Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Quelle place pour la compassion dans la société ? Sujet proposé le lundi 06.02.2017
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1 février 2017 à 20h24 #5446Quelle place pour la compassion dans la société ?
Définition :
La compassion (du latin : cum patior, « je souffre avec ») est le sentiment qui incline à partager les maux et les souffrances d’autrui et, donc, à s’en charger d’une partie.
Selon Jacques Ricot (philosophe) :
La compassion est cette sensibilité désarmante devant l’irruption en moi de la douleur d’autrui. Cette douleur n’est pas ressentie comme telle dans une impossible coïncidence, elle est un sentiment de tristesse par laquelle je reconnais ma propre vulnérabilité dans celle d’autrui, à travers sa souffrance : elle est ce sans quoi aucune vie morale ne serait possible.
Et pourtant, si la compassion ne se laisse pas éclairer par des considérations raisonnées et visant à l’universel, elle ne peut fournir une assise pour les décisions toujours singulières auxquelles la vie nous confronte.Questions
Tout être humain a droit à la compassion et à la solidarité, faut-il l’inscrire dans le marbre d’un texte de loi ?
– Faut-il se forcer à être bon ?Sur le plan individuel, que dit la compassion de soi (comme personne) ?
– Peut-on prendre en charge la souffrance d’autrui ?Mots associés :
– pitié, commisération, miséricorde,
– Altruisme, humanisme, sympathie, solidaritéCitations
– Vieillir, c’est passer de la passion à la compassion. Camus
– La vraie compassion ce n’est pas jeter une pièce à un mendiant ; c’est comprendre la nécessité de restructurer l’édifice même qui produit des mendiants. Martin Luther King
-La pitié s’éprouve de haut en bas. La compassion au contraire, est un sentiment horizontal : elle n’a de sens qu’entre égaux, ou plutôt, et mieux, elle réalise cette égalité entre celui qui souffre et celui à côté de lui est dès lors sur le même plan, qui partage sa souffrance. » (André Comte-Sponville)
– La compassion est le fondement de la morale. Arthur Schopenhauer
– Le fourreau doré de la compassion cache parfois le poignard de l’envie. Friedrich Nietzsche
– S’il est vrai que la pitié ou la compassion soit un retour vers nous-mêmes qui nous met en la place des malheureux, pourquoi tirent-ils de nous si peu de soulagement dans leurs misères ? Jean de La Bruyère
– Qui aurait besoin de pitié, sinon ceux qui n’ont compassion de personne ! Camus
– La compassion n’engage à rien, d’où sa fréquence. Nul n’est jamais mort ici-bas de la souffrance d’autrui. Emil Michel Cioran
– On est meilleur quand on se sent pleurer. On se trouve si bon après la compassion ! -Beaumarchais
– Ce n’est pas de sympathie ou de pitié qu’ont besoin les pauvres, mais d’amour, et de compassion. Mère Teresa
– La pitié peut être indifférente ou même accompagner la haine. La compassion réclame une sorte d’amour. René Barjavel
– Si la souffrance est massive, elle devient abstraite. L’humain en général, l’humain exterminé en masse échappe à notre compassion. Pierre Péju
– J’ai juré de ne pas rester silencieux devant la souffrance et l’humiliation des êtres humains. Nous devons toujours prendre parti. La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage celui qui cause tourment, jamais le tourmenté. Elie Wiesel (écrivain, survivant de l’Holocauste, prix Nobel de la paix)
– Avoir souffert rend tellement plus perméables à la souffrance des autres. Abbé Pierre
– « Personne ne pense qu’un homme soit innocent si, ayant de la nourriture en abondance et trouvant sur le pas de sa porte quelqu’un aux trois quarts morts de faim, il passe sans rien lui donner. Simone Weil, philosophe.Ressources à lire :
– La définition selon Toupie ici.
Pour approfondir
L’article et extraits de texte de philonet
– Une recension de l’ouvrage de Jacques Rigot : Du bon usage de la compassion.
– Compassion et politiques, selon Hannah Arendt. Implications philosophiques
Pour nourrir son regard critique
– L’empire de la compassion. Paul Audi. Revue de presse dans Philomag
– Les paradoxes de la compassion. Myriam Revault d’Allonnes, philosophe. La Croix.
– Faut-il aimer autrui ? Dissertation dans Philophil
– Le pape dénonce une fausse compassion devant l’avortement et l’euthanasie. La Croix.
Ressources à écouter :
– Prendre au mot la compassion. Chronique d’Antoine Perraud. France Culture.
– L’empire de la compassion. Invités : Paul Audi et Myriam Revault d’Allonnes. Répliques. France Culture.
– La politique et les victimes : l’ère de la compassion. L’atelier des pouvoirs. France Culture.
– Compassion, pleine conscience ? Des pratiques venues d’Orient… Tout un monde. France Culture.5 février 2017 à 19h37 #5447Bonjour à tous, je ne suis pas un philosophe professionnel mais on le devient sans doute avec l’âge.
Je me permets d’ajouter ces quelques questions et remarques existentielles, car tout est inclus dans l’existence et ce qui la précède:
À qui s’adresse la compassion? S’adresse-t-elle à la personne dès la naissance, avant la naissance, avant la conception?
Concevoir une personne pendant la guerre, au milieu des combats, est-il une marque de compassion?
Savoir que sa femme peut mourir de concevoir un enfant est-il de la compassion? Plus de 800 femmes meurent tous les jours lors de l’accouchement, et une sur sept est gratifiée d’une pathologie…
Savoir que l’enfant, la personne qui va naitre, peut voir le monde handicapé, avoir un gène défectueux, avoir une vie misérable est-il une marque de compassion?
Jouer à la loterie sur la tête de son futur enfant est-il une marque de compassion?
Car avant d’être misérable, malade, handicapé, subir la violence de la vie, le chômage, le racisme, l’ostracisme, et bien plus encore, il a bien fallu être conçu sans vergogne par des gens qui savaient pertinemment que tout ça était possible, n’est-ce pas?
Et pour les croyants, envisager que son futur enfant puisse aller en enfer est-il une marque de compassion?
Toujours pour les croyants: si vous avez un libre arbitre, vous êtes responsable du handicap de naissance de votre enfant. Celui-ci n’est pas puni préventivement par votre Dieu, mais par vous. Pourquoi cette punition?Question annexe: Pourquoi mettre un enfant au monde ne cause-t-il en général aucun problème? C’est-à-dire pourquoi les parents n’ont-ils pas à expliquer à leurs enfants pourquoi ils les ont invités à festoyer sur la planète en leur folle compagnie?
Ma réponse à cette dernière question: pour la simple raison que les enfants naissent vierges de significations culturelles et peuvent dont être imprégné de tout à fait n’importe quoi, et cela parfaitement docilement puisque le cerveau est rempli graduellement et s’accoutume à toutes les violences du monde et même toutes les violences sur soi. C’est ce qu’on appelle la normalité, à toutes les époques et dans tous les lieux.Remarques perso:
Aujourd’hui (comme demain), sur Terre, plus de 800 femmes sont condamnées sans jugement à mourir pour avoir fabriqué une existence, leur seul crime est d’être simplement incompétente à la procréation.
Aujourd’hui (comme demain), sur Terre, des milliers de bébés sont condamnés sans jugement à naitre handicapés par des États complices, ce qui est plus horrifiant qu’une charia islamique, puisque ces bébés n’ont commis d’autre crime qu’exister à la demande d’autrui et des sociétés qui les condamnent toute leur vie à ce fardeau.
Toute personne qui admet le système social actuel est complice du crime de la fabrication de ces existences…La compassion n’est pas un mécanisme inné, c’est un mécanisme acquis, et qu’il vaudrait mieux enseigner de façon qu’il soit imprégné, et pas seulement enseigné comme on apprend une table de multiplication (de même que bien d’autres comportements humains).
Ma conclusion: la compassion, ou bien l’empathie, la morale, l’éthique, le respect des droits actuels, accompagné bien entendu de l’honnêteté entraine la disparition de l’humanité.
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