Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse La vie est-elle absurde ? Sur la base des idées d’Albert Camus. Sujet présenté par Marie-Thérèse. le 14.12.2015 + un bref compte-rendu.

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  • #5318
    René
    Maître des clés
      La vie est-elle absurde ?

      Le sentiment de l’absurde, selon A. Camus, naît de la confrontation entre la quête de sens de l’homme et l’absence de sens du monde.

      Esquisse de définition. L’absurde en philosophie est le décalage entre l’attente de l’homme et l’expérience qu’il fait du monde.

      Pour Camus, cette prise de conscience de l’absurde n’est qu’un point de départ qui déboucherait sur tout un éventail de possibles :
      – Recherche d’une transcendance, aspirations religieuses, refuge dans toutes sortes de croyances, d’idéologies, …
      – refus de la vie (suicide)
      – révolte qui suppose l’acceptation de l’absurde. « Notre finitude est inévitable, la souffrance est inutile.» (Thème illustré dans « La Peste »)

      Jacques Monod, biologiste et philosophe des sciences, reprend d’une certaine manière le concept d’absurde, sans le nommer : « Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle… L’ancienne alliance est rompue… L’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers, d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part … » (Le hasard et la nécessité)

      Une autre voie suggérée par Camus est la recherche de la vérité : « Il faut chercher ce qui est vrai, tout en sachant que cela ne coïncide pas avec ce qui est souhaitable. »
      Avant tout, ce qui découle de la prise en compte de l’absurde est la révolte (Voir « L’homme révolté » 1951). La révolte est ce qui donne à la vie son prix et sa grandeur. « D’aucuns envient ce qu’ils n’ont pas …. Le révolté défend ce qu’il est. Il vise à faire reconnaître en lui quelque chose de permanent à préserver. »

      Citations
      « L’absurde n’est ni dans l’homme, ni dans le monde, mais dans leur présence commune. …  Toutes les religions, toutes les philosophies (?), une partie même de la science(?) témoignent de l’inlassable, héroïque effort de l’humanité niant désespérément sa propre contingence.» (est « contingent » ce qui résulte du hasard, ce qui aurait pu ne pas être.) Jacques Monod. Le hasard et la nécessité. 1970)

      « Je tire de l’absurde trois conséquences : ma révolte, ma liberté, ma passion. Par le seul jeu de ma conscience, je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort. » Albert Camus. Le mythe de Sisyphe. 1942.

      Le débat.
      1) Faut-il prendre conscience de l’absurdité de la condition humaine pour donner un sens à la vie ?
      2) La conscience de l’absurde conduit-elle à la révolte ?
      3) En quoi la révolte aurait-elle du sens ?

      Ressources
      Les commentaires d’Amélie Vioux (prof de philo) + vidéo explicative et efficace de 5mn, sur son site ici.
      Conférence sur Albert Camus, Université de Nantes
      Albert Camus sur France Culture ici.

      Présentation de Marie-Thérèse, merci beaucoup à elle.

      #5320
      René
      Maître des clés
        Un très bref compte-rendu

        Ambiance
        – Environ 25 personnes étaient présentes.
        – Un débat riche, des personnes qui s’écoutent, même si, visiblement, elles ne se comprennent pas toutes.
        > Par exemple, la notion « d’absurde » est déclinée sur plusieurs niveaux, comme si tous les niveaux avaient la même signification : l’absurdité des comportements entre deux personnes, l’absurdité en tant que déception devant une attente quelconque, le sentiment d’absurdité devant la mort…)
        – Toutefois, la reprise des éléments du débat a permis à certains moments de resituer les différentes représentations de nos « concepts », et cela a peut-être permis, au moins pour quelques participants, d’élargir leur horizon. B)

        Mini synthèse
        – Il y a le concept de l’absurde, et il y a le sentiment d’absurdité. L’un est un concept philosophique (une définition, une façon de concevoir la vie), l’autre est un affect, une manière de ressentir une blessure, une déception.
        Plusieurs questions :
        Que nos attentes puissent être déçues, chacun en fait l’expérience, mais tous n’en tirent pas la leçon selon laquelle la vie est absurde de façon absolue.
        – Supposons que la vie n’ait aucun sens (pas de sens religieux, pas de sens qui sied à nos attentes), cela nous autorise-t-il à préjuger du fait que la vie n’a vraiment pas de sens ? Par exemple, les lois de la physique (dont nous connaissons si peu de choses) ont peut-être un sens… mais que la physique ne peut (encore) rendre compte ?
        – La biologie, l’agencement des ADN répond peut-être à des lois que les biologistes n’ont pas encore décodées…
        – A la psychologie, la souffrance humaine correspondent peut-être des universalismes que nous peinons à faire émerger…

        En bref, il y aurait des absurdes qu’à la hauteur de nos ignorances et de nos attentes, mais pas nécessairement à la hauteur de la vie elle-même, et de sa complexité.

        Est-ce là alors que la révolte camusienne prend du sens, et que se gagne notre liberté de penser et d’agir ?
        > Est-ce là que Sisyphe remonte la pente et, dans le présent de son effort, transcende le temps, et accède à une autre vision ? Il voit au delà de la colline, il est heureux du panorama qui s’ouvre par delà lui.

        Dernière question
        Lors de nos révoltes, récréons-nous des attentes (retombons-nous dans le fond de la vallée), ou nous mettons-nous en marche vers une liberté (créativité) plus grande ?

        Une citation proposée par Nadège :
        « Pour un homme sans œillères, il n’est pas de plus beau spectacle que celui de l’intelligence aux prises avec une réalité qui la dépasse. » (Albert Camus / 1913-1960 / Le mythe de Sisyphe)

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