Cafephilos Forums Les cafés philo Des cafés philo sur Grenoble Nous faut-il choisir de mourir ? sujet pour le mardi 24.06.2025 à 18h30 au café Chimère, 12 rue Voltaire. Grenoble.

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
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  • #7759
    René
    Maître des clés

      Nous nous réjouissons de notre amitié avec l’UTEM (Université de Terrain Edgar Morin). Merci également au café citoyen la Chimère, 12 rue Voltaire, Grenoble d’accueillir notre pratique des cafés philo  (Lien vers le café la Chimère citoyenne, ici)

      Durée des débats (1h30 environ > jusqu’à > 20h30 maximum)
      Discussion informelle pour celles/ceux qui souhaitent poursuivre
      Entrée libre

       

      Sujet proposé pour ce mardi 24 juin 2025 à 18h30:
      Nous faut-il choisir de mourir ?
       » Je sais que je dois mourrir, je vis pourtant comme si je ne le savais pas.
      > j’oublie à ce point que je savais que j’allais mourir, que lorsque le moment arrive, je suis perdu, je n’y crois pas.
      Faut-il, lorsque le moment vient, choisir de mourir ?

      Qu’implique notre « savoir mourir » ?
      Ce savoir est-il une conscience en acte ou une idée lointaine non actualisée ?
      Et que propose la nouvelle loi votée au parlement (voir plus bas, quelques dispositions parmi les plus importantes) ?
      Oui, posons-nous la question car toutes les sociétés, toutes les religions, toutes les métaphysiques immanentes et transcendantes tiennent des discours sur la mort. Mais chacun de nous, en son âme et conscience, qu’en disons-nous ?
      Une définition : euthanasie
      Étymologie : (eu + thanos) = bonne mort.
      Le mot désigne la mort délibérément administrée par un tiers à une personne (normalement en fin de vie, sinon, c’est du suicide assisté). Dans tous les cas, administrer la mort, c’est tuer.
      Problème pour le médecin : primum non nocere : d’abord ne pas nuire.
      Thomas More, Utopie, la mort est proposée aux personnes en fin de vie :
      1° les incurables reçoivent toutes les consolations, toutes les assiduités, tous les soulagements physiques et moraux capables de leur rendre la vie acceptable.
      2° si on ne peut les soulager, prêtres et magistrats apportent l’exhortation suprême et ils peuvent renoncer aux soins ou se faire endormir (sédater) pour mourir sans s’en rendre compte.
      3° Enfin, ceux qui veulent vivre jusqu’au bout le peuvent également.

      En pratique clinique, le corps médical peut se trouver confronter à cinq situations.
      Selon les docteurs Bruno Dallaporta et Faroutja Hocini (lien ici),  les intentions fondent la moralité de l’acte, lequel, par rapport la question de l’euthanasie, peut se trouver masquer. Cinq situations repérées :

      1° L’abstention de soin qui peut précipiter le décès d’un patient trop affaibli.
      C’est le cas lorsqu’on donne de l’oxygène à un malade Covid. Faut-il ne plus en donner alors que ses chances de survie en dépendent ?

      2° L’antalgie et la sédation qui, au prétexte de soulager une souffrance, va entrainer le décès.
      En cas de détresse respiratoire, la prescription d’une sédation peut entrainer la mort, alors que la personne n’est pas en fin de vie.

      3° L’arrêt des traitements (ou l’absence d’acharnement thérapeutique) mais pour de mauvaises raisons.
      Le patient peut demander l’arrêt des traitements, alors qu’il souffre d’isolement ou de ne pas recevoir les soins adaptés à son cas.

      4° Le suicide assisté : remettre un poison pour que le patient se suicide.
      Cette pratique est autorisée en Suisse, mais pas dans le milieu médical. Elle est parfaitement encadrée en Suisse, avec les proches du patient, et seulement pour ceux dont les pathologies n’offrent plus aucune chance de rétablissement.

      5° L’euthanasie active où le médecin provoque l’acte sur la demande du patient.
      Avec la nouvelle proposition de loi votée au Parlement, le médecin peut pratiquer l’acte, sans demander l’avis d’un psychologue, d’un comité éthique ou encore celui des proches du patient.

      Les 3 premiers cas peuvent entrainer le décès, sans intention de le faire, mais en méjugeant de la situation. Et, dans le cadre de la nouvelle loi en discussion, le médecin seul peut décider de l’acte.
      Les deux derniers cas sont directement liés à la question de l’euthanasie et, là encore, le médecin seul peut décider de l’acte. D’où l’idée, pour ces médecins, que les intentions de départ fondent la moralité de l’acte.

      Quelques éléments de la loi votée au Parlement :
      Il s’agit d’une proposition de loi sur l’aide à mourir (oui, il s’agit d’aider activement à mourir et non plus d’accompagnement en fin de vie).

      >  Amendement AS97 : L’aide à mourir consiste à autoriser et à accompagner une personne qui en a exprimé la demande à recourir à une substance létale, afin qu’elle se l’administre.
      Traduction : il n’y a pas de différence entre l’accompagnement en fin de vie et la facilitation au suicide. Autrement dit, vous pouvez souhaiter la mort, car vous manquez de soin et que vous en souffrez trop, et non parce que vous êtes conscient que votre fin de vie s’annonce ou que vous êtes effectivement en fin de vie physiologiquement parlant.

      >  Amendement AS98 : Est réputée décédée de mort naturelle la personne dont la mort résulte d’une aide à mourir.
      Traduction : La mort administrée est considérée comme naturelle. Autrement dit, il est naturel de tuer, et aucune démarche d’enquête ou d’autopsie ne se justifie à la suite de ce décès, survenu pourtant, à la suite d’un acte médical.

      Article 17, sous-section 6, disposition pénale : Est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur l’aide à mourir par tout moyen, y compris par voie électronique et en ligne…
      Traduction et dérive possible : toute personne (les proches, les soignants) qui essaierait de comprendre la raison d’une demande de suicide assisté, et souhaiterait trouver d’autres réponses plus adaptées, peut se voir condamnée.

      Bien que la loi ait été votée au Parlement, et qu’elle est maintenant en discussion au Sénat, elle subira certainement quelques modifications. Mais la teneur des propositions laisse entrevoir qu’il ne s’agit plus de soin, ni d’aider à vivre et d’accompagnement en fin de vie, mais de faire mourir le patient qui le demande.

      Des références :
      La mort et ses invariants. Une interview de Maurice Godelier par Jacques Mateu.
      Vinciane Despret, une conférence à l’UGA, le deuil n’est plus ce qu’il était (2025, durée 50mn).
      Elisabeth Kübler-Ross – Accompagner la fin de vie | La pionnière des soins palliatifs (un documentaire sur les origines « modernes » de l’accompagnement.
      – Carole Bouleuc, professeur en soins palliatifs à l’Institut Curie à Paris, en 7 mn, lien ici.
      – Voir ici, une interview de Bruno Dallaporta (médecin et philosophe). Durée 18mn
      Quelques citations présentées par Philomag.
      A chacun sa propre mort. Editions Libertaires. Jean Guilhot, psychiatre, psychanalyste. (voir en fin de message des capture d’écran)

      Bienvenue à tous, venez comme vous êtes, que vous ayez consulté ou non nos références.

      Quelques règles concernant nos échanges
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.
      – Pas d’attaque ad hominem /ad persona.
      – On essaie de rendre compte des raisons de sa pensée et de faire évoluer le débat.
      – Chacun est le bienvenu, quelles que soient sa confession, sa classe sociale, sa formation et ses références philosophiques.

      Mon approche des cafés philo.
      Elle est plutôt non-directive, centrée sur les questions des participants. Nous nous efforçons de faire évoluer le débat au fur et à mesure de nos échanges.
      Nous partons du principe que chaque participant est adulte, autonome, responsable de sa pensée et de ses comportements. On note également que le participant est curieux d’examiner aussi bien les arguments de sa pensée que de ceux d’autrui.
      Nous nous appuyons en fait sur l’idée qu’une écoute compréhensive et qu’un partage structurant et structuré de nos réflexions ne peut être que profitable à tous, à une socialisation réflexive en partage et à une philosophie en travail.

      Ce que le café philo n’est pas :
      Le café philo n’est pas un lieu de propagande politique ou religieuse, ni il n’est celui d’une mise en spectacle de soi. On n’y vient pas faire la leçon aux autres ou répéter ce que l’on sait déjà, chacun étant déjà par lui-même l’auteur de sa propre pensée. L’effort que nous faisons porte sur une réflexivité mise en partage, sur l’écoute de l’autre et du débat qui se construit : on y assume les hésitations d’une pensée qui se cherche.

      Une biographie.
      – Rédaction d’un mémoire de maîtrise sur les cafés philo dans le cadre d’un diplôme de pratiques sociales (Collège Coopératif Rhône-Alpes / Université Lyon 2)
      – Administrateur du site des cafés philo.
      – Animation du café philo d’Annemasse depuis les années 1995 (voir ici les derniers comptes rendus)
      – Mon approche s’inspire de celle de Michel Tozzi (voir ici sa définition), sans y être aussi formelle (c’est une visée) et elle s’adresse surtout à des adultes (non à des enfants)
      – Actuellement (septembre 2024), j’entame un parcours de licence en philosophie (UGA Grenoble).
      – L’année passée (2023), j’ai entamé un DU sur les pratiques philosophiques.

      L’affiche du mois

       

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #7773
      René
      Maître des clés

        Quelques extraits de texte de l’ouvrage :

        A chacun sa propre mort. Editions Libertaires. Jean Guilhot, psychiatre, psychanalyste.

         

         

         

         

         

         

        Un extrait de la table des matières. 

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