Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Notre civilisation est-elle décadente ? Michel Onfray. Sujet prévu pour lundi 20.03.2017 + compte-rendu + schémas

5 sujets de 1 à 5 (sur un total de 5)
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  • #5486
    René
    Maître des clés

      Notre civilisation est-elle décadente ?
      A débattre à partir des propositions de Michel Onfray


      Questionnons la thèse, les propositions et l’argumentation de Michel Onfray selon laquelle notre civilisation serait décadente.
      – La thèse renvoie à sa conclusion : notre civilisation disparaît, elle est parvenue à sa fin.
      – Les propositions renvoient aux argumentations utilisées, les présupposés qu’elles impliquent, les questions qu’elles posent.
      – L’argumentation renvoie aux types de raisonnements qui sont construits (les généralisations, les comparaisons analogiques, les déductions, les ellipses.

      Méthode :
      Pour ceux qui souhaitent se préparer à notre échange, dégageons une contre argumentation et une ou deux questions à partir d’extraits d’interviews/vidéo que l’on peut trouver dans les ressources ci-dessous.

      Ressources à lire
      «Notre civilisation n’a plus les moyens de défendre quoi que ce soit de positif» Michel Onfray. Interview dans l’article Le Temps.
      La décadence. Une analyse de l’ouvrage d’Onfray par Henri Tincp dans Slate.
      La critique d’un blogueur de Mediapart, Ivon Quinou
      Une riche et savante Histoire mondiale de la France. Un article d’Elodie Maurot dans La Croix.
      Une histoire élargie de la France. Patrick Boucheron. Les Inrocks.
      Le choc des civilisations dans Wikipedia.
      Une interview de Samuel Huntington (Le choc des civilisations) dans Libération.

      Ressources à voir ou à entendre :
      La décadence pour les nuls par Michel Onfray (sur son site)
      Michel Onfray et Patrick Boucheron (historien) dans la Grande Librairie.
      Michel Onfray, invité de France Culture, les Matins 1ère partie.
      Michel Onfray, 2ème partie dans les Matins de France Culture.
      Bonus, la chronique de Xavier de la Porte : Pourquoi votre compte twitter était-il si bizarre ?
      Quelles frontières pour le récit national ? Patrick Boucheron. La Grande Table. France Culture.

      Une définition :
      A première vue, la définition d’une civilisation est assez claire : c’est une puissance (économique, politique et militaire) soudée par une culture commune (une écriture, une langue, un art, une religion) qui domine un espace donné à une époque donnée.
      Mais à y regarder de près, par exemple, l’Inde a connu des phases impériales, des éclatements, des invasions, des colonisations, la modernisation, mais la religion hindoue y reste très ancrée. Même chose pour la civilisation chinoise, islamique. (Extrait de la revue Sciences Humaine, N° 291, avril 2017)
      Question : qu’est-ce qui meurt quand on dit qu’une civilisation meurt ?

      #5487
      Hélène
      Participant

        J’ai du mal avec certaines « punchlines » de M Onfray.

        Il soutient par exemple que personne en Occident n’est prêt à mourir pour ce à quoi il tient, puis que nous ne tenons en réalité plus qu’à nos Iphones.

        Ce sont là deux contre-vérités. La plupart des gens en Occident ont des valeurs traditionnelles, ont une vie spirituelle bien plus élevée que le simple attachement à un Iphone. Peut-on d’ailleurs s’intituler philosophe lorsqu’on soutient une idée aussi simpliste ?

        Ensuite, peu de gens sont prêts à mourir pour leurs valeurs. Ici c’est plus vrai, mais cela correspond en fait à un progrès : le fait que nous n’ayons plus à mourir pour nos idées montre qu’elles sont déjà réalisées, que la société correspond déjà à nos valeurs, contrairement à certaines époques.
        Ensuite, cela montre que nous avons su nous élever à cette vérité qu’a chanté Brassens : « qu’aucune idée sur Terre n’est digne d’un trépas ». Cela montre un progrès de l’esprit humain, sur lequel voudrait revenir Onfray. Libre à lui… 🙂

        #5494
        Compte-rendu du débat : Notre civilisation est-elle décadente?

        Voici quelques jalons qui ont sous-tendu le débat, ainsi que, en résumé, quelques interventions de participants. (un peu plus de 20 personnes)

        Notre animateur nous propose, comme « élément déclencheur » et comme base du débat, une interview de Michel Onfray à propos de son livre « Décadence » parue dans le journal « Le Temps » (voir message plus haut).
        Pour amorcer la discussion, des participants proposent de partir de la proposition 3 du texte et d’en tirer une question: « La décadence de la civilisation judéo-chrétienne est-elle inéluctable »?

        D’emblée, nous sommes d’une certaine manière un peu pris de vertige devant l’ampleur des implications que recèle une telle question.
        Une participante:  » Peut-être faudrait-il d’abord relever les traces et indices qui mèneraient à ce constat: « La civilisation judéo-chrétienne est en train de mourir ».

        Des intervenants s’étonnent des conclusions abruptes, bien que documentées de M. Onfray, qui se basent sur un temps historique aussi long:  » de Jésus à Ben Laden. » (Le philosophe Michel Onfray se révélerait-il incapable de « penser la complexité »?)
        Précisément d’aucuns citent des exemples de ruptures apparentes ou d’effondrements de civilisations qui, de fait, étaient de longs processus: civilisation grecque « absorbée » par le monde romain, « chute » de l’Empire romain …
        On évoque aussi la place que prend peu à peu la Raison, dès la fin du Moyen Âge, et son lent cheminement dans la pensée occidentale …

        Quant à la « décadence du monde judéo-chrétien », on ne peut en nier certains signes: d’un côté, églises qui se vident, voire qui se transforment en maisons locatives, perte des valeurs morales enracinées dans le christianisme, matérialisme, consumérisme ; et en face : prolifération des mosquées, extension de l’islam politique …
        A contrario, les sectes et églises liées à des mouvements évangéliques sont en plein essor sur les cinq continents.
        Une participante fait remarquer que l’un des rôles primordiaux d’une société organisée est « de contenir la pulsion de l’individu », d’où une tension inévitable qui, dans toute civilisation, générerait fatalement un « malaise » (cf Freud)

        Finalement, M. Onfray ne fait-il pas bon marché des nouvelles valeurs: (dont certaines issues des « Lumières » et de la Révolution française) primat de la conscience, droits de l’homme, valeurs dites « universelles », place accordée à l’art, au patrimoine des nations…
        sans compter que tout cela constitue, pour une bonne part, l’héritage du judéo-christianisme!

        Remarque générale sur le débat

        L’interview de Michel Onfray, dont le postulat fait inévitablement polémique, correspond bien à ce type de débat où il importe de construire une dialectique, et de sortir de la simple alternance entre un regard qui se voudrait ou délibérément pessimiste ou optimiste sur le monde d’aujourd’hui.

        #5495
        René
        Maître des clés

          J’ai du mal avec certaines « punchlines » de M Onfray.

          Il soutient par exemple que personne en Occident n’est prêt à mourir pour ce à quoi il tient, puis que nous ne tenons en réalité plus qu’à nos Iphones.

          Ce sont là deux contre-vérités. La plupart des gens en Occident ont des valeurs traditionnelles, ont une vie spirituelle bien plus élevée que le simple attachement à un Iphone. Peut-on d’ailleurs s’intituler philosophe lorsqu’on soutient une idée aussi simpliste ?

          Ensuite, peu de gens sont prêts à mourir pour leurs valeurs. Ici c’est plus vrai, mais cela correspond en fait à un progrès : le fait que nous n’ayons plus à mourir pour nos idées montre qu’elles sont déjà réalisées, que la société correspond déjà à nos valeurs, contrairement à certaines époques.
          Ensuite, cela montre que nous avons su nous élever à cette vérité qu’a chanté Brassens : « qu’aucune idée sur Terre n’est digne d’un trépas ». Cela montre un progrès de l’esprit humain, sur lequel voudrait revenir Onfray. Libre à lui… 🙂

          Merci Naïade pour vos idées dont je partage la teneur.
          J’aime bien la pensée selon laquelle nous n’avons plus à mourir pour nos idées, cela n’implique pas effectivement que nous soyons devenus lâches et effrayés de notre propre fin. Je crois que nombre de personnes sont aujourd’hui conscientes d’une complexité plus grande, on peut la décliner sur 3 plans (individuel, collectif, idéologique) :
          1° complexité de la psychologie de la personne (la maturité de la personne est prise entre des contradictions),
          2° complexité d’un monde devenu global, et dans lequel toutes les nations aspirent à se developper sans avoir trouvé d’autres règles, pour l’instant, que celle d’une libre concurrence (cadre général de l’OMC),
          3° complexité d’une écologie environnementale (préserver l’écologie ou combattre la pollution par le progrès, les innovations). Le tout appelle à construire un « universel » renouvelé de la condition humaine.

          Personnellement, je trouve ces défis passionnants bien que dangereux, quand ils ne sont pas immensément tragiques. J’imagine qu’il y a un nouvel humanisme à construire. Dommage effectivement que nombre d’intellectuels chéris par nos medias ne se fassent pas l’écho de cette aspiration.
          Merci pour vos idées.

          #5497
          René
          Maître des clés

            Remarque générale sur le débat
            L’interview de Michel Onfray, dont le postulat fait inévitablement polémique, correspond bien à ce type de débat où il importe de construire une dialectique, et de sortir de la simple alternance entre un regard qui se voudrait ou délibérément pessimiste ou optimiste sur le monde d’aujourd’hui.

            Merci Marie-Thérèse pour ce compte-rendu, cela m’a donné envie de l’illustrer avec les schémas ci-dessous.

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