Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › La parole engage-t-elle autant que les actes ? Sujet proposé par Marie-France pour lundi 31.07.2017 + Compte-rendu de Marie-Thérèse
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27 juillet 2017 à 3h29 #5555La parole engage-t-elle autant que les actes ?
Partons simplement avec cette question, et voyons les enjeux qu’elle soulève. Merci Marie-France de nous avoir suggéré cette question.
Ressources
– Pourquoi parlons-nous ? Académie de Grenoble.
– Parler est-ce le contraire d’agir ? Simone Manon dans Philolog.
– Le Langage et l’éthique de la parole. Didier Moulinier dans Apprendre la philosophie.
– L’engagement. Philo pour tous.
– L’engagement : une valeur emblématique chez Camus et Mounier Revue Leportique.
– L’engagement. Envies d’agir, raisons d’agir. Jean-Philippe Pierron (philosophe). Revue Le Cairn.
– Pourquoi ils s’engagent (et moi pas) ? Philomag.
– Les raisons d’agir : interprétation et justification Implications philosophiques.
– Agir et non-agir : sagesse de la Bhagavadgîtâ. France culture.
– La pensée et l’acte. Gilbert Boss (philosophe, Québec).Sujet corrélé traité précédemment :
– Le langage trahit-la pensée ? (Compte-rendu + schéma)24 août 2017 à 21h16 #5568Compte rendu du débat
La parole engage-t-elle autant que les actes ?
Nombre de participants : une quinzaine.
Ambiance sereine. La quasi-totalité des participants a pris la parole au moins une fois.
Débat souvent consensuel, parfois contradictoire.Remarques sur le déroulement du débat.
Le débat a tourné autour d’un pivot : comment articuler les notions paroles / actes , dirigées, ou non, vers l’engagement.
On s’est aperçu que l’une des difficultés de l’échange venait du fait que nos paradigmes (représentations du monde) reposaient sur des bases différentes, ou mal définies, (ainsi l’exemple de l’importance attribuée respectivement au nombre de morts dus au terrorisme jihadiste qui est faible (250 depuis 1995 en France), comparativement aux suicides qui est très élevé, plus de 10 000 par an en France). Dans ce type de cas, on compare des ordres de valeurs et des problèmes qui ne sont pas de même nature, d’un côté, les attaques terroristes s’en prennent à un modèle de vie, à l’ensemble des valeurs occidentales, de l’autre, il s’agit d’un problème psychologique, d’un mal être personnel, familial (éventuellement sociologique si l’on se réfère au sociologue, Emile Durkheim).Les notions récurrentes étaient notamment :
– la question de l’interprétation, des significations d’une parole (un acte est souvent moins polysémique, il s’impose comme un fait).
– la question de l’éthique (comment l’acte ou la parole m’engage ?)
– » » de l’intentionnalité (qu’est-ce qui motive mon acte, ma parole ?)
– » » de la sincérité d’un énoncé (suis-je conséquent avec ce que je dis ?)
– la notion de représentations nous a beaucoup « agités », chacun y mettant sa propre conception, voire définition, de cette notion (Est-ce une image, une projection, une interprétation due à un conditionnement ?)
Quelques lignes de force qui se sont dégagées de l’échange.De l’une des premières interventions se dégageait l’idée que les actes auraient de facto plus de poids que les paroles qui, selon le sens commun, recouvriraient essentiellement « du vide ».
Quelqu’un rappelle d’emblée l’existence de paroles qui, par elles-mêmes, sont des actes: « Je déclare la séance levée », « Je te baptise » (verbes performatifs)
A contrario, une participante fait remarquer qu’on attribue parfois trop de poids à la parole littérale : ex. »Je te tue ». L’aspect métaphorique, hyperbolique de la parole doit néanmoins jouer son rôle.
Mais, et selon un autre point de vue : « La parole c’est sérieux, quand on prend la parole, on pose un acte ,on prend un risque à chaque fois… »Pour d’aucuns, le langage exprime des possibles (promesses, par exemple) et l’acte suppose un choix, une décision.
D’où l’une des problématiques du débat : comment réduire le décalage, en politique par exemple, entre promesse/parole, et les choix auxquels nous confronte la réalité ?
C’est comme si la pensée (puis la parole) prédéfinit le possible, alors que l’acte s’affronte au possible.– L’articulation « parole – acte- engagement » suppose une manière de gérer les liens avec autrui et, partant, de vivre en société.
La parole est censée faire exister Autrui, mais, précisément, le fait-elle toujours ?– Peut-être faut-il distinguer l’action dans l’urgence (nécessité d’automatismes acquis) de l’action sur la durée (qui nécessite de renouveler sa réflexion).
Par ailleurs, dans l’action, l’instinct (et la pulsion ?) aurait un rôle important, ce sont pourtant des actes qui sont posés.L’idée de « cohérence » (liée à l’éthique) prend aussi sa place dans le débat.
Selon P: « A minima, on s’engage vis-à-vis de soi-même. »
L’insincérité appellerait-elle une sanction, voire une autocensure ? En effet, on dégrade l’image de soi à la suite de ses mensonges, de son manque de sincérité.
Une question finale:(qui pourrait faire l’objet d’un débat en soi) Comment se fait-il que ceux dont le métier est de penser s’engagent si rarement ? Ou, en tous les cas, ne font pas publicité de leur engagement.Un second schéma ci-dessous, cliquer ici si l’image n’est pas nette.
28 août 2017 à 21h55 #5569Initialement, cette question ne m’inspirait pas vraiment, mais Marie-France qui l’a suggérée, lui en a donné toute sa valeur durant le débat. C’est un peu l’intérêt des questions que tout un chacun, au café philo, peut poser, et cela a d’autant plus d’intérêt que l’on pose des questions qui sont significatives pour soi.
Au bout du compte, donner de l’importance à sa parole, c’est donner de l’importance à autrui, à ce qui se tisse dans les relations. A l’inverse, manquer de considération pour sa parole, c’est en manquer pour autrui, c’est s’extraire de l’existence, et vivre en apnée dans le virtuel. A l’heure d’internet, où l’on peut avoir le sentiment d’exister partout, on peut se demander, en réalité, si l’on n’existe pas nulle part. 😉
En bref, engager sa parole, c’est permettre à la vie de nous éprendre. -
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