Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › L’amour est-il une aliénation ? Sujet présenté par Karine le 16.03.2015 + une mini observation-restitution
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12 mars 2015 à 2h12 #5205
Merci Karine pour la proposition de ce débat ci-dessous:
L’amour est-il une aliénation ?Définition d’aliénation : action de devenir autre que soi.
Problématique :
1) ➡ L’amoureux est aliéné à l’objet de sa passion. L’amoureux n’est plus maître de lui-même.
L’amour est fondé sur le manque. Il y a en nous, gravé dans notre cœur et dans notre chair, une souffrance qui correspond à tous nos manques passés. Les attentes que nous projetons sur les autres sont des stratégies de soulagement de cette souffrance : nous voyons en l’autre l’objet qui va pouvoir nous combler. Le simulacre de l’amour est une prison qui fait d’autrui l’otage de nos propres besoins, ce qu’il peut accepter qu’en nous enchaînant de la même manière.
2) ➡ Mais l’amour n’est-il pas aussi l’expression de la plénitude de l’Homme ?Citations / extraits :
« Aimer à perdre la raison… » Aragon
« Si la volupté de l’amour est de ne plus s’appartenir, la volupté du ‘moi’ est de ne jamais s’abandonner » Pascal Bruckner (Le paradoxe de l’amour)
« Celui qu’on aura guidé jusqu’ici sur le chemin de l’amour (…) verra soudain une beauté d’une nature merveilleuse » Platon (Le banquet)
« L’amour c’est l’espace et le temps rendus sensibles au cœur » Marcel Proust (La prisonnière)
Fin de l’introduction de Karine. 😉Cadre et procédure pour le débat :
– Caroline distribue la parole, ou en cas d’absente, une remplaçante (Wedad, Catherine, Karine,…)
– Nadège modére le débat.
– René (ici présent) incarne le rôle « d’observateur » (voir ici).
– Karine introduit le sujet.
L’esprit du débat
Derrière les différents dispositifs que nous testons, le but recherché peut se résumer à cette question : quelle est la meilleure manière de stimuler la réflexion de chacun et l’échange des idées de façon à répondre au mieux aux questions que nous nous posons ?
S’il le fallait, rappelons que nous nous situons dans une approche collaborative et philosophique : personne n’est le maître de personne, il s’agit pour chacun de contribuer au mieux à l’avancer des débats, tout en rendant compte, tout en questionnant l’idée de l’homme qui peut se révéler derrière nos propositions.__________________________
Le café philo d’Annemasse est ici25 mars 2015 à 14h57 #5217Bonjour,
Ci-dessous, un bref résumé de quelques problématiques abordées.
Environnement :
– Beaucoup de monde (environ 35 personnes)
– Une ambiance à la fois cool et concentrée.
– Des interventions riches et éclectiques.
– Quelques nouvelles personnes, et qui se sont exprimées.
Quelques éléments d’observation
> Le débat se cherche lors des premières interventions, mais très rapidement, on note des tentatives de problématisation, par exemple :
– C’est comme si « l’amour » s’aliénait une personne en raison d’un besoin de plénitude, alors qu’il (l’amour) résulte d’un manque.
Problème posé : ce qui nous manque à l’intérieur peut-il être comblé par ce qui vient de l’extérieur ?
L’hypothèse d’un cheminement a été proposée . Ce chemin se dessine au fur et à mesure que l’amour déroule son histoire :
– On peut être appelé à se perdre en l’autre (à s’aliéner) en vue de se retrouver soi. C’est comme si ce moment de « perte » s’imposait à son auteur, avant qu’il ne « se récupère » lui-même, pour ensuite amorcer un long apprentissage vers la construction de soi.
On retrouve des questions de type existentiel :
– Aime-t-on l’être aimé, ou seulement l’image que l’on a de lui ?
– Si on s’aime seulement par images interposées, se pose la question de savoir :
> si l’amour n’a pas de valeur du tout, en ce sens où il ne repose que sur des images projetées, changeantes, et sans substance ?
> s’il n’a de valeur que par les « effets » (les conséquences) qu’il génère (la diversité des avantages et des plaisirs partagés)
> ou s’il a une valeur par lui-même (en tant qu’idéal co-construit), et ainsi, comme un principe cadre structurant les relations ?
Se pose des questions de type « sociétal » :
– Est-ce notre société hyper individualiste qui nous conduit à surinvestir « l’amour », à lui demander plus qu’il ne peut donner ?
– L’autonomie économique de chacun conduit-elle à bien circonscrire le périmètre de son implication affective (chacun ses petites affaires) ? Ou, au contraire, à s’investir dans l’amour (comme une recherche d’absolu, tout en le détachant du reste des préoccupations matérielles), en raison du fait que les risques de dépendance économiques ont été écartés ?
Se pose des questions qui mettent en lien d’une part, l’amour, et d’autre part, la connaissance de soi.
La différence entre » la connaissance de soi’, « l’amour », et l’être aimé invite à circonscrire le vocabulaire des émotions et des relations avec autant de nuance que de lucidité :
– Tout « désir » d’autrui, toute attraction contient-il un appel à s’aliéner ?
– Y-a-t-il des degrés dans l’aliénation ? Si oui, où commence l’aliénation ? Y-a-t-il des aliénations suaves, des ivresses non dangereuses ? Faut-il passer par des aliénations « contrôlées » pour se construire soi-même ?
– Les attractions ne seraient pas toutes des aliénations, mais un appel à se révéler soi-même dans le regard de l’autre.
– Toute relation intime (consentie librement s’entend) implique-t-elle une forme ou une autre de l’amour ?
-Quels sont les liens entre les différents sentiments d’amitié, les différentes formes d’attachement, les différents degrés d’intimité, et l’amour dans ses différents aspects ?
– Quelles sont les nuances de l’amour (les couleurs de sa palette d’expression)?
– Peut-on généraliser les discours sur l’amour, ou revient-il à chacun de parcourir le chemin qui se révèle à lui-même ?
L’universel
Les trois sortes d’amour ont été évoquées (Eros-édoniste, Philia-affectif, Agapé-universel), se pose la question de savoir si ces types d’amour sont en rupture les uns avec les autres, s’il existe des porosités qui atténuent leur frontière, ou un axe central qui les maintient tous.
– Peut-on passer d’une relation amoureuse de type passionnée à une relation amoureuse de type affectueuse et apaisée, ou encore à une relation amoureuse de type « universel » ?
– L’amour pour une personne unique contient-il, d’une manière ou d’une autre, une dimension d’amour universel ?
« Mal nommer les objets, c’est ajouter au malheur de ce monde » (Albert Camus dans « oeuvres complètes, Gallimard Pléaide, t.I, p. 908, 2008.)
Passion, désir, échange, attention, attachement, affection, pulsion, idéalisation, sensualité, etc. Comment le vocabulaire de « l’amour » dessine-t-il le paysage qu’on s’apprête à explorer ?
– Le vocabulaire utilisé, le sens qu’on lui donne, pré-conditionne-t-il le voyage qu’on entreprend ?Sujets corrélés
– Nouons-nous, quel est le goût de la vie à deux ?
– S’aimer soi-même conduit-il à aimer autrui ?
– De la reconnaissance de soi par autrui, à la connaissance de soi.
– Quelle place pour la sexualité dans l’épanouissement du couple ? -
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