Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Les échanges sont-ils toujours intéressés ? Sujet présenté par Luc pour lundi 9.11.2015

Affichage de 1 message (sur 1 au total)
  • Auteur
    Messages
  • #5308
    René
    Maître des clés

      Merci Luc pour la présentation de ton sujet ci-dessous :

      Les échanges sont-ils toujours intéressés ?

      « On n’a jamais vu de chien faire de propos délibéré l’échange d’un os avec un autre chien »,
      Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes des richesses des nations, 1776.
      Cette citation présente l’échange « comme une tendance naturelle et propre à l’homme, en tant qu’il suppose une sorte de contrat. C’est cette tendance qui donne du sens à la division des tâches entre les hommes, en fonction de leurs aptitudes » (source : Bled philo).

      – le mot échange vient du latin populaire excambiare, formé sur cambiare : troquer, échanger. Les échanges consistent donc à troquer une chose pour une autre. Un sujet donne à l’autre ce qu’il n’a pas. Il s’agit donc en quelque sorte, d’un don réciproque, entre 2 choses jugées équivalentes. « Au départ limités au troc, à un échange direct, les échanges évoluent en une forme moderne, avec l’introduction de la monnaie, qui sert de mesure permettant d’évaluer les biens échangés. On peut alors échanger indirectement quelque chose contre de l’argent. Dès lors, il faut s’interroger sur le fondement des échanges : qu’engagent-ils de plus que le don et sont-ils nécessairement plus équitables ? Comment s’assurer d’échanges justes s’ils conditionnent le lien social et plus largement la culture ? » (source : Bled philo)

      Panorama du Bled philo :
      – « Parce qu’il ne peut subvenir seul à ses besoins, l’homme semble fait pour échanger avec ses semblables. La société serait issue de ce besoin : le courant dit libéral et la philosophie d’Adam Smith reposent sur cette idée que les échanges seraient spontanément harmonieux, justes par nature ».
      – Selon Claude Levi Strauss, « l’échange fondamental conditionnant toute vie en société serait l’échange d’hommes et de femmes, conduits par la prohibition de l’inceste ».
      – Pour le sociologue Marcel Mauss, l’échange social prend la forme d’un don, qui appelle en retour un contre-don. « Cet échange peut s’exprimer jusque dans la rivalité et la domination : donner plus que l’autre, pour faire valoir son pouvoir ».
      – La monnaie : dès l’antiquité, Aristote a montré qu’elle est devenue une fin en soi, dans le but d’accumuler des richesses (ce qu’il appelle la chrématistique). Plus près de nous, Karl Marx affirme que le capitalisme fait preuve de la même perversion.
      Rousseau et Kant définissent de leur côté qu’il y a des biens inaliénables, « parce qu’inestimables sur le plan moral (liberté, dignité). C’est dès lors le rôle de l’État d’arbitrer les échanges, pour éviter leur injustice et leur perversion morale, tant au niveau matériel (conditions de travail et vente de produits) qu’au niveau humain » (échanges de valeurs et de connaissances).

      David Graeber (anthropologue et philosophe) : l’idée exprimée page 326 de son livre porte sur le bouddhisme chinois : « Religion de marchands… il a développé une authentique théologie de la dette (auto-sacrifice, abandon de tout, ascèse) laquelle aboutit à un capital financier, géré collectivement (enrichissement des monastères)… Il (le bouddhisme) applique la logique de l’échange aux questions de l’Éternité… Sauf dans les transactions instantanées en liquide, tout échange crée une dette… Amour de notre mère, amitié véritable, sociabilité, humanité, appartenance, existence du cosmos, qu’arrive-t-il à ces phénomènes absolus quand on essaie d’imaginer le monde comme un ensemble de transactions- d’échanges ? Dans le cas du bouddhisme, cet absolu a pris la forme du mérite inépuisable des bodhisattvas, modèles de Trésors inépuisables : on ne peut rembourser sa dette karmique infinie qu’en puisant dans ce vivier de rédemption, qui devient la base des fonds et richesses des monastères, possédées collectivement, centre d’immenses projets de coopération humaine, supposés éternels aussi… ».
      (source : La dette 5000 ans d’histoire).

      Autres ressources
      Marcel Mauss, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques. Une présentation de l’oeuvre de Mauss par Nicolas Olivier (ENS) dans Open Edition
      La relation d’aide et la question du don par Paul Fustier, psychologue clinicien sur le Cairn.
      Le sens de la MESURE. Manifeste pour l’Économie en Sociologie : Usage de soi, Rationalisation et Esthétique au travail (chantier), sur le Cairn.
      Echange et don par Simone Manon, philosophe, sur philolog.
      Tirer bénéfice du don (don pour soi, pour la société, pour l’économie) sur France Culture.

      Sujets corrélés :
      L’argent peut-il tout acheté ? Compte-rendu + carte mentale.
      Peut-on tout pardonner ? (Métaphysique du pardon) Compte-rendu + carte mentale.
      Comment prenons-nous nos décisions ? Compte-rendu + carte mentale.

    Affichage de 1 message (sur 1 au total)
    • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.