Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Liberté, égalité, servitude ? Alexis de Tocqueville, sujet du lundi 12.01.2015
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7 janvier 2015 à 16h51 #5165Liberté, égalité, servitude ?
« Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leurs âmes. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie ? […]
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduits leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?
[…]
De tous les effets politiques que produit l’égalité des conditions, c’est cet amour de l’indépendance qui frappe le premier les regards et dont les esprits timides s’effrayent davantage, et l’on ne peut dire qu’ils aient absolument tort de le faire, car l’anarchie a des traits plus effrayants dans les pays démocratiques qu’ailleurs.
[…]
Je suis convaincu toutefois que l’anarchie n’est pas le mal principal que les siècles démocratiques doivent craindre, mais le moindre. L’égalité produit, en effet, deux tendances: l’une mène directement les hommes à l’indépendance et peut les pousser tout à coup jusqu’à l’anarchie, l’autre les conduit par un chemin plus long, plus secret, mais plus sûr, vers la servitude. »
Alexie de Tocqueville (1805 – 1859), Démocratie en Amérique II
Question :
– Peut-on échapper à la servitude « démocratique » ?
– Peut-il y avoir de la liberté politique et démocratique sans liberté personnelle de penser ?
– Qu’est-ce que la liberté personnelle de penser ?
– Liberté et égalité, servitude ? Quels remèdes pour la démocratie ?Citations :
– « Pour ma part, je ne saurais concevoir qu’une nation puisse vivre ni surtout prospérer sans une forte centralisation gouvernementale. Mais je pense que la centralisation administrative n’est propre qu’à énerver les peuples qui s’y soumettent, parce qu’elle tend sans cesse à diminuer parmi eux l’esprit de cité ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. I, Première partie
– « Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu’en matière de gouvernement la majorité d’un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l’origine de tous les pouvoirs. Extrait de La Démocratie en Amérique vol. I, Deuxième partie, chapitre VII ;
– « Le plus grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui ».
– « Les hommes veulent l’égalité dans la liberté, et s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage ».
– « Je n’ai pas de traditions, je n’ai pas de parti, je n’ai point de cause, si ce n’est celle de la liberté et de la dignité humaine. »Ressources
– La démocratie a-t-elle besoin de limites ? Répliques, avec Cynthia Fleury et Dominique Schanpper – France-Culture
– Tocqueville aujourd’hui Le blog de Raphael Enthoven
– Une « notre » monde est-il possible ? Enthoven pris en flagrant délit de mépris à l’égard de l’expression libre sur internet (voir les commentaires et sa réponse) Question : l‘expression telle qu’elle se manifeste librement sur internet, est-ce vraiment ce travers que dénonce Tocqueville ?
– Tocqueville Culture Un site dédié au penseur.
– Alexis de Tocqueville, Wikipedia
– Tocqueville, l’académicienProcédure pour le débat
– Comment résumer ce texte en une ou deux phrases ?
– Quelles questions vous pose-t-il ?
– Débat________________________________Ps : Le café philo ne prône pas la liberté d’expression, mais une liberté de penser. Par exemple, c’est le fait de :
– développer une capacité de penser en adoptant différents angles de vue,
– de s’efforcer à être concis, de ne pas se répéter,
– de prendre en compte ce qui a été déjà dit dans le débat pour l’intégrer dans son propos,
– de mettre son propos en rapport avec le thème central du sujet,
– d’expliquer par la raison sa pensée plutôt que de chercher à convaincre par des injonctions ou des invitations à croire….
En somme la liberté de penser se travaille, c’est la raison de nos rencontres.__________________________
Le café philo d’Annemasse est ici -
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