d’être fécondes.
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