Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Prochain sujet : De la vitalité dans la pensée. Selon Etienne Klein. Introduit pas Chantal ce lundi 18.09.2023 + compte rendu.

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  • #6846
    René
    Maître des clés
      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      à la Taverne, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE

      Sujet proposé ce lundi 18.09.2023 par Chantal, qu’Etienne Klein a inspirée.
      « Il faut mettre de la vitalité dans la pensée »
      Etienne Klein, d’après son interview sur France Inter, ici (juin 2023)

      Des extraits retenus et/ou copiés du site de France Inter :
      « Le disparate a des vertus que la raison ne connait pas.
      L’invention naît, parfois, du mélange des genres, des courts-circuits ».

      C’est avec cette citation de Michel Serres qu’Etienne Klein commence son livre « Courts-circuits’ édité chez Gallimard.
      Voici quelques-unes des échappées belles de ce voyage en « Courts-circuits » que propose Etienne Klein. On y fait la connaissance de son frère Pascal, un phénoménologue radical : « Il n’apprenait que par corps, il avait besoin de faire pour comprendre ».
      Également quelques extraits de l’essai « Courts-circuits » dont certains sont également évoqués dans son ouvrage :

      p. 17.« Faire et penser sont deux activités opposées l’une à l’autre, dit-on.
      Est-ce légitime ? Non »
      p. 19. « Apprendre par corps
      Les uns pensent, dit-on, les autres agissent. Mais la véritable condition de l’homme, c’est de penser avec ses mains ».
      D. de Rougemont
      p. 19. « Ne prêtez aucune foi à aucune pensée qui n’ait été conçue au grand air, dans le libre mouvement du corps, à aucune idée où les muscles n’aient été aussi de la fête ». Nietzsche. Ecce Homo
      p. 25. « Un système stupidement binaire. J’aime la pensée qui garde une saveur de sang et de chair, et je préfère mille fois à l’abstraction vide une réflexion, issue d’un transport sensuel ou d’un effondrement nerveux ». Cioran, Sur les cimes du désespoir
      p. 25. « Certains hommes ressentent avec une délicatesse spéciale, la volupté de l’individualité des objets » P. Valery. Introduction à la méthode de L. de Vinci
      p. 28. « L’intelligence n’est pas ce que l’on sait , mais ce que l’on fait quand on ne sait pas » J. Piaget
      p. 58. « Si l’on veut donner le goût des sciences , ne convient-il pas de donner du goût aux sciences ? »
      p. 157. « Nous vivons les mots quand ils sont justes » J. Giono
      p. 208. « Toute idée,toute thèse, toute pensée, toute fulgurance a besoin pour éclore de se frotter à ce qui la provoque, voire la conteste »

      Fin de l’introduction de Chantal.

      Une proposition de ressources :
      L’énaction. Un concept introduit par Bruno Duc, dans le forum, ici, auteur du site Le cerveau à tous les niveaux)
      Dans le fil du forum, vous trouverez deux slides qui résument le concept d’énaction + des conférences de Vinciane Despret, d’Yves Clot et surtout de Natalie Despraz, traductrice de Husserl et spécialiste de « microphénoménologie. Il suffit de suivre le fil du forum.
      – Entre les comportements humains, leur cerveau et leur pensée, la théorie de l’évolution a-t-elle quelque chose à dire ? C’est ici, au cas où.
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      Le compte rendu du sujet de la semaine passée est posté ici (cliquer) : « Politiquement, la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal. » Hannah Arendt.

      ————————————-
      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.

      > Le moment de la conclusion peut donner l’occasion d’un exercice particulier :

      – On peut dire ce que l’on pense des modalités du débat.
      – On peut faire une petite synthèse d’un parcours de la réflexion.
      – On peut dire ce qui nous a le plus interpelé, ce que l’on retient.
      – On peut se référer à un auteur et penser la thématique selon ce qu’aurait été son point de vue.
      —————-

      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

      ————————-
      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #6855
      René
      Maître des clés
        Compte rendu « Il faut mettre de la vitalité dans la pensée »
        Citation d’Etienne Klein qui a inspiré notre participante, Chantal.

        Nous étions 8 participants.

        Comment questionner l’invite, « Il faut mettre de la vitalité dans la pensée » ?
        Le patchwork des citations qui l’accompagnent déconcerte, dans un premier temps, les participants, chacune d’elle demanderait un café philo dédié pour être traitée. Mais nous nous entendons pour dire que la thématique porte sur la relation du corps et de la pensée, entre lesquels un enjeu de vitalité et d’inertie (de vie ou de mort) a lieu.

        Questions que nous nous posons :

        Jusqu’à quel point cet entre-deux du corps et de la pensée sont-ils intriqués ? Quelle dynamique de continuités, de discontinuités, voire de ruptures franches y opèrent ? Cet espace est-il un vide qui appelle tous les phantasmes par la crainte qu’il suscite ou un plein dont il faut précisément rendre compte pour structurer sa pensée ? La déconnexion entre le corps et la pensée a-t-elle un rapport avec le fait d’être déconnecté du monde et de notre environnement ?
        Deux autres citations sont retenues comme pour mettre en porte-à-faux ce couple, corps et pensée :
        « Le disparate a des vertus que la raison ne connait pas. » (Michel Serre)
        « L’intelligence n’est pas ce que l’on sait, mais ce que l’on fait quand on ne sait pas » J. Piaget
        Ces énoncés désignent ce qu’une pensée structurée ne saisit pas encore, ils suggèrent que notre problème peut se trouver ailleurs, « dans le disparate et dans l’inconnu » : dans ce que le monde ne nous a pas encore révélé de ses mystères.
        Dans le même temps, d’autres participants se montrent plutôt sensibles à ces deux autres citations :
        « Il n’apprenait que par corps » (autrement dit, par le corps mis en activité) et « Nous vivons les mots quand ils sont justes » J. Giono
        Ces derniers énoncés, à l’inverse des premiers, soulignent un lien inextricable entre le corps ressenti, impliqué dans le mouvement et l’activité de la pensée.

        Peut-être tenons-nous notre problème : il y a un rapport certain entre le corps et la pensée, celui-ci peut être vivant ou inerte (créatif, répétitif, délétère, absent, vide). La réponse, la qualité de cette vitalité, tient dans une façon d’être intime avec le corps (connecté à nos sens, dans un ressenti) ou, à l’inverse, un peu à côté, déconnecté peut-être, orienté vers ce qu’on ne sait encore concevoir. La qualité vitale de ce rapport, ses caractéristiques, se tiendraient ainsi, soit dans le rapport intime au corps, soit dans le fait de s’en détacher ou peut-être encore dans un mixte des deux, c’est-à-dire, dans une ATTENTION ouverte vers l’intérieur (en soi) comme vers l’extérieur (de soi). Dans tous les cas, nous estimons que, ce dont nous sommes conscients, reste lié à une manière de percevoir, de décrire et d’interpréter le monde.

        Situation d’exemple : la pensée est-elle connectée ou pas au corps ?
        Quand notre attention est absorbée par les contenus diffusés sur un écran (TV, Smartphone ou casque virtuel), sommes-nous encore dans notre corps ? Oui, factuellement, mais non au niveau de notre attention, elle est captive des objets perçus. La conscience de soi et celle de notre corps sont alors absents du champ de notre attention, alors qu’ils sont intensément sollicités. C’est que notre conscience est là où se porte notre attention, elle ne peut être consciente de tout à la fois. Ici, nous devons distinguer trois termes : l’attention, la conscience-consciente et la conscience en un seul mot. L’attention est ce sur quoi porte notre conscience-consciente, et donc nous sommes conscients de l’objet sur quoi notre attention-consciente porte. Cette attention-consciente de son objet (c’est le paysage quand je conduis ou l’écran que je regarde), c’est la conscience-consciente. La conscience, quand le mot est employé seul, c’est la faculté du cerveau à être conscient, c’est son opérationnalité. Il intègre et capte des informations qu’il ne rapporte pas toutes à la conscience-consciente, loin de là, comme ralentir automatiquement à l’approche d’un feu rouge ou de s’écarter par réflexe pour éviter la tuile qui vous tombe sur la tête. Quelque chose en soi a été conscient, sans que nous en ayons une conscience immédiate, ou une conscience-consciente.

        Question qui se pose : lorsque notre conscience n’est plus rapportée à elle-même (consciente d’elle-même), car elle se trouve captive d’un monde (celui des chaines tv en continu, celui des écrans internet, celui des algorithmes du consumérisme), notre conscience nous appartient-elle encore ? Est-elle donnée (aliénée) à son objet (notamment à la voiture que je conduis) ? La conscience devient-elle alors ce que l’objet fait d’elle ? Autrement dit, notre conscience est-elle encore connectée au corps, et possiblement à d’autres corps ? Mais commençons par le début : de quoi sont faits les rapports entre la pensée et le corps ? Et répondons rapidement à la question : puis-je penser sans le corps ?

        Puis-je penser sans le corps ?
        La réponse courte : non. Le cerveau est un organe du corps, sans lequel, il n’y aurait pas de pensée. Le problème n’est pas celui de notre cerveau comme organe physique, mais celui des fonctions de la « conscience », des informations dont elle dépend, c’est-à-dire, des perceptions, que celles-ci soient orientées vers l’intérieur (le ressenti) ou vers l’extérieur (l’environnement dans lequel je vis). Prenons l’un des exemples que Mikaël a mentionné. Si je suis aveugle de naissance, les perceptions qui alimentent ma conscience ne sont pas celles de mes homologues voyants, j’ai néanmoins une conscience, bien qu’elle ait été élaborée avec d’autres sens et perceptions que les voyants. Autrement dit, et c’est un acquis entre nous, avec ou sans handicap, nous concevons qu’il y a une singularité des perceptions et des consciences de chacun. La question qui se pose à ce stade est : quelle est la valeur de correspondance (la pertinence, l’effectivité) de nos échanges avec autrui lorsque nos perceptions sont différentes ? Pouvons-nous rendre compte de notre monde à autrui ? Il y a là cinq ou six niveaux de réponse :
        1er niveau : oui, on rend compte de notre monde à autrui par le langage (imagé, écrit, parlé, filmé, mimé, etc), mais pas par la transposition de nos perceptions en l’autre. Chacun a ses propres perceptions.
        2ème niveau : on peut néanmoins se représenter le monde d’autrui, mais ne pas avoir sa subjectivité (ses interprétations), ni les mêmes émotions, bien qu’elles puissent être apparentées. Par exemple, tristesse et joie sont reconnues par empathie ou par des mimiques faciales, mais chacun a l’histoire singulière qui va avec ses émotions. Il en a une empreinte particulière avec le tremblé spécifique qui accompagne ses pensées.
        3ème niveau : en expliquant ses concepts, en explicitant sa pensée, nous pouvons rendre compte, par la raison, du monde que nous partageons à autrui. Mais ici, un facteur de capacité et de volonté sont peut-être en jeu, ce sont les niveaux 4, 5 et 6 suivants.
        4ème niveau : la volonté, on doit vouloir « comprendre » l’autre, lui donner de son attention, de sa présence. C’est une capacité, c’est faire le choix de mobiliser son « attention ». Mais, on doit également en avoir les moyens, c’est-à-dire, les compétences et la possibilité, ce qui forment les niveaux 5 et 6.
        5ème niveau la possibilité de connaître par l’expérience doit être effective. Peut-on se représenter la neige ou le goût d’un fruit s’il nous ne les avons jamais vus, touchés, goûtés ? Puis-je connaître la tristesse de la perte d’un être cher si je ne suis jamais passé par cette expérience ? Puis-je connaitre le « vide » si j’en ignore l’épreuve ? Non, n’est-ce pas ?
        6ème niveau: le développement de certaines compétences. Puis-je connaître l’irrationalité de la diagonale du carré si la géométrie d’Euclide ne me l’enseigne pas ? Et dans la même ligne, puis-je avoir la preuve des limites du calcul de la gravitation de Newton, si Pointcaré ne l’avait pas démontrée ? Répondons à cette dernière question : la limite serait restée dans un flou (un indéterminé) entre Newton et Einstein si Pointcaré ne l’avait pas précisément démontré, ce qui donna naissance à la théorie du Chaos (référence en bas du compte rendu).
        Question subsidiaire : comment ont fait, Euclide, Galilée, Newton, Pointcaré ou Einstein pour trouver ce que personne n’avait formulé jusqu’à eux ? (Réponse à la fin du compte rendu).

        En somme, on peut se représenter le monde de l’autre grâce à:
        – un rapport à la communication (trouver les bons registres d’expression : mot, image, etc.).
        – de bonnes capacités de représentations des affects de l’autre, par des effets de résonance avec les nôtres, et dans la limite de ce que chacun connaît de ses affects.
        – de bonnes capacités cognitives et d’analyses, lesquelles sont liées autant à une volonté (donner son attention) qu’à la disponibilité des expériences possibles (avoir expérimenté le vide ou le goût d’un fruit).

        Précisons : nous partons du principe, qu’avec du temps, de la patience, la pédagogie adaptée et une bonne volonté, que chacun est compétent pour comprendre mathématiquement l’équation d’Einstein. Mais il ne le serait probablement pas pour découvrir et formuler les découvertes en question. C’est là où il faut sortir des sentiers battus, ne pas rester prisonnier de son inertie ou de celle du monde environnant.
        En revanche, toute l’imagination du monde ne peut suffire pour deviner le goût d’un fruit inconnu. De même que l’expérience d’une émotion. Toute émotion est nécessairement liée à une situation vécue, il faut qu’elle soit éprouvée (expériencée dirait Dewey) pour s’imprimer dans le cerveau (laisser une trace qui est différente d’un imaginaire, d’un fantasme et probablement, d’un vécu virtuel induit par le programme d’un simulateur).

        Cerveau en croissance des enfants, cerveau des adultes.
        Par rapport à notre sujet, des rapports entre la pensée et le corps, nous devons marquer une étape et distinguer la formation initiale de notre conscience lorsque nous sommes enfants de lorsque nous sommes adultes.
        La pédagogie de Maria Montessori, et les pédagogies nouvelles en général, montrent bien que l’intelligence se forme à partir du corps qui s’approprie empiriquement les objets pour se les représenter. L’expérience du toucher donne à la conscience la possibilité d’imager (d’incorporer) des abstractions, de symboliser le monde environnant. Exemple : je peux apprendre les tables de multiplication en mettant en scène des objets pédagogiques (boulier, cube, etc.), en faisant intervenir le jeu, la coopération avec autrui, en faisant appel à la joie d’apprendre plutôt qu’à la pulsion mimétique de la rivalité. Cette manière d’investir l’apprentissage en sollicitant tous les sens et en mettant en valeur les interactions, stimule un principe de reconnaissance de soi et d’estime partagée. Autrement dit, c’est de la vitalité ressentie, vécue et partagée en situation. Dans ces conditions, l’apprentissage sera mieux intériorisé et maîtrisé que si je m’astreins, dans un environnement social discriminant, à réciter par cœur des tables de multiplication. Ici, se construit précisément un rapport vitalisant entre la pensée, le corps et autrui. Il faut relire Piaget, Vygotsky, Montessori et/ou Dewey pour voir ce continuum entre le monde extérieur et intérieur qui varient selon l’environnement, les perceptions, les affects et la qualité des relations. Question qui se pose : du fait des conditions de nos apprentissages et, par ailleurs, d’un système scolaire arbitrairement élitiste, finissons-nous par ne plus vivre dans le même monde, par ne plus avoir le même rapport entre notre corps et notre pensée, entre soi et l’autre ? C’est un constat que nous pouvons faire. (Voir Hartmut Rosa à la fin du compte rendu).

        Une autre situation. le transhumanisme
        Le transhumanisme nourrit l’idée d’une conscience augmentée grâce à des implants, à des mémoires externalisées. On devine ici comment la conscience de soi, de l’autre et de la société dans laquelle on vit peut s’en trouver modifiée. Dans ce cas-là, une manière d’être du corps, de le sentir et de percevoir modifie la conscience de soi. Certes, mais jusqu’à quel point ? Nous avons pris cet exemple : la théorie de la physique de Stephen Hawking a-t-elle un rapport avec son handicap ? Nous ne le pensons pas, du moins, pas en totalité. Nous n’aborderons pas sa vie maritale et affective qui semble avoir connu quelques complications, nécessairement liées à son handicap et à sa notoriété. Par rapport à sa recherche ses travaux ne passent pas par le corps mais par un corpus théorique, corpus qui fût acquis lorsqu’il n’était pas handicapé.
        De fait, son corps déficient, de même que son corpus de physique théorique sont suppléés par des machines (synthèse vocale, accélérateurs de particules). Ainsi, le rapport entre le corps du physicien et son monde professionnel passe par des perceptions qui ne sont pas les nôtres, et dont il fait un usage spécifique pour construire ses théories. Dans ce cadre de recherche théorique, ce n’est pas le corps qui importe, mais la qualité des informations qui sont apportées à son cerveau. Pour faire le lien avec la vitalité, c’est la rencontre entre la pertinence des informations corrélées à ses théories, lesquelles sont en correspondance avec des expériences de la physique qui peut donner de l’énergie (de la vitalité) et stimuler la curiosité du chercheur. Autrement dit, c’est un principe de reconnaissance entre la pensée et la réalité qui, par un effet miroir, renvoie la conscience à la conscience d’elle-même et de sa pertinence. Une connexion s’établit avec ce que la conscience conçoit du monde, l’effort de sa recherche et la pertinence de son résultat.
        On peut, avec Spinoza, penser que plus la raison est adéquate entre ce qu’elle voit, pense et comprend, plus sa joie augmente, et ainsi la vitalité. A l’inverse, moins notre raison est en adéquation avec notre environnement (avec les relations, avec le monde), moins nous avons de vitalité. En langage spinozien, on reste passif et déterminé par les causes que nous ignorons, et on devient « actif », libre et d’une joie grandissante lorsque notre raison se trouve en adéquation avec une intelligibilité du monde.

        Reprenons pour conclure.
        Notre conscience se construit clairement avec les informations qu’elle reçoit (le perçu), mais aussi, selon les conditions de nos perceptions-réception (machine, environnement humain, qualité relationnelle, rapport à ses affects, etc. ) C’est soi-même (corps, cerveau, perception).
        Par ailleurs, nous avons des capacités d’analyse, d’expression, de communication que nous développons plus ou moins bien. Ces compétences affectives, intellectuelles, attentionnelles se déploient dans nos interactions selon une volonté que l’on mobilise ou pas, et selon une raison adéquate que nous trouvons ou pas, que nous exerçons ou pas.
        Nous observons également que notre attention est intimement liée à notre conscience en ce sens qu’elle se donne à des objets (à des savoirs, à une présence à l’autre) ou qu’elle peut devenir captive du monde alentour (subir le monde et rester passive).
        La vitalité semble devenir agissante (et consciente) dans ce rapport entre notre attention et les rapports pertinents que nous établissons avec le monde (intérieur et extérieur). Ainsi, la vitalité du rapport corps-pensée est à la fois dans l’abstraction (le savoir), l’expérience et la pertinence du lien que la conscience effectue entre le monde qu’elle conçoit et le monde tel qu’il est. La conscience et le monde tel qu’il est se nourrissent et se renforcent mutuellement et ils vont vers la joie quand les raisons se trouvent en adéquation. Ils s’amenuisent, s’attristent et se dévitalisent quand les raisons qui les structurent se décorrèlent et perdent leur pertinence.

        Quelques ressources

        – Quelles sont les limites de la connaissance ? Etienne Klein invite Giuseppe Longo, épistémologue qui rend compte des limites des savoirs (Euclide, Newton, Pointcaré etc.) De fait, il y a un danger à généraliser nos propos à partir des savoirs que nous avons, et il convient d’explorer ce que nous ne savons pas encore. Voir ici.
        Ou un extrait de son livre ici :Le cauchemar de Prométhée. Les sciences et leurs limites de Giuseppe Longo
        Le cours de Pointcaré. Pdf de l’université de Lorraine. 146 pages.
        – Spinoza. Nos notes de cours et nos références dans ce forum.
        Hartmut Rosa. Pédagogie de la résonance. Etre et savoir. France Culture. 2022.


        L’espace que l’on se donne entre le stimili (les automatismes, les réponses toutes faites, la doxa)
        et la réponse que l’on formulera, est relatif à une capacité d’explorer.
        D’après notre compte rendu, la vitalité que l’on en éprouvera par la réponse donnée
        sera fonction du degré de pertinence de sens qui s’établira

        Spinoza ne devrait pas être en désaccord avec cette proposition

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        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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