Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Le « Je-ne-sais-quoi et le presque-rien » Vladimir Jankélévitch, sujet du 14.07.2014

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  • #5043
    René
    Maître des clés
      Le « Je-ne-sais-quoi et le presque-rien »
      Vladimir Jankélévitch

      De quoi est fait l’instant ? C’est ce à quoi répond par l’intensité qui le caractérise le philosophe, Vladimir Jankélévitch. De façon paradoxale, sa philosophie est faite d’un « Je-ne-sais-quoi et d’un presque-rien » : Le devenir, dit en substance Jankélévitch, est l’insaisissable manière d’être de l’être » […] L’être se ramène donc à je ne sais quoi de douteux et d’équivoque, à ce presque rien qu’est le fuyant devenir.
      Le presque rien, c’est aussi sa définition de la philosophie, et pour cette raison, poursuit Jankélévitch : il s’en faut de rien pour que la philosophie ne soit plus rien du tout…. En conséquence de quoi, « ce presque rien » est en réalité « tout ». (Voir l’extrait vidéo de 2mn ici)

      Entre nous, je crois qu’il y a comme une contradiction à parler de la philosophie de Jankélévitch tant elle jaillit chez lui de ce qu’il saisit de la relation du moment. Mais essayons de nous frotter à l’exercice autour de la question : De quoi est fait l’instant présent, philosophiquement parlant, pour qu’il soit significatif ? Autrement dit : qu’est-ce qui donne à l’instant présent sa valeur de vie ?
      Autres questions :
      – La philosophie n’a-t-elle que le présent pour s’exprimer ?
      – A quoi se ramène le temps, dès lors que l’on compte sur lui ?
      « L’être sans doute s’oppose au paraître, mais il n’y a pas d’être hors de l’apparaître. » (Jankélévitch, – Le charme de l’instant) Question : Le paraître et la profondeur suivent-ils un même devenir ?
      – ….D’autres questions seront proposées pour le débat. N’oubliez pas d’amener les vôtres B)

      Références utilisées :
      Les émissions de France-Culture consacrées à Jankélévitch
      Le « fameux » A quoi sert la philosophie ? Vidéo de 7mn, avec Bernard Pivot
      Dialogue en entier entre Vladimir Jankélévitch et Michel Serre sur la disparition de la philosophie
      Site officiel de Jankélévitch
      Le site Babelio des citations de Jankélévitch

      #5049
      René
      Maître des clés
        Quelques éléments donnés lors de l’introduction du débat

        En tant que philosophe « engagé » Jankélévitch n’interroge pas le temps en tant que « durée » mesurable à l’aide d’un instrument. Il questionne une façon d’habiter le présent et d’interagir avec notre environnement, et les multiples « occasions » d’exister qui s’offrent à nous.
        Question : De quoi est fait l’instant présent, philosophiquement parlant, pour qu’il soit significatif ? Cette question résume cette manière du philosophe d’avoir été à la vie.
        Autres questions :
        – La philosophie/le philosophe n’ont-ils que le présent pour s’exprimer ?
        – A quoi se ramène le temps dès lors que l’on compte sur lui ?

        Citations utilisées (plus ou moins tronquées)
        Il n’y a pas d’autre être que le devenir et par la suite, il n’y a pas d’être préexistant déterminant l’apparition de l’être.
        Question : N’y a-t-il vraiment que soi, un immédiatement soi ?

        L’être sans doute s’oppose au paraître, mais il n’y a pas d’être hors de l’apparaître.
        Question : Qu’en est-il de la profondeur ?

        L’intuition capture l’instant dans l’instant. L’instant occasionnel est plutôt une chance qu’un message, c’est plutôt un rapt qu’une intuition agnostique.
        Question : La vérité vient-elle du dedans (telle une gnose) ?

        L’instant ne veut pas l’attente quiétiste, mais la tension aiguë et l’attention lucide. Il s’agit d’une simultanéité à surprendre, et non d’une contemporanéité à prolonger.
        Question : Qu’est-ce qui pousse le guépard à bondir ?

        A propos des Allemands : Les allemands ont tué six millions de Juifs, mais ils dorment bien, ils mangent bien, et le mark se porte bien.
        Le pardon est mort dans les camps de la mort.
        J’attends toujours la lettre d’un Allemand qui n’y serait pour rien, et qui reconnaîtrait tout.

        Un jeune allemand lui répondra. Une correspondance s’ensuivit.
        Jankélévitch le reçu comme un messager du printemps. Il déclara : Ce fut le début d’une ère nouvelle trop longtemps attendu.
        Propos rapportés par Bruno Abraham Kramer sur France-Culture ici. (Placé le curseur du défilement de la bande vers 43mn)

        Pour comparer d’autres façons de se rapporter au temps (vu dans Philomag) :
        Aristote : Concevant l’instant comme un « maintenant » qui délimite un avant et un après dans l’écoulement du temps. Le philosophe introduit en morale la notion de kairos (le moment favorable et opportun qu’il faut savoir saisir)
        Horace : « Carpe diem »(cueille le jour) en te fiant le moins possible au lendemain. Il faut prendre « en haine l’inquiétude du futur »
        Sénèque : La vie en elle-même n’est pas si courte, c’est nous qui la rendons brève en nous dispersant, en nous affairant.
        Montaigne : « Quand je danse, je danse, quand je dors, je dors » Il s’agit de s’absorber dans ce que l’on fait, de jouir loyalement de son être et de la vie.
        Nietzsche : L’Eternel Retour, il faut vouloir que tel instant joyeux exprime la plénitude de ses forces d’une façon telle, que cet instant revienne pour l’éternité.

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