Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Prochain sujet chez Réginald : De l’être humain et de la nature avec Thoreau : en est-il maître, possesseur, tuteur, protecteur. Ce lundi 11.10.2021

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  • #6098
    René
    Maître des clés
      Merci à Réginald qui accueille nos rencontres « café philo » dans sa villa au :
      n°10 impasse Mon-Idée à Thonex (Suisse) à 100 mètres de la frontière Mon-Idée d’Ambilly.

      La boisson est laissée à 1 euro (café, vin ou ce qui est disponible)
      Apéritif dinatoire après le débat. Apportez votre guacamole, votre houmous, votre thon ou votre camembert; contribuez comme bon vous semble. Vous remportez les restes, éventuellement, ils sont mis de côté pour une prochaine fois.
      > On prend soin de l’endroit et on le laisse propre et rangé après usage.

      Accueil dès 18h45 pour se mettre en place. Débat à 19h00

      Transport
      Depuis Genève : Bus 32, 37 arrêt : Mon Idée

      Depuis Annemasse : Tag n°3, arrêt : Edelweiss ou Martinière (douane Mon-Idée)
      Google map ici

      Si vous venez en voiture, merci de vous parquer dans la rue Mon-Idée (et non dans l’impasse)

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      Sujet : De l’être humain et de la nature : en est-il le maître, le possesseur, le tuteur ou un protecteur ?

      Imaginons-nous marcher sur un trottoir d’une ville pour rejoindre notre lieu de travail. Nos pieds, en appui sur des semelles plastique ou de peau de bœuf, marchent tranquillement sur plusieurs cadavres invisibles : petits insectes, vers de terre, limaces et escargots qui se sont risqués de traverser notre passage sans avoir eu la chance d’arriver jusqu’au bout. Nos pieds foulent le béton et autour d’eux, des grands immeubles, des jolies maisons, des parcs avec leurs parterres bien entretenus, la circulation réglementée dans la route, le bruit des moteurs et, à l’intérieur des voitures, la tristesse des personnes, confortablement assises. Elles se plaignent de devoir attendre, des odeurs des gaz d’échappement, ruminent dans leurs pensées ; plus loin, la musique à fond de Soprano s’échappe d’une voiture rêveuse de liberté.
      Imaginons maintenant les mêmes pieds, cette fois-ci nus, marcher dans une forêt, et devoir atteindre avec le poids du corps qu’ils sont obligés de transporter, le même lieu du travail. Salis de boue, abimés par les branches des arbres tombées au sol, endurcis mais aussi blessés par les épines de la nature sauvage, cabossés mais, attentifs à où ils se posent car, obligés d’être respectueux de la vie pour leur propre survie, et ainsi contraints d’éviter d’écraser insectes, limaces, escargots, vipères.
      A combien de contraintes supplémentaires seront-ils obligés des se conformer afin d’éviter la « dureté » de la réalité ?

      Est-il possible de préserver l’état sauvage/entropique de la nature sans devoir la transformer pour l’adapter à nos besoins ? Si les autres espèces vivantes s’adaptent en se conformant au milieu terrestre, nous, les êtres humains, avons inversé ce rapport : nous transformons la terre, être vivant, et elle doit s’adapter au milieu que nous lui imposons. A ce titre, nous sommes des « transhumains ». Par rapport au milieu terrestre, nous, les êtres humains nous nous comportons comme des somnambules jouant avec le feu dans une poudrière. Avec ruse et génie, nous nous sommes donné les moyens d’un suicide collectif à l’échelle planétaire.

      Réfléchissons avec Henry David Thoreau sur toute la beauté que nous sommes en train d’oublier. Il s’est exposé à une expérience de vie de cinq ans dans le bois de Walden :
      « Je désirais vivre à fond, sucer toute la moelle de la vie, vivre avec tant de résolution spartiate, que tout ce qui n’était pas la vie serait mis en déroute ».
      « Durant plus de cinq ans, je vécus seulement du travail de mes mains et je découvris qu’en travaillant environ six semaines par an, je pouvais faire face à toutes les dépenses liées à mon entretien. Tous les hivers et presque tous les étés m’étaient disponibles pour l’étude. J’ai sincèrement essayé de faire le maitre d’école, pour m’apercevoir que mes dépenses étaient en proportion, où plutôt hors de proportion avec mes revenus, car je devais m’habiller et me préparer, sans parler de penser et de croire en conséquence avec l’exercice de ce métier. Et par-dessus le marché, j’ai perdu mon temps, comme je n’enseignais pas pour le bien de mon semblable, mais seulement pour gagner ma vie, j’ai couru à l’échec. […] Bref, tant la foi que l’expérience me convainquent que subvenir à ses propres besoins sur cette terre n’est pas un calvaire mais un passe-temps, à condition de vivre simplement et sagement ».
      « Un jeune homme de ma connaissance, qui a hérité quelques arpents de terre, m’a dit qu’il aimerait vivre comme moi, s’il en avait les moyens. Je ne voudrais à aucun prix voir quiconque adopter mon mode de vie […] je souhaiterais au contraire que chacun trouve et poursuive avec grand soin son propre mode de vie, et non pas celui de son père, de sa mère ou de son voisin. Ce jeune homme peut bien bâtir, cultiver ou naviguer, mais surtout que rien ne l’empêche de faire ce qu’il dit qu’il aimerait faire. C’est seulement au regard d’un point mathématique que nous sommes sages, tout comme le marin ou l’esclave fugitif ne quitte jamais des yeux l’étoile Polaire (étoile qui indique la position du Canada où l’esclave sera libre); pourtant ce point est un guide suffisant pour toute notre vie ».

      Des citations de Thoreau :
      – Je voulais vivre de façon réfléchie, n’affronter que les faits essentiels de la vie, voir quelles leçons je pourrais en apprendre, et ne pas découvrir, à l’heure de mourir, que je n’avais pas vécu.

      – On dirait qu’en général les hommes n’ont jamais réfléchi à ce que c’est qu’une maison, et sont réellement, quoique inutilement, pauvres toute leur vie parce qu’ils croient devoir avoir la même que leurs voisins.

      – Mieux que l’amour, l’argent, la gloire, donnez-moi la vérité. Je me suis assis à une table où nourriture et vin riches étaient en abondance, et le service obséquieux, mais où n’étaient ni sincérité, ni vérité ; et c’est affamé que j’ai quitté l’inhospitalière maison.

      – Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde pour se trouver soi-même.

      – Grâce à mon expérience, j’appris au moins que si l’on avance hardiment dans la direction de ses rêves, et s’efforce de vivre la vie qu’on s’est imaginée, on sera payé de succès inattendu.

      – Si humble que soit votre vie, faites-y honneur et vivez-la ; ne l’esquivez ni n’en dites de mal. Elle n’est pas aussi mauvaise que vous. C’est lorsque vous êtes le plus riche qu’elle paraît le plus pauvre.

      – Comme si on pouvait tuer le temps sans blesser l’éternité.

      – Sous un gouvernement qui emprisonne un seul être injustement, la juste place du juste est aussi la prison.

      – Être philosophe, ce n’est pas seulement avoir des pensées profondes, ou même fonder une école, c’est aimer la sagesse au point de vivre selon ce qu’elle prescrit, une vie de simplicité, d’indépendance, de magnanimité et de confiance. C’est résoudre les problèmes de la vie, pas seulement en théorie, mais en pratique. »

      Des ressources sur le rapport nature/culture :
      Walden, ou la vie dans les bois. Audio book en libre accès ici.
      Walden ou la vie dans les bois. Le livre en libre accès sur Wiki
      Walden ou la Vie dans les bois. Henry David Thoreau). La série des épisodes dans les Chemins de la philosophie. France Culture.
      Avant que nature meurt. François Sarrazin, écologue, professeur à Sorbonne Université. Conférence du Palais de la découverte.
      Faut-il manger les animaux ? L’année vue par la philosophie .Vinciane Despret, Philippe Descola et Astrid Guillaume.
      _ ANTHROPOCÈNE : QUAND L’HISTOIRE HUMAINE RENCONTRE CELLE DE LA TERRE.. Jean-Baptiste Fressoz, CNRS. Conférence Canal U.
      Nature et culture. Cours sur la thèse de Levis Strauss. Canal Académie.
      Nature et Culture. Article de Synthèse de AC Grenoble.
      Différents textes classiques sur Nature/Culture. (Rousseau, Kant, Diderot, Hegel, Malinowski, T. Hall. Philo52
      La biodiversité entre croyance et connaissance. Alain Pavé. Biométricien. Article d’AOC.
      Ressources indispensables pour ceux qui ne connaissent pas Jancovici
      > Jancovici : Panser plus de plaies avec moins de moyens – 09/09/2021 – Cercle Vulnérabilités. Conférence zoom.
      > Jancovici et Cyril Dion (auteur du film Demain) : Les enseignements de la CCC : quelles clés pour l’action ? Entretien zoom
      > Conférence sept 2021 de Jean-Marc Jancovici à l’Ecole Polytechnique > aller vers 1h11 pour la partie questions-réponses.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer la raison de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on tente de faire progresser le débat, c’est-à-dire, d’en clarifier les enjeux.

      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
      – Pour les plus avertis, on s’efforce d’identifier, de formuler les thèses, les problématiques sociales, éthiques, philosophiques qui sous-tendent son argumentation.
      – Comme règle de base, la parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
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