Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Justice sociale, faut-il prendre l’argent des riches pour le donner aux pauvres ? Sujet du 08.08.2016

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    René
    Maître des clés
      Justice sociale, faut-il prendre l’argent des riches pour le donner aux pauvres ?

      Du point de vue des libertariens, la redistribution des richesses n’est rien d’autre qu’un vol des riches, au moyen de l’impôt, et dont la manne est redistribuée aux moins riches. Des recettes fiscales à la Robin des bois en quelque sorte.
      Michaël Sandel reprend l’argument des libertariens pour élever le débat et dépasser l’opposition classique entre les riches et les pauvres.
      Mais examinons d’abord quelques arguments du débat. Pour Damien Theillier (philosophe libéral) : « Appauvrir les riches n’enrichit pas les pauvres », et les actions des gouvernements sont toujours contre-productives (voir ici un article dans la Tribune) : elles empêchent les ajustements qui s’opéreraient naturellement entre toutes les parties si on les laissait faire.
      Pourtant, comme le rapporte une expérience en économie, donner de l’argent aux pauvres n’allège pas seulement leurs difficultés, un apport financier peut leur permettre de contribuer de manière effective à l’économie de marché, notamment en permettant aux pauvres de faire des études, de poursuivre une formation professionnelle, d’accéder à des qualifications, de se mettre à leur compte (voir ici l’article de Mattew Iglesias. Slate).
      Par ailleurs, Jean Gadrey (professeur honoraire d’économie) démontre par un calcul qu’un transfert d’argent peu conséquent des plus riches vers les plus pauvres soulage de manière effective ces derniers sans léser les premiers. (Voir ici dans Alternatives Economiques).

      Le partage des richesses, ou les politiques de la redistribution peuvent s’apparenter à la philosophie dite utilitariste : il s’agit de contribuer au plus grand bonheur possible du plus grand nombre de personnes. (Définition de toupie ici)

      Mais cette philosophie comprend des limites, en effet, si tout se résume au calcul des intérêts les plus grands de la majorité, on s’oriente à grands pas vers l’absence de toute valeur morale. Dans son cours (ici, épisode 2, 5ème minute) Michaël Sandel fait état d’une étude menée par le cigarettier Phillip Morris. La multinationale démontre que fumer est un plus grand bien pour la société que s’abstenir. En effet, l’économie réalisée par les morts prématurés serait supérieure aux coûts engendrés par les maladies dues au tabac.

      Dans son ouvrage (Justice, 2016), Michaël Sandel repense la notion de justice sociale. S’appuyant sur des exemples concrets, il met en évidence les limites de la pensée utilitariste, et invite à repenser les valeurs de la société à l’aune, par exemple, de ce qui peut contribuer à renforcer le sens de la dignité de l’être humain.

      Ressources
      Justice : bien juger pour bien agir par Michael Sandel. Les nouveaux chemins de la connaissance. France Culture
      Le résumé de la philosophie de Michael Sandel par Brice Couturier. France Culture
      Qu’est-il juste de faire ? Caroline reçoit Ruwen Ogien pour apporter la contradiction à Michael Sandel. France Culture
      La revue de presse de Philomag.
      L’utilitarisme, le cours de Simone Manon
      L’un des cours vidéos de Michael Sandel soutitré en français Canal éducatif.
      Les cours vidéos de Michael Sandel à Harvard (non traduits, mais avec transcription en anglais)
      Homo economicuse vs homo status, une autre approche ? Huffingtonpost

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