Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse « Il faut savoir être infidèle aux autres parfois pour ne pas l’être à soi-même » Sujet pour lundi 12.09.2016 + le compte-rendu de Myriam

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
  • Auteur
    Messages
  • #5378
    René
    Maître des clés
      Prochain sujet proposé par Nadège :
      « Il faut savoir être infidèle aux autres parfois pour ne pas l’être à soi-même »

      Dans son roman, Les vaisseaux du cœur (Grasset,1988, p.211) basé sur les éléments autobiographiques, Benoîte Groult, journaliste, écrivaine et militante féministe française (1920-2016) fait dire à la narratrice :

      « Il faut savoir être infidèle aux autres parfois pour ne pas l’être à soi-même (…) »

      La phrase concerne la prise de conscience de la narratrice après le décès de sa mère, des priorités à établir, de la « boulimie de vie », mais notre débat ne portera pas sur le roman, il n’est donc pas nécessaire de le connaître.
      – Comment réagissez-vous à cette phrase ?
      – Quelles questions vous suggère-t-elle ?
      A nous, participants, de rechercher les enjeux, les présupposés philosophiques qui se posent dans cette proposition.

      Ressources
      Benoite Groult, invitée de Bibliothèque Medicis
      Benoite Groult sur France Culture.
      Merci Nadège pour cette proposition.

      #5380
      René
      Maître des clés
        Compte-rendu du débat
        « Il faut savoir être infidèle aux autres parfois pour ne pas l’être à soi-même »

        Merci Myriam pour le résumé ci-dessous de ton intervention, je trouve qu’il synthétise bien la problématique générale à laquelle nous sommes parvenus ce soir-là.

        « Lors du café philo, je ne me souvenais plus bien de la théorie de Freud, alors j’ai fait quelques recherches que je partage ci-dessous.

        Mon propos était le suivant: Nous recherchons sans cesse des compromis pour être fidèle aux autres (couple, société, normes…) et en même temps, pour rester fidèle à soi-même (plaisir, besoin…etc)
        Les névroses et psychoses illustrent ce qui se passerait si étions totalement fidèle à l’un ou à l’autre. Voir ci après:
        « Santé mentale: aptitude du psychisme à fonctionner de façon harmonieuse, agréable, efficace et à faire face avec souplesse aux situations difficiles en étant capable de retrouver son équilibre ».
        J. Sutter

        Résumé de la théorie de Freud sur le ça, le moi et le Surmoi :
        ça : intérêts pulsionnels. L’une des bases du principe du plaisir.
        Surmoi : intérêts commandés par les pressions extérieures. « tu ne dois pas ». Ce sont les interdits, la loi, les limites…
        Idéal du Moi : intérêts narcissiques, ce qu’on imagine être, vouloir être : « tu dois », « tu devrais ».
        Moi : intérêts de la totalité de la personne. pôle défensif de la personnalité construit avec les exigences du ça et les interdits du Surmoi face au réel.

        Chez Freud, le Moi correspond à la partie défensive de notre personnalité, il est considéré comme étant la plus consciente. Il tente, en se positionnant comme un médiateur, de répondre aux intérêts respectifs du ça, du surmoi et du monde extérieur afin de trouver un certain équilibre. Le Moi est ainsi une “pauvre créature, devant servir trois maîtres». En effet, le moi doit supporter les menaces provenant à la fois du monde extérieur, du ça et du surmoi.
        Le ça est le «lieu» d’où proviennent les pulsions, il répond principalement au domaine de l’instinctif et de l’inconscient. De plus, le ça ne connaît ni le temps, ni l’espace, il ne connaît aucune règle, et donc aucun interdit. Il est seulement régi par une libido primaire, c’est à dire par une énergie psychique qui se trouve directement liée à la sexualité, à l’agressivité, à nos systèmes d’alerte et de défense. Son seul but est la satisfaction des plaisirs immédiats. Enfin, le surmoi représente l’agent critique, la pression des interdits, l’ensemble des exigences parentales, sociales et culturelles. Le surmoi est en partie inconscient, il se forme durant l’enfance et l’adolescence.

        Freud rajoutera ensuite l’Idéal du moi à sa théorie initiale. L’idéal du moi est un modèle auquel le sujet cherche à se conformer, résultat de l’identification aux parents idéalisés. L’idéal du Moi est une instance qui accompagne le processus de socialisation, tout au long de la formation de la personnalité.

        Définition psychose
        Dans les psychoses, le Moi prend le parti du Ça pour détruire la réalité du Surmoi. Il la remplacera par une néo-réalité qui est le délire. Ce délire sera bâti sur les exigences du ça. La personne psychotique n’a pas conscience de sa maladie.
        Les processus psychiques sont de type primaire.
        Ainsi apparaissent dans les pathologies psychotiques de l’adulte : la schizophrénie, la paranoïa d’apparition plus tardive, la manie (état d’exaltation) et la mélancolie, avec son délire de culpabilité.
        On classe aussi dans la psychose les bouffées délirantes, éclosion brusque d’un délire, souvent sans suites pour l’avenir.

        Définition névrose
        Dans les névroses, le Moi, arbitre, prend le parti du Surmoi pour combattre les pulsions du Ça, en contrôlant ou interdisant tout plaisir. Le névrosé a conscience de sa maladie. Les processus psychiques sont de type secondaire.
        On compte dans les névroses : l’hystérie, la névrose obsessionnelle, la phobie, la névrose d’angoisse, la névrose traumatique, et la névrose de caractère.

        SOURCE:
        http://psychiatriinfirmiere.free.fr/definition/nevrose/nevrose-theorie.htm

        Merci Myriam pour ce travail.

        En fait, la question de départ porte sur le fait d’assumer une infidélité faite à l’autre, autrement dit, d’assumer un « mensonge » ou une rupture d’avec ce qui était attendu. Mais dans ces conditions, qu’est-ce qu’être honnête avec soi, et avec l’autre ?

      2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
      • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.