Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › La fin du travail peut-elle rendre son humanité à l’être humain ? Sujet proposé par Gwenaelle pour lundi 12.10.2020 + compte-rendu axé sur la reformulation de la question.
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8 octobre 2020 à 15h26 #5948
La fin du travail peut-elle rendre son humanité à l’être humain ?Merci Gwenaëlle pour ta question et la proposition de ce sujet
Je me suis inspirée d’une émission de France Culture pour notre prochain sujet : Création on Air : Au travail.
Quand certains d’entre nous se sentent soulagés à l’approche des vacances, d’autres se crispent à la seule pensée d’une chaise longue. Et à l’heure où certains sombrent dans le workaholism ou le burn-out, d’autres découvrent avec horreur l’existence de l’expression « bore-out », l’ennui qui découle des gestes répétitifs du travailleur.
C’est quoi, le travail ?
Peut-on être défini par un métier dans un monde où ce mot tend à disparaître ?
Sommes-nous tous des losers ou sommes-nous asservis à une économie qui nous demande d’être sans cesse plus performant, plus productif, plus opérationnel ?
Et l’oisiveté, nous rendra-t-elle plus libres ?Sans plus attendre, sans mode d’emploi, sans emploi du temps et sans passeport, nous vous invitons à embarquer vers une destination improbable, une planète inconnue, un nouveau monde … du cœur à l’ouvrage…et inversement…
Questions pour notre débat :
– La fin du travail peut- elle rendre aux Hommes leur humanité ?
– La désindustrialisation et la réindustrialisation d’un coin à l’autre de la planète marque le pas, mais pour combien de temps ?
– Qu’est-ce que le travail, qu’est-ce que l’emploi ?
– Travail et emploi rendent-ils libre ou nous asservissent-ils ?
– Identité, liberté, servitude, à l’aune de quelle humanité nous fabriquons-nous ?Notions associées
Citoyenneté Grèce antique, engagement politique, œuvre, corps, métier / emploi, esclavage / identité, chômage – retraite, revenu universel, consommateur, réalisation / anéantissement de soi …Citations:
– Le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité.
Karl Marx Le Capital, 1867, livre III, chap. 48« La conséquence de l’émancipation du travail n’a pas été son égalité avec les autres activités de vita activa, mais plutôt sa prédominance à peu près incontestée.
Hannah Arendt. Condition de l’homme moderne. Chap.III. (1958)« C’est par le travail que l’homme se transforme. »
Louis Aragon – 1897-1982 – Article dans l’HumanitéRessources
– Quelle philosophie du travail ? Hanna Arendt et Simone Weil. Pierre-Yves Gomez (3/4). Chronique de 3mn. Les carnets de l’économie.
– Pour un travail vivant…. comment faire ? Pierre-Yves Gomez 4/4. Les carnets de l’économie.
– Intelligence du travail : désillusions et reconquête. Pierre-Yves Gomez. Conférence (lien vers le milieu de page sur France culture)
– Hannah Arendt – La fin du travail et le malheur de l’homme moderne, par Olivier Dekens. Editions M-Editer.
– Création air, Au travail ! Documentaire radio de Léa Cohen. France Culture. durée 1 heure (+ 28mn L’épuisement professionnel par l’ennui. Pieds sur terre)
– L’excellent cours d’Annick Stevens : Hannah Arendt et la condition humaine. Université populaire de Marseille.
– Condition de l’homme moderne. Hannah Arenth. Le résumé de Wiki.
– Les apéros de l’anthropocène ou comment émettre moins de Co2, comment décroitre en PIB, tout en augmentant ou en maintenant une qualité de vie ? De jeunes économistes, sympathisant de Jancovi pense la décroissance.22 octobre 2020 à 12h30 #5954Compte-rendu focalisé sur la reformulation de la question…Quelques problématiques développées :
La question de départ demande à être analysée, « la fin du travail peut-elle rendre son humanité à l’être humain » ?
> En effet, il faut clarifier l’idée de fin du travail et celle de l’humanité dans l’être humain.
> Question 1 : Que faut-il comprendre par « fin du travail » ?
– Y a-t-il vraiment une « fin » du travail, alors que les gens sont en burn out, tandis que d’autres désespèrent trouver un emploi ?
Dans la question, l’idée de fin du travail est associée au fait que la crise de l’emploi, en 2020, remet en cause la possibilité pour chacun d’en trouver un, de se former à une profession, de gagner sa vie dans un marché d’échanges de biens et de services en constant bouleversement.
Pourtant, on n’envisage pas ne plus travailler si, par ce terme, on imagine se couper du monde, ne plus interagir. L’être humain ne peut survivre et faire société que dans un contexte d’interaction riche, multiple, varié. La condition d’existence de chacun est indexée à sa possibilité d’interagir avec ses semblables, de contribuer à la société et d’échanger des biens et des services avec autrui.
Toutefois la dynamique générale d’aujourd’hui, l’hyper compétition de la globalisation est questionnée en raison du réchauffement climatique, de l’accroissement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Ainsi, le paradigme d’une croissance infinie dans un monde fini semble montrer ses limites, ce qui pose la question d’une fin du travail dans le paradigme habituellement entendu, celui d’un consumériste infini dans un monde fini.C’est donc une conception du travail, son paradigme qui doit être questionné, notre rapport à l’environnement et à autrui dans lequel nous nous situons aujourd’hui qui doivent être reconsidérés. Comment le travail, aujourd’hui, peut-il être entendu ?
Question 2 : un être humain, a fortiori, une société, une civilisation, quels qu’ils soient, peuvent-ils être « non humains » ?
A priori, non, et c’est une tautologie que de le préciser, tout humain exprime une part d’humanité, a titre d’individu ou de civilisation. Il n’y aurait donc pas de civilisation barbare, si l’on entend par ce terme qu’elle est non humaine.
En revanche, l’expression suggère l’inacceptable, ce que l’on refuse de considérer comme digne de l’humanité, si l’on prête à ce souci de dignité, l’idée de trouver les meilleurs compromis pour élaborer les règles d’un vivre ensemble, de faire société.Reformulation de la question.
Pour garder l’esprit de la question, nous pourrions la reformuler ainsi : La fin du travail, dans le paradigme environnemental global d’aujourd’hui, et qui menace la paix sociale et la survie des espèces, peut-elle faire perdre à l’humanité son éthique, son rapport au droit et au respect de l’autre ?Pour aller directement vers la question qui s’est posée à la fin de notre débat.
Alors que les ressources se trouvent limitées, que notre rapport à l’environnement doit changer, que nos valeurs ne doivent plus se baser sur le consumérisme à tout prix (le toujours +), quelles nouvelles valeurs, quels nouveaux cadres de vie nous faut-il imaginer de telle sorte qu’ils permettent à l’être humain de développer le meilleur de ses capacités, de ne pas entraver ses potentiels, sa créativité, ses richesses ? Autrement dit, quel cadre se donner de sorte à permettre au meilleur de l’humanité en soi de se développer ?
> Comment faire usage de notre histoire, de nos techniques, de nos savoirs d’aujourd’hui pour construire l’humanité de demain, celle qui stimulera la jeunesse d’aujourd’hui et de demain ? -
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