Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Les liaisons dangereuses, sortir de la manipulation. Un cas lié à l’affaire Tariq Ramadan, sujet du lundi 09.04.2018

  • Ce sujet contient 4 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 7 années.
5 sujets de 1 à 5 (sur un total de 5)
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  • #5652
    René
    Maître des clés
      Les liaisons dangereuses

      Dans une vidéo et divers écrits, Majda Bernoussi (Belge, d’origine marocaine, musulmane), raconte : L’histoire débute en juin 2009, j’ai rencontré Tariq Ramadan il y a cinq ans, suite à des questionnements, je voulais avoir des réponses, je revenais de la Mecque ».
      Majda Bernoussi a alors 36 ans. Elle lui confie des textes d’un passé intime et lourd. Tariq Ramadan la rassure : « Aie confiance, je t’emmènerai vers la lumière ».
      « Professeur à Oxford, guide spirituel de milliers de musulmans, invité sur tous les plateaux pour représenter l’Islam, homme plein de charisme, star de l’Islam », écrit Majda Bernoussi. « Je me sentais en confiance devant cet homme de foi, cette figure emblématique de l’Islam ne me ferait aucun mal. J’ai été aveuglée par tous ses artifices de conscience et de morale. »

      Après un premier échange virtuel et une correspondance avec des mots tendres puis amoureux, durant lesquels l’islamologue ne lui parle jamais de religion. Maïda poursuit : « Il me disait qu’il était divorcé devant Dieu. Je l’ai cru. Il exigeait ma confiance absolue. » Les SMS de Tariq Ramadan sont devenus de plus en plus entreprenant : « Je te veux, que tu sois mienne. »

      La rencontre a eu lieu le 22 juillet 2009, à Lille à l’hôtel Crowne Plaza : « Il m’a demandé de monter dans sa chambre, il a commandé à manger. Et puis, soudain, il m’a mordu le bras, jusqu’au sang. J’ai eu peur ». Mais Tariq Ramadan est ensuite immédiatement redevenu normal et a déployé, compréhension, douceur et culture. « Après, il y a eu pourtant des violences sexuelles, auxquelles j’ai consenti ». « Mais l’envers du décor est stupéfiant. Je me suis sentie violée mentalement, affectivement, a-t-elle déclaré […] J’étais à la fois révoltée et sous son emprise. »
      Dans son manuscrit, Majda Bernoussi dit ensuite avoir fait une autre découverte : « Je suis tombé sur un site qui me glace d’effroi… […] Là devant mes yeux, des tas de filles qui hurlent leur désarroi, qui racontent leurs rencontres avec Tariq Ramadan. Je ne le crois pas, elles y dépeignent un monstre sans foi ni loi, qui a profité de tout, de leurs âmes et de leurs corps… pour s’en aller après en faisant silence. »

      Durant l’été 2015, l’affaire fut jugé en Belgique. Un accord a été conclu avec la victime, Tariq Ramadan lui a versé 27 000 euros pour son silence. L’affaire ressort en raison de l’inculpation du prévenu par la justice Française où Majda Bernoussi risque d’être convoquée. Jusqu’ à présent, elle a respecté son silence. Doit-elle encore le garder ?
      Source : Mediatpart, article original offert ici. Nous en avons repris des passages, en supprimant le conditionnel pour une question de style.

      Débat :
      Relations d’emprise et perversité morale : peut-on s’en sortir, à quel prix ? Comment ça marche du côté du prédateur, du côté de la victime ? On en parle lors de notre prochain débat.
      L’idée est de comprendre ce qui se passe dans « l’âme humaine ». Est-elle d’autant plus noire qu’elle aspire à plus de blancheur ?
      La discussion peut porter sur 3 niveaux :
      – Le niveau de la psychologie, des ressorts intimes.
      – Le niveau des relations, de l’intersubjectivité, des échanges, du besoin éventuel d’appartenir à quelqu’un, de se soumettre.
      – Le niveau sociologique. La société joue-t-elle un rôle dans le comportement pervers de ses membres ?

      Ressources à écouter:
      Sommes-nous tous des pervers narcissiques en puissance ? France Culture.
      Les pervers narcissiques, s’en sortir. France Culture.
      Quelques techniques de manipulation, plus ou moins honnêtes. France Inter.
      Louis Althusser, l’énigme du philosophe meurtrier. France Inter.
      Peut-on encore mourir d’amour ? Conférence des Musées nationaux (recherche en sociologie, psychologie et neuroscience).

      – Sur le cas Ramadan :
      Tariq Ramadan et son double. France Culture en 2009.
      Après l’affaire Tariq Ramadan, quels débats ? L’esprit public. France Culture 11.02.2018.
      Edwy Plenel, l’indépendance des medias, les affaires dont celle de Tariq Ramadan avant sa mise en examen le 05.11.2017

      Ressources à lire :
      L’article de Mediapart : Tariq Ramadan a acheté le silence d’une femme.
      Ne vous laissez plus manipuler. Psychologies.
      9 techniques de manipulation psychologique utilisées par les individus pervers narcissiques. Demotivateur.

      #5653
      Lecoeur
      Participant

        Nous naissons parce qu’on nous a fabriqué. Nous n’avons pas demandé à exister. Et pour ça nous sommes innocents d’exister et innocents de toutes nos actions, les bonnes comme les mauvaises. Aucun composant de notre corps n’a été fait à notre demande, aussi bien physique qu’intellectuel. Le monde qui nous entoure nous a également été imposé, société et culture. Notre cerveau est un livre blanc à la naissance. Nous naissons vierges de toutes connaissances et informations culturelles. Nos yeux sont comme des caméras, nos oreilles des micros, notre peau comme une surface tactile. Et notre cerveau enregistre et fabrique nos connaissances, nos fonctionnalités à partir du potentiel initié au départ par la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde dans la matrice maternelle. Mais si le cerveau est un livre blanc à la naissance, il reste une boite noire toute notre vie. Nous ne savons pas intimement comment il fonctionne. Nous percevons couleurs, sons, et autres informations externes et internes. Le cerveau arrange tout ça sans que nous en ayons conscience. Nos idées naissent, notre conscience nait, elle pointe sur telle ou telle idée jaillie on ne sait comment, notre égo est fabriqué à notre insu, etc. Que maitrisons-nous puisque nous ne maitrisons pas les moyens de contrôle?

        #5654
        René
        Maître des clés

          Merci pour votre message Berlhem, mais là, il semble que vous n’êtes pas dans le sujet. Qu’en pensez-vous ?

          Concernant le cerveau, je vous conseille Stanislas Dehaene. Pour un regard rapide, voir cette conf. Ted ici : le code de la conscience.
          Sinon, pour approfondir, vous pouvez suivre ici ses cours au Collège de France.
          L’histoire de la tabula rasa (le cerveau vient au monde vierge) a longtemps départagé les philosophes (les partisans de l’inné et les autres), mais aujourd’hui (au moins depuis Piaget) elle n’est plus d’actualité.

          La mer est profonde, elle est souvent agitée, mais quel que soit son état, c’est toujours la voile qui oriente notre frêle esquisse.
          Bon courage à vous.

          #5655
          Lecoeur
          Participant

            Bonjour Monsieur Guichardian. Toutes nos actions dépendent de l’existence qu’on nous a imposée, et de la configuration de notre corps et de nos fonctionnalités mentales. Je pense donc être dans le sujet. Notre cerveau fonctionne tout seul. C’est une boite noire. Parler d’emprise perverse alors que nous sommes dès la naissance sous l’emprise de nos parents qui ne se soucient nullement de savoir si l’enfant qui va naitre sera handicapé ou pas avant de nous procréer n’est-ce pas déjà de la perversion de leur part et donc de la part de chaque parent? Comment parler vraiment de perversion si le cerveau n’est qu’une machine vierge de toutes connaissances à la naissance et que le cerveau fonctionne indépendamment de la conscience et de la volonté ? Il n’y a pas vraiment de perversion, il n’y a que du fonctionnement. Tout être existe parce qu’on le lui a imposé, et qu’il a été configuré en fonction d’un potentiel qu’il n’a pas choisi, d’une éducation qu’il n’a pas choisie, et d’un environnement qu’il n’a pas plus choisi.

            #5656
            René
            Maître des clés

              Merci Monsieur Berlhem d’avoir précisé le lien avec le sujet : il n’y aurait pas de perversité en ce sens que le cerveau fonctionne indépendamment de ce dont il est conscient et, qu’il n’aurait aucun pouvoir (volonté) sur lui-même à par exemple, choisir quoi ?
              – la façon dont les choses lui paraissent ?
              – ses pensées immédiates ?
              – ses désirs ?
              – son environnement ?
              Je conçois avec vous que le cerveau n’a pas le choix de ce qui se présente à lui par l’extérieur, autant que par l’intérieur… Le cerveau doit composer avec ce qui s’impose à lui (comme émotions/sentiments et comme réalité extérieure).
              Cela étant, avons-nous la liberté de ressaisir tout ce qui se présente à nous afin de le reconfigurer autrement ?
              De mon point de vue, ce serait possible, et c’est en cela que réside notre liberté. Pouvons-nous penser les choses autrement que de la façon dont elles s’imposent à nous ?
              Il me semble que oui, c’est le devoir du philosophe, du chercheur, du scientifique, de toute personne curieuse de tout, de vérité que d’aller au-delà de ce qui s’impose à elle/lui.
              J’ai commencé à écouter avec intérêt : A quoi ressemble le cerveau des philosophes ?(France Culture, cliquer ici) Il est possible que cela vous intéresse.
              Merci de vos contributions. Bon courage.

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