Cafephilos Forums Les cafés philo Des cafés philo sur Grenoble Prochain sujet : un peuple peut-il se gouverner lui-même ? Mardi 30 septembre 2025 à 18h30 au café Chimère, 12 rue Voltaire. Grenoble

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
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  • #7891
    René
    Maître des clés

      Nous nous réjouissons de notre amitié avec l’UTEM (Université de Terrain Edgar Morin). Merci également au café citoyen la Chimère, 12 rue Voltaire, Grenoble d’accueillir notre pratique des cafés philo  (Lien vers le café la Chimère citoyenne, ici)

      Durée des débats (1h30 environ > jusqu’à > 20h30 maximum)
      Discussion informelle pour celles/ceux qui souhaitent poursuivre
      Entrée libre

       

      De l’esprit de la démocratie, qui mieux que Rousseau en pose les bases ?
      Et aujourd’bui, comment repenser le Contrat Social ?

      Les dépositaires de la puissance exécutive ne sont point les maîtres du peuple, mais ses officiers.
      > il (le peuple) peut les établir et les destituer quand il lui plaît
      > qu’il n’est point question pour eux (les officiers ou les députés) de contracter, mais d’obéir (…)
      > ils ne font que remplir leur devoir de Citoyens.

      Du point de vue de Rousseau, c’est au gouvernement et à ses ministres (étymologie, minus = servir) de servir le peuple, de l’élever, non de l’asservir, de le rabaisser, de le trahir.

      Dans les faits, Rousseau observe que ceux qui font les lois, ne les font qu’à leur avantage. Ce n’est ni l’intérêt général qu’ils visent, ni le bien commun (ce qui soude une communauté) qu’ils entendent préserver.

      Supposons que nous élisions des spécialistes en droit pour rédiger les lois, ces derniers ne devraient le faire en raison du fait qu’elles résultent de la délibération du peuple, et qu’il ait le dernier mot, notamment par la pondération d’un vote bien établi.

      Oui, l’inertie des systèmes, les coalitions se font naturellement entre les plus « forts », qui ne sont pas nécessairement les plus justes, les plus éthiques. Précisément parce que le rapport de force n’est en rien celui d’une justice.

      Si l’être humain est foncièrement « libre », en quoi et pourquoi les communautés, les gouvernements qu’il forme ne le serait pas ?

      D’autres ressources dont je me suis inspiré pour ce sujet :
      Éduquer les filles – Martin Rueff, conférence au Bénin 2019. Durée 29mn. Cliquer ici.
      L’intérêt de ce cours donné à des élèves du Bénin réside dans une synthèse de la pensée de Rousseau. Si le rayonnement de la démocratie française est mondiale, et le Japon s’en inspire directement dans sa Constitution, ce n’est pas grâce à nos députés, mais grâce à Rousseau, lui-même, à son Contrat social. Les propositions de Rousseau sont révolutionnaires, il renverse le rapport d’autorité par quoi tend à se gouverner un peuple. Il prône une émancipation du citoyen, c’est-à-dire, une liberté, par le pouvoir, la dignité et la délibération qu’un peuple peut se donner à lui-même.

      D’autres ressources transmises par des amis. 

      Privilèges. Ce qu’il nous reste à abolir. Alice de Rochechouart (Edition JCLattes).
      >> Une chronique d’Alice de Rochechouart. L’une de ses chroniques ici. 
      >> Son podcast, le phil d’actu. 
      – Frédéric Lordon (marxiste-spinozien) s’y met. Merci à lui.
      Barbara Steigler marque son engagement également. 

      Ci-dessous, quatre conférences, sous l’égide du Monde Diplomatique, de Sophie Wahnich sur la Révolution.


      Lien vers la première conférence, ici, durée; 22.35mn

      – Lien vers la seconde conférence, ici, durée 30.02mn
      – Lien vers la 3ème est ici. Durée 22.51mn
      Lien vers la 4ème, ici. Durée : 5.56mn

      Ces conférences, organisées par le Monde Diplomatique en 2013, sont tout à fait d’actualité en ce que les trames de fond d’une révolution et de la question démocratique sont comme « permanentes » et peut-être universelles. A vous de voir, et de venir également avec vos propres références. Non pas nécessairement pour les opposer de manière stérile, mais pour comprendre ce que chaque point de vue éclaire d’un aspect d’un problème de fond, par ses références.

      Quelques règles concernant nos échanges
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.
      – Pas d’attaque ad hominem /ad persona.
      – On essaie de rendre compte des raisons de sa pensée et de faire évoluer le débat.
      – Chacun est le bienvenu, quelles que soient sa confession, sa classe sociale, sa formation et ses références philosophiques.

      L’approche du café philo de Grenoble
      C’est une approche plutôt non-directive, centrée sur les questions des participants. Nous nous efforçons de faire évoluer le débat au fur et à mesure de nos échanges.
      Nous partons du principe que chaque participant est adulte, autonome, responsable de sa pensée et de ses comportements. On note également que le participant est curieux d’examiner aussi bien les arguments de sa pensée que de ceux d’autrui.
      Nous nous appuyons en fait sur l’idée qu’une écoute compréhensive et qu’un partage structurant et structuré de nos réflexions ne peut être que profitable à tous, à une socialisation réflexive en partage et à une philosophie en travail.

      Ce que le café philo n’est pas :
      Le café philo n’est pas un lieu de propagande politique ou religieuse, ni il n’est celui d’une mise en spectacle de soi. On n’y vient pas faire la leçon aux autres ou répéter ce que l’on sait déjà, chacun étant déjà par lui-même l’auteur de sa propre pensée. L’effort que nous faisons porte sur une réflexivité mise en partage, sur l’écoute de l’autre et du débat qui se construit : on y assume les hésitations d’une pensée qui se cherche.

      L’affiche du mois de septembre 2025

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #7926
      René
      Maître des clés

        Compte rendu : Un peuple peut-il se gouverner librement ?

        Nous étions plus d’une trentaine de personnes pour débattre de ce sujet.

        Voici un compte rendu qui reprend quelques grandes questions retenues, nécessairement, subjectivement. Soyez les bienvenus pour réagir à ce forum ou pour formuler également votre analyse ou votre synthèse.

        A la question, un peuple peut-il se gouverner librement, la ligne argumentative de ceux qui répondent plutôt « non » se dessinent ainsi :

        Répondent plutôt oui, ceux qui estiment que :
        — Un peuple peut et doit se gouverner.
        > Car c’est un devoir que de savoir se gouverner ;
        > sinon, c’est renoncer à sa liberté,
        > et c’est également à renoncer à ses responsabilités.

        – Par ailleurs, chaque personne est un représentant de l’humanité.
        >> Et nul ne doit être « discriminé » : le peuple, c’est chaque être humain sur un territoire donné (principe d’égalité universel de tous les êtres humains)
        – Enfin, se laisser gouverner, c’est se laisser corrompre par le discours des médias, l’idéologie consumériste de la société,
        – c’est se laisser abuser par des incompétents, des ambitieux, l’élitisme d’un système méritocratique corrompu.
        –  Cela revient à se conformer, à conformer les enfants, c’est aller à notre perte en l’état actuel de notre société.

        –  Enfin, selon Rousseau, la Boétie, Spinoza, Locke, Montesquieu* : ceux qui ambitionnent de représenter les autres, ceux qui nous gouvernent et ceux qui acquièrent des expertises, tous tendent à faire commerce de leur savoir-pouvoir, et finissent par en abuser au détriment de ceux qu’ils sont censés représenter.
        * Note perso, tous ces philosophes défendent l’idée d’une liberté, en particulier Rousseau et Spinoza, tandis que tous défendent également que le pouvoir doit être maintenu sous-contrôle et pondéré par des contre-pouvoirs.

        Une solution : la responsabilité d’un porte-parole (et non d’un représentant professionnel du politique), si elle est octroyée par des mandats, ces derniers sont nécessairement révocables, de sorte que tout mandaté soit en mesure de rendre des comptes de sa gestion et de la justifier devant le peuple.
        Autrement dit, toute personne qui prend décision pour un collectif doit montrer en quoi et comment elle a déterminé ses choix. Par exemple, elle doit montrer de quelle manière l’intérêt général de la population a été considéré, quelles étaient les options possibles, les conséquences des différentes alternatives, comment ses dernières prenaient en compte la volonté générale, comment la diversité des publics a été consultée, de quelle manière la balance bénéfice-risque a été pensée, etc.

        Conclusion du moment :
        C’est un peu comme si le fait de prendre au sérieux l’idée de démocratie, invitait au devoir de mieux la penser, d’en voir les possibilités et les potentialités et, pour cela, de se donner les moyens de la pratiquer, de l’expérimenter, de l’enseigner. Il s’agit d’en faire évoluer les modalités présentes que les pouvoirs du moment confisquent à la population, tout en se targuant de toutes les prérogatives.

        De la liberté individuelle à la liberté collective
        Il m’a semblé, durant notre échange, que nous n’avions pas suffisamment clarifié la question de la liberté « individuelle », celle que l’on porte en soi d’une part et, d’autre part, la liberté « publique » / collective ou encore, la liberté en démocratie, c’est-à-dire celle qu’un peuple (ou qu’un groupe social)  peut se donner à lui-même.
        La liberté pour soi et la liberté de se gouverner ne relève pas du tout du même niveau, du même problème, de la même échelle, d’un même rapport à autrui. Il s’avère que la liberté pour soi (de soi à soi-même) tend à s’apparenter à un quant-à-soi, autrement dit, à un refuge en soi, voire à un individualisme intra-verti.



        Il est clair que la liberté de chacun est conditionnée par l’environnement (la psychologie, la sociologie, la politique) dans laquelle il vit et grandit. Et il est normal de s’exprimer à partir des influences de son passé, mais peut-on le dépasser, précisément, pour comprendre / entendre l’autre ?
        Qu’est-ce qui nous empêche d’entendre l’autre, le tout autre, puis de nous représenter le bien commun et ainsi l’intérêt général d’une population ? 

        Hannah Arendt (Conditions de l’homme moderne) a été évoquée. Elle est une référence pour se dégager des totalitarismes actuels ou en puissance. Peut-être devrions-nous y penser pour un prochain sujet ?

        Très rapidement, une proposition : à chaque ministère, il peut y avoir un comité de citoyens représentatifs de la population française (à l’image de la Convention Citoyenne pour le Climat), lesquels rendent compte aux populations des propositions de loi. Ainsi, un grand pays peut être gouverné selon un intérêt général, car ce dernier a été pensé en commun et en connaissance de cause des réalités de chacun.

        Fin du compte rendu, je vous laisse avec quelques références. Merci à tous pour cette expérience d’une philo qui s’essaye en pratique en une forme de démocratie ouverte, en chantier.

        Des références, si vous le souhaitez.
        Hannah Arendt. Une série de podcast de France Culture. Cliquer ici.
        Hannah Arendt (encore), le cours de Major Prepa. 

        Un bref podcast sur Rousseau (5mn), ici (France Culture) 

        Vous pouvez consulter les références en introduction, cliquer ici. 

        ————————————-
        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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